En Auvergne-Rhône-Alpes, des forêts protectrices et résilientes
Au cœur de cette région caractérisée notamment par les milieux montagnards, la forêt fait partie du quotidien de la population. Espace de loisirs riche en biodiversité, elle joue aussi un rôle de protection contre les risques naturels. Face au changement climatique, l’ONF adapte sa gestion pour renforcer la résilience des forêts publiques et soutenir une filière bois en pleine mutation.
En Auvergne-Rhône-Alpes, des forêts protectrices et résilientes
Une large partie du territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes est couverte par les forêts, faisant de cette région la quatrième région forestière de France. Les forêts représentent ainsi 2,6 millions d’hectares (soit 37 % de la surface), dont 610 000 hectares pour les forêts publiques.
La région Auvergne-Rhône-Alpes ancre son riche patrimoine forestier autour de trois milieux naturels distincts :
une zone montagneuse de la chaîne des Puys et du massif cantalien jusqu’au Mont-Blanc, les essences présentes y sont majoritairement résineuses : sapins, épicéas, pins sylvestres et douglas ;
une zone de plaines avec davantage d'essences feuillues, dans les plaines du Rhône, de la Saône, de la Loire, de l'Allier et de l'Isère : on y trouve des chênes, des hêtres, des peupliers et des frênes ;
une zone d’influence méditerranéenne dont les essences sont plus résistantes à la chaleur : le chêne pubescent, le châtaignier et le pin noir y sont des espèces communes.
23%
de forêts publiques en Auvergne-Rhône-Alpes
Dont
25%
de forêts domaniales et 75% de forêts de collectivités
77%
de forêts privées
63%
de feuillus
37%
de résineux
Les forêts sont également le berceau d’une grande richesse écologique que les forestiers protègent particulièrement. L’Office national des forêts (ONF) a créé 28 réserves biologiques (pour une surface totale de 9 132 hectares) et entretient quelques 125 000 hectares appartenant au réseau Natura 2000, au sein desquels on rencontre notamment le Sabot de Vénus, le Pic tridactyle, le Tétras Lyre ou encore la Chouette de Tengmalm (voir le diaporama ci-dessous).
En Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 36 000 hectares de forêts publiques sont classés en libre évolution naturelle au sein du réseau FRENE (FoRêts en Evolution NaturellE, réseau régional de forêts pour la valorisation des services écosystémiques forestiers) : aucun acte de gestion ou de récolte de bois sur un peuplement forestier n’y est pratiqué, afin de permettre à la dynamique naturelle d’évolution d’une forêt de s’exprimer. Plus d'informations ici.
Des forêts fragilisées par le changement climatique
Les forêts publiques d’Auvergne-Rhône-Alpes sont de plus en plus exposées aux effets du changement climatique : sécheresses répétées, tempêtes, dépérissements et attaques parasitaires. Ces phénomènes touchent particulièrement les départements de l'Allier, de l’Ain, de la Savoie et de la Haute-Savoie, où les peuplements forestiers sont mis à rude épreuve.
Les crises sanitaires liées au scolyte de l’épicéa et au dépérissement du chêne ont entraîné des récoltes sanitaires et une réorganisation des pratiques sylvicoles. L’ONF adapte sa gestion pour renforcer la résilience des forêts, en diversifiant les essences et en favorisant les peuplements mixtes plus résistants.
Face au réchauffement climatique, l’ONF innove aussi avec des projets au service des forêts, comme l'atlas des sylvicultures Cisyfe, et s’adapte à la topographie spécifique de la région. Ainsi, chaque année, de nouveaux départements se dotent d’observatoires territoriaux forestiers basés sur la télédétection laser (grâce à la technologie LiDAR) qui permet d’accéder à une connaissance très fine du relief et de la végétation.
Une filière bois dynamique, qui s’adapte au défi du changement climatique
L'exploitation forestière est centrée sur les conifères. Aujourd’hui 9,9 milliards d’euros de chiffre d'affaires et 60 400 emplois locaux sont générés par la filière bois. Dans les forêts de la région, environ 5 millions de m3 de bois sont récoltés chaque année, soit un tiers du taux d’accroissement naturel de ces forêts. En tant que gestionnaire des forêts publiques, l’ONF met en vente chaque année plus d'un million de m3, soit près de 20% du volume de bois mobilisé à l’échelle régionale.
Pour soutenir et sécuriser la filière bois, l’ONF s’engage aux côtés des scieurs en contractualisant la vente de bois issus des forêts domaniales et communales. Ces contrats d’approvisionnement permettent d’assurer une planification fiable des volumes livrés et une meilleure visibilité sur les prix. Chaque année, près de 500.000 m³ de bois sont ainsi contractualisés avec des entreprises locales, à travers plus de 200 accords.
Sur la part du volume de bois mobilisé en forêt publique à l’échelle régionale :
5%
de chênes de haute qualité
notamment du merrain destiné aux tonneliers
50%
de résineux
destinés à la construction, aux charpentes, parquets et meubles de menuiserie (bois d’œuvre)
15%
sont destinés à la papeterie
aux panneaux et cagettes (bois d’industrie)
30%
sont destinés au bois énergie
(bûches de chauffage, du bois déchiqueté ou des granulés)
Dans un contexte de changement climatique où les dépérissements forestiers s’accélèrent et l’approvisionnement en bois sains se réduit, valoriser le bois scolyté, dit « bois bleu » en construction (charpente, ossature bois, menuiserie…) devient un axe prioritaire pour la préservation de la forêt et le soutien à l’économie locale. La filière régionale travaille à mieux valoriser les bois "de crise" auprès des industriels et des consommateurs.
« C'est une volonté de la scierie de montrer qu'il est possible d'utiliser du bois scolyté en construction et c'est surtout important pour nous d'utiliser le bois malade que les forêts nous proposent dans ce contexte de crise sanitaire », explique Cédric Durand, responsable d'approvisionnement à la scierie Chaumontet en Haute-Savoie.
La région Auvergne-Rhône-Alpes est exposée à de nombreux risques naturels. Les crues torrentielles, glissements de terrain, chutes de blocs, avalanches ou incendies de forêt menacent 79% des communes.
Dans ce contexte, les forêts jouent un rôle de rempart naturel : elles stoppent ou freinent les chutes de pierres, limitent l’érosion et stabilisent les sols ainsi que le manteau neigeux en zone de départ d’avalanches. Pour optimiser cette fonction de la forêt, comparable à un dispositif de protection, l’ONF développe des interventions sylvicoles adaptées.
Les services RTM procèdent ainsi à des diagnostics et des études, définissent des stratégies de protection, conçoivent et gèrent des ouvrages de protection.
Dans le cadre des Missions d’intérêt général menées pour le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, l’ONF surveille dans la région près de 8 000 ouvrages mis en place au titre de la politique RTM, parmi lesquels :
des ouvrages hydrauliques, principalement de correction torrentielle en pierre de taille, en béton ou en bois pour stabiliser la pente et réguler les crues torrentielles vers l'aval ;
des filets paravalanches, claies et rateliers en zone de départ d’avalanches au-dessus de la limite altitudinale de la forêt, des digues ou des étraves pour les dévier.
Notre agglomération nichée au sein de trois massifs est particulièrement menacée par la chute de blocs. La métropole travaille depuis plusieurs années avec les forestiers de l’ONF, qui nous accompagnent très efficacement sur le suivi des chantiers destinés à entretenir le rôle protecteur de la forêt.
Thierry Loeb,
chargé de mission forêt de protection à la métropole de Grenoble
Les personnels mobilisés dans la défense des forêts contre les incendies (DFCI) interviennent pour prévenir les feux de forêt (entretien des équipements, surveillance des massifs forestiers en été, etc.) et pour contrôler l’application de la règlementation sur les obligations légales de déboussaillement.
Des sites d’évasion propices à l’accueil du public
En Auvergne-Rhône-Alpes, près de 80% des habitants résident à moins de 30 km d’une forêt publique. Proches des foyers de population, ces forêts contribuent à l’attractivité de la région, tout comme le large choix de loisirs en nature parmi lesquels le ski, la randonnée ou le parapente. Ces activités de plein air ont largement contribué à faire la réputation de ces sites d’évasion.
La gestion durable des forêts, assurée par l’Office national des forêts, vient soutenir cet attrait touristique. En effet, à travers l’entretien des chemins d’accès ou la création de parcours ludiques qui valorisent les lieux, l’ONF optimise la qualité d’accueil des forêts.
La population profite ainsi d’un patrimoine naturel unique, riche de nombreux espaces forestiers. Parmi eux, les forêts du Vercors et de Lente, de Chautagne, la réserve naturelle nationale de la vallée de Chaudefour ou encore celles de Tronçais et de la Grande Chartreuse - porteuses du label Forêt d’Exception® - sont les plus emblématiques.
L’ONF rassemble dans cette région près de 1 000 personnes mobilisées au service de la filière forêt-bois et du développement des territoires. Rattachées à une direction territoriale, les équipes sont réparties au sein de cinq agences, 38 unités territoriales, une agence travaux, une agence restauration des terrains en montagne et une agence études.