La sylviculture dans les forêts publiques d’île-de-France

Les forêts franciliennes, véritables poumons verts de la région, accueillent toujours plus de visiteurs chaque année. Depuis 2017, elles sont gérées grâce à une sylviculture dite "irrégulière". Mais quelles différences avec la sylviculture habituelle ?

Depuis le 13e siècle les massifs forestiers publics ont été façonnés par l’Homme, assurant ainsi leur régénération et leur caractère durable. Au-delà de leur accueil pour le loisir, ils permettent de préserver la biodiversité et de produire le bois dont la société a besoin. Dans la continuité des Eaux et Forêts, les missions de l’Office Nationale des Forêts (ONF) concourent à l’atteinte de trois objectifs : la production de bois éco-matériau indispensable, la protection de l’environnement et l’accueil du public.

Depuis 2017, pour répondre à la demande sociétale, l’ONF a fait le choix de changer de mode de sylviculture. Les forêts d’Ile-de-France sont désormais gérées en futaie irrégulière. Les arbres d’âge, d’essence et de taille variés cohabitent ainsi sur une même parcelle.

Une fois sélectionné, l'arbre qui sera prélevé est marqué au marteau forestier et par une marque de peinture. - ©YN / ONF

La gestion en futaie irrégulière, c'est quoi ?

Dans les forêts d'Ile-de-France, les choix sylvicoles se font en effet arbre par arbre. Ce travail, poussé au plus fin, vise à maintenir des bois de bonne qualité et présentant un intérêt environnemental ou paysager. Les éclaircies régulières et le renouvellement se font simultanément sans avoir recours aux coupes définitives/rases (Attention, les coupes rases restent nécessaires pour des cas très particuliers : crise sanitaires, maladies, mise en sécurité...). L’aspect boisé de la forêt se trouve maintenu en permanence avec un couvert continu.

Lors de cette opération, réalisée en moyenne tous les 8 à 10 ans, les arbres sont coupés progressivement en dosant le prélèvement en quantité et en qualité. Grâce à ce traitement, le couvert forestier est maintenu et permet la vision permanente de l’état boisé. Des arbres sains, malades ou dangereux sont ainsi prélevés. Cette opération permet d’apporter la lumière nécessaire aux peuplements et à l’implantation naturelle de semis assurant ainsi la régénération naturelle de la forêt tout en sécurisant l’espace forestier. La lumière apportée par la coupe va permettre aux jeunes semis du peuplement de se développer naturellement sans avoir recours à une plantation artificielle : après les coupes en futaie irrégulière, il n’y a pas de plantation.

Illustration d'une parcelle gérée en futaie irrégulière. - ©Agence ONF Ile-de-France Ouest

En sylviculture régulière, contrairement à celle dite irrégulière, les peuplements ont le même âge sur une même parcelle. Lorsque le cycle sylvicole arrive à son terme, les forestiers programment des coupes de régénération, laissant ainsi l’espace ouvert favorable à la germination et la croissance des semis ou des plantations artificielles.

L’ouverture de milieux pour la régénération de la forêt est également favorable à certaines espèces faunistiques et floristiques qui se développent en pleine lumière (fleurs, papillons, libellules, passereaux…).

Illustration d'une parcelle gérée en futaie régulière à travaux les années. - ©Agence ONF Ile-de-France Ouest

Le saviez-vous ?

Les branches et rémanents d’exploitation faisant moins de 7cm de diamètre sont laissés sur place dans les parcelles. Leurs décompositions permettent de nourrir le sol de la forêt et les espèces inféodées au bois mort, indispensable à l’écosystème forestier.

Coupes : comment sont sélectionnés les arbres ?

Chaque forêt domaniale est dotée d’un document de gestion d’une durée de 15 à 20 ans, appelé aménagement forestier. Élaboré par l’ONF, approuvé par le Ministère de l’Agriculture, ce document représente le guide des forestiers au quotidien. Toutes les coupes y sont répertoriées et planifiées.

Chaque année, les arbres sélectionnés pour être prélevés sont identifiés au cours d’une opération appelée "martelage". C’est une opération qui se déroule entre octobre et mai (pour ne pas être gêné par le feuillage). Les techniciens forestiers parcourent les parcelles en regardant chaque arbre pour repérer et désigner par une marques particulière sur les arbres à prélever en répondant à trois objectifs : 

  • éclaircir et assurer le renouvellement de la forêt ;
  • approvisionner la filière bois ;
  • stocker du carbone.

En moyenne, une parcelle fait l’objet d’une coupe de bois suite à un martelage tous les 8 à 10 ans. Les arbres marqués seront ainsi prélevés en fonction de leur maturité au profit d’autres sujets plus jeunes et/ou en meilleure santé. C’est l’avenir de la forêt et la sylviculture qui guide toujours la main du forestier. À la suite de l’opération de martelage, les coupes de bois sont programmées.

Où va le bois prélevé en Île-de-France ?

Grumes en bords de chemins. - ©YN/ONF

Les bois prélevés sont valorisés et vendus pour alimenter la filière bois qui représente aujourd’hui plus de 400 000 emplois en France. Ce matériau, qui fait pleinement partie de nos environnements quotidiens, a de nombreuses qualités techniques et nous offre de grandes possibilités : matériaux de construction, d’ameublement, énergie renouvelable… Quand la ressource bois est gérée durablement, elle est inépuisable. Les volumes de bois sont en très large majorité vendus et transformés localement : région parisienne et régions voisines (Normandie, Val de Loire, Picardie…).

Une gestion différente est assurée selon la qualité : 

  • Les bois de qualité rentrent dans une valorisation en bois d'œuvre pour l'industrie du sciage français (construction, tonnellerie...) ; celui-ci est donc vendu sous forme de grume.
  • Les produits de qualité moindre, quant à eux, sont valorisés en bois dit d’industrie, de trituration, par exemple pour la fabrication de panneaux de particules dans une usine située en Normandie (fournissant les grandes enseignes d’ameublement populaire). Ces bois sont formés de billons d’environ 2m de long.
  • La basse qualité (petits bois et branches) est utilisée en bois de chauffage (bois énergie) : bois bûche pour les cheminées, inserts ou autres chaudières individuelles, plaquettes forestières à destination des chaudières industrielles franciliennes (telles que celles de la ville de Cergy ou Saint Germain en Laye ou de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle). Du fait de sa faible valeur, le bois énergie est toujours utilisé en circuit très court.