La Cigogne noire, un oiseau emblématique de la biodiversité

Chaque été, 60 à 80 couples de Cigognes noires nichent dans les forêts françaises avant de retrouver les terres chaudes d’Afrique Sahélienne à l'automne. Cet oiseau forestier s'implante de plus en plus sur le territoire, sous l'observation et la mobilisation des équipes du réseau "cigogne noire" de l’ONF.

La Cigogne noire passe l'été dans les forêts du quart nord-est de la France et l'hiver sur le continent africain. Oiseau emblématique de la biodiversité, la Cigogne noire fait l'objet d'un plan de sauvegarde à l'échelle nationale. La raison à cela ? Ce plus grand oiseau forestier de France est inscrit sur la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La Cigogne noire est considérée "en danger" pour les couples nicheurs et "vulnérable" pour la population de passage. Conscient de sa responsabilité, l'Office national des forêts organise la surveillance et le suivi régulier de cet oiseau rare.

©Nicolas Tison / ONF

Une bonne nouvelle sur le plan environnemental

Au XVIIIe siècle, une surexploitation des forêts contraint la Cigogne noire à l'exil. Sa réapparition dans les années 70 dans les forêts françaises témoigne du retour d'une espèce exigeante sur le plan environnemental. "Une eau de qualité et un écosystème forestier en bonne santé sont deux conditions sine qua non à l'implantation de ce bel oiseau", explique Jean-Jacques Boutteaux, responsable du groupe espèce Cigogne noire à l'ONF. En effet, pour survivre, la Cigogne noire a besoin d'arbres suffisamment grands pour accueillir les nids et de chabot pour se nourrir, un poisson qui évolue dans les eaux non-polluées et qui constitue sa nourriture de base en France. "Les forêts françaises rassemblent ces conditions dans de nombreux cas et sont ainsi des milieux privilégiés à l'implantation de la Cigogne noire sur le territoire", poursuit le forestier.

Les forêts publiques gérées par l'ONF accueillent 70% des nids connus en France ! 23 départements accueillent au moins un nid de Cigogne noire. Ainsi, l'ONF a une grande responsabilité dans la protection et la sauvegarde de l'oiseau migrateur. Une responsabilité d'autant plus grande que la cigogne est une espèce dite "parapluie" (umbrella species, en anglais). Comprendre : son espace vital est assez grand pour que sa protection assure aussi celle des autres espèces appartenant ou non à la même communauté.

Plan de travail 122

50 nids répertoriés en 2018 au niveau national

Selon les chiffres publiés par le réseau Cigogne noire de l'ONF, le nombre de nids était de 50 en 2018 en forêt publique, contre 20 en 2010, et le nombre de jeunes oiseaux à l'envol était de 118. En 2018, la Marne est un nouveau département d’installation de la Cigogne noire.

Des cigognes placées sous haute surveillance

Cigogne noire baguée - ©ONF

Depuis la fin des années 90, l'ONF et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) sont associés pour la pose de bagues et des balises GPS sur les Cigognes noires. Cette opération est effectuée avec l'arrivée des beaux jours, dans le cadre d'un « Programme national de sauvegarde de la Cigogne noire » consacré à l'étude de la biologie et du comportement de l'espèce migratrice. De nombreux partenaires sont associés à l'opération : l'association naturaliste belge "Solon", le Centre régional de la propriété forestière (voir le site du CNPF), le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) et diverses associations.

Depuis quelques années, le Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux (CRBPO) a pris le relais sur la coordination nationale de l'opération. L'ONF travaille également avec le CNRS pour l'analyse des données des balises. Pour les équipes de l’ONF, le suivi scientifique permet d'identifier les zones de gagnage des cigognes noires (domaine vital), leurs sites de nidification et leurs itinéraires de migration. Des notes de sensibilisation ont été diffusées aux forestiers de l'ONF afin qu'ils soient en mesure d'identifier l'oiseau ou un site de nidification pour permettre de centraliser les observations et acquérir une meilleure connaissance au profit du plus grand nombre.

En hiver, lorsque la Cigogne noire se fait une place au soleil (Sénégal, Mauritanie, Mali...), les forestiers restent mobilisés. Les migrations sont suivies à la loupe, grâce aux balises électroniques implantées sur le dos des cigognes. En 2017, six de ces balises ont été posées sur des cigognes adultes en Haute-Marne, Meuse et Nièvre. "Les données collectées nous permettent d'étudier le comportement de ces oiseaux lors de leur voyage. Les itinéraires empruntés, la durée et vitesse des migrations ou encore les sites de reproduction nous sont désormais connus", poursuit Jean-Jacques Boutteaux. Les avancées technologiques permettent aux agents du réseau Cigogne noire de déterminer leur position toutes les 5 minutes !

Quatre modes d'action ont été retenus par le réseau national Cigogne noire de l'ONF :

  • Un volet scientifique qui a pour objet la connaissance des effectifs français ;
  • Un volet conservation dans le but d'améliorer la capacité d'accueil des sites par des modes de gestion raisonnés ;
  • Un volet pédagogique tourné vers les enfants d'âge scolaire ;
  • Un volet médiatique destiné à faire connaître la Cigogne noire à un large public.

Pour en savoir plus sur ce sujet