Le bois, une ressource de première nécessité face au Covid-19

Cette ressource assure la continuité de la vie économique du pays (emballages, palettes…), participe ainsi à la chaîne logistique alimentaire et permet de fabriquer les papiers spéciaux des masques chirurgicaux. Explications.
Masque FFP2. - ©Ashkan Forouzani/unsplash

Dans cette situation de confinement inédite, le bois révèle une nouvelle fois son caractère essentiel. Cela peut surprendre, mais ce matériau renouvelable permet de fabriquer les articles indispensables à la santé publique : papiers spéciaux, papiers d'hygiènes, masques de protection, FFP2... et plus encore !

Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, l'a rappelé dans une lettre d'encouragement et de remerciement adressée aux professionnels le 27 mars 2020 : "La filière forêt-bois fait partie intégrante de la chaîne logistique alimentaire et industrielle (emballages, palettes). Elle fournit également des articles indispensables à la santé publique et contribue à la lutte contre de la propagation du virus (papiers d’hygiène et spéciaux)".

Adapter les approvisionnements

Alors que de nombreux acteurs de la filière forêt-bois sont à l’arrêt, tous les maillons de la chaîne se mobilisent à l'Office national des forêts : techniciens forestiers territoriaux, techniciens commercial bois, responsables et assistantes service bois, directeurs… L'objectif : maintenir l'approvisionnement des usines de fabrication de papiers, d’emballages ou de palettes.

"C’est notre rôle de tout mettre en œuvre pour soutenir la production de ces biens de première nécessité. Cependant, nous avons beaucoup d’incertitudes quant aux besoins de nos clients : d’un côté, il faut produire du petit bois car il y a un risque de manque de matières premières mais, en parallèle, il y a toujours un risque de ralentissement de l’activité des usines inhérent à l’absence de personnels. Nous sommes quotidiennement en contact avec eux, afin d’adapter la production à cette situation fluctuante", explique Christophe Dupuy, adjoint au responsable commercial bois et services (RCBS) pour la Direction territoriale Centre-ouest-Aquitaine de l'ONF.

©ONF

Pour accompagner ses clients et contribuer à l’effort national, l'ONF multiplie les actions concrètes :

  • Les flux est-ouest de bois scolytés sont maintenus à un rythme élevé, à un niveau quasi équivalent à celui d’avant la crise du Covid-19. 6.000 tonnes de bois scolytés ont ainsi été transportés au cours des trois premières semaines de confinement, dont 1/3 environ à destination des usines de papeterie. Plus d'informations à ce sujet : www.onf.fr/onf/+/5ed !
  • Des alternatives au fret ferroviaire, ralenti voire interrompu, sont envisagées par la route, pour assurer l’approvisionnement des entreprises du Sud-Ouest sollicitées par l’État pour la production de masques et emballages pharmaceutiques ou alimentaires ;
  • Certaines cadences de livraisons locales sont augmentées, comme dans le sud de la France, où les livraisons hebdomadaires pour l’usine International Paper ont été doublées ;
  • Autre solution envisagée pour les papetiers : augmenter les approvisionnements en rondins de trituration, des petits bois ronds utilisés pour la fabrication de pâte à papier. Pour cela, les programmes d’exploitation ont été révisés et les activités de production sont réorientées sur des coupes d’éclaircies, afin de récolter les jeunes arbres les moins prometteurs pour permettre aux plus beaux arbres de pousser.

L’enjeu primordial dans ce contexte, c’est d’être prêt au bon moment pour mettre des camions en route. Nous organisons donc des réunions régulièrement avec les commerciaux et les agences pour concilier les besoins de nos clients avec les stocks de bois et les moyens de transports disponibles.

Maryse Bigot, chargée de mission bois façonnés – contrat d’approvisionnement bois.

Engager des chantiers spécifiques

En Gironde, sept machines d’abattage ont été orientées sur des chantiers spécifiques visant à produire des rondins de trituration pour l’usine de pâte à papier Smurfit, à Biganos (Gironde). Le but ? Produire 6.000 stères de bois d’ici le 10 avril 2020 pour combler le déficit de matière première lié à l’arrêt des scieries.

Le secret pour réussir ? Être réactif. Dès lors que la réorientation des productions a été décidée, les équipes se sont mobilisées et n’ont eu besoin que de deux jours pour redéployer les machines sur les coupes d’éclaircies identifiées

Marchands grainiers et pépiniéristes, entrepreneurs de travaux forestiers et sylvicoles, transporteurs, coopératives, Office national des forêts, experts, exploitants, scieurs et papetiers… C’est vous qui, par votre travail, contribuez à rendre la société française résiliente face à cette crise, tout en permettant de veiller à la santé de notre forêt et d'assurer son avenir

Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation.

Et aussi :

Cette illustration est issue du cinquième numéro de Good morning ONF, le journal de bord interne publié par les équipes de l'Office national des forêts durant le confinement. - ©Caroline Blanchard-Boutrois/DR.