Un exemple de sylviculture irrégulière en forêt domaniale de Saint-Germain
Partout en France, les massifs forestiers publics ont trois usages pour la société : l'accueil pour le loisir, la préservation de la biodiversité et la production le bois. En Île de France aussi, l'Office national des forêts (ONF), gestionnaire des domaniales, concourt à l’atteinte de ces trois objectifs.
Véritable poumon vert dans la région, la forêt de Saint-Germain dans les Yvelines répond à ces enjeux. Espace très fréquenté par le public, elle abrite une biodiversité riche et produit du bois. Depuis 2017, elle est gérée en sylviculture dite "irrégulière". Cette gestion implique différentes actions sylvicoles mises en place par les forestiers.
La futaie irrégulière, quésaco ?
Dans une futaie irrégulière, les choix sylvicoles se font arbre par arbre, et non plus à l’échelle de la parcelle comme c’est le cas pour une gestion en futaie régulière. Ce travail vise à maintenir des bois de bonne qualité, et ceux présentant un intérêt environnemental ou paysager. L’aspect boisé de la forêt se trouve maintenu en permanence. Cette sylviculture évite les modifications paysagères trop brutales pour le public.
Les coupes permettent d’apporter de la lumière nécessaire aux peuplements, à l’implantation et au développement naturel des semis, assurant ainsi la régénération naturelle de la forêt.
Comment les arbres sont-ils sélectionnés ?
Chaque année, les arbres sélectionnés pour être prélevés (ou au contraire, préservés) sont identifiés au cours d’une opération appelée martelage. Celle-ci se déroule entre octobre et mai.
Les techniciens forestiers parcourent les parcelles en regardant chaque arbre pour repérer et désigner par une marque les arbres à prélever en répondant à trois objectifs :
- Éclaircir et assurer le renouvellement de la forêt ;
- Sécuriser les lieux où les arbres présentent un danger pour les usagers ;
- Enlever les arbres malades ou morts (coupe sanitaire).
En moyenne, une parcelle fait l’objet d’une coupe de bois à la suite d'un martelage tous les 7 à 8 ans.
Les arbres marqués sont prélevés en fonction de leur maturité au profit d’autres sujets plus jeunes et/ou en meilleure santé. A l’exception des arbres classés "bio" , conservés pour la biodiversité par les forestiers. Ces derniers seront maintenus jusqu’à leur mort et au-delà en faveur des espèces liées au bois mort et particulièrement importants dans l’écosystème.
Qu'est-ce qu'un arbre "bio" ?
Dans les parcelles, en dehors des chemins, les forestiers conservent des arbres (en moyenne un à deux arbres par hectare) au-delà de leur maturité pour la récolte de bois, jusqu’à leur belle mort, en raison de l’importante biodiversité qu’ils abritent.
Pourquoi ? Le bois mort est source de vie. Il est utilisé comme habitat pour certains oiseaux, petits mammifères et pour de nombreux insectes (plus 350 espèces sur le chêne). Il sert également de nourriture à de nombreuses espèces animales ou végétales.
3 types de coupe en forêt de Saint Germain
- Les coupes de sécurité :
pour assurer la sûreté des promeneurs, les arbres dangereux et/ou dépérissants sont retirés ou élagués aux abords de chemins et en lisière de forêt. Les travaux de cette nature sont importants sur les massifs franciliens en lien avec une forte fréquentation.
- Ouvertures de cloisonnements d’exploitation :
les interventions sylvicoles nécessitent l’utilisation des tracteurs, débardeurs ou porteurs forestiers. Avant qu’une parcelle ne passe en coupe, l’ONF ouvre des voies à intervalles réguliers, appelées cloisonnements d’exploitation, réservées à leurs passages. Ces accès limitent le tassement des sols et réduisent la surface parcourue par les engins.
Après leur ouverture, la végétation basse (ronces, fougères) va se développer. Ils seront réutilisés tous les 10 ans et sont régulièrement entretenus.
- Les coupes sanitaires :
comme tout écosystème vivant, les forêts sont sujettes à des maladies. Les forêts franciliennes sont actuellement touchées par des problèmes sanitaires tels que la chalarose du frêne, l’encre du châtaignier, mais aussi la sécheresse impactant grandement la vitalité des peuplements. Il n’y alors pas d’autres choix que de couper les arbres morts ou fortement dépérissants. Ces coupes peuvent conduire à des coupes rases si le problème sanitaire est généralisé à la parcelle. Dans ce cas, des plantations sont programmées l’hiver suivant la coupe.