Tirs et mesures : Mormal sous l’œil des scientifiques

La forêt domaniale de Mormal accueille depuis plus de 30 ans l’un des sites de suivi des écosystèmes forestiers du réseau RENECOFOR, il s’agit de la placette CHP 59. Outre l’étude des polluants atmosphériques, ce site permet le suivi de la nutrition foliaire des arbres, de leur croissance, de l’évolution de leur état sanitaire dans un contexte de changement climatique. Le suivi de la biodiversité est aussi un des objectifs de ce réseau avec la réalisation d’inventaires floristiques et la mise en place récente des capteurs sonores qui enregistrent les bruits des espèces, notamment les oiseaux et les chauves-souris. Cette année, des dendromètres automatiques destinée à suivre la croissance des arbres ont été installés en plus des autres systèmes de mesures.

Les analyses foliaires, comparables en quelque sorte à des analyses sanguines régulières chez l’homme, représentent un outil intéressant pour évaluer l'état nutritionnel des arbres. Dans le cadre des dysfonctionnements liés à la pollution atmosphérique ou à l'attaque de ravageurs foliaires, la connaissance des teneurs foliaires en macro-éléments (azote, phosphore, potassium, calcium, soufre, magnésium et chlore) et en micro-éléments (manganèse, fer, cuivre, zinc, sodium et aluminium) est de première importance.

Dans le cadre du plan de relance France 2030, un ambitieux programme de recherche interdisciplinaire, le PEPR FORESTT, a été lancé pour 7 ans et mobilise l’ensemble de la communauté scientifique française autour de la résilience des forêts. Ainsi, un système agile de monitoring écologique des forêts a vu le jour, MONITOR. Ce système veut établir un réseau de capteurs acoustiques de la biodiversité forestière à l'échelle nationale, en mettant l'accent sur les oiseaux et les chauves-souris. Installé en forêt de Mormal, ce dispositif transmet les données régulièrement pour une meilleure connaissance de la faune sauvage.

Ces dernières décennies ont été marquées par l’augmentation de l'intensité et de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes (GIEC, 2021 : chaleur, sécheresse, vagues de froid ou épisodes de fortes pluies). Ces aléas climatiques peuvent avoir des conséquences immédiates, ou bien dans les années suivantes, sur la vitalité des arbres forestiers. Il a donc été jugé important d’investiguer la réponse physiologique des arbres puisque les sécheresses ou canicules induisent des stress hydriques importants, pouvant impacter leur croissance. Dans certains cas extrêmes, leur mortalité peut advenir.

Traditionnellement, l’étude de la croissance des arbres était réalisée grâce à des mesures annuelles de la circonférence. Grâce au nouvel outil mis en place, la croissance des arbres sera mesurée toutes les 15 mn afin de suivre plus finement la réaction des arbres.

Toutes ces mesures très précises sont complétées par les relevés hebdomadaires des forestiers de Mormal depuis 1992, qui collectent l’eau de pluie hors et sous forêt, afin d’évaluer la quantité des précipitations et leur composition chimique. Un engagement sans faille au service de la forêt !