Stabilisation d’une piste forestière en forêt domaniale de Boscodon
Les spécialistes de la restauration des terrains en montagne (RTM) de l’ONF des Hautes-Alpes, viennent de réaliser un ouvrage important afin de stabiliser une portion de la piste forestière menant au torrent de Bragousse. Explications et images de ce chantier spectaculaire.
Stabilisation d’une piste forestière en forêt domaniale de Boscodon
Cette piste forestière destinée à l’entretien des barrages de corrections torrentielles permet également d’accéder aux capteurs installés sur le torrent de Bragousse qui enregistrent les laves torrentielles. Endommagée, la piste se dégradait et ne permettait plus le passage des véhicules.
Pour la stabiliser, l’ONF a fait appel à une technique de génie végétal, la Grata Viva.
Qu'est-ce qu'une Grata Viva ?
Il s’agit d’un ouvrage destiné à stabiliser le sol sur forte pente. Cela consiste à disposer des rondins de bois verticaux et horizontaux sur le talus de manière à réaliser des casiers qui sont ensuite remplis de terre puis végétalisés.
Cette solution, qui compte exclusivement sur la nature, utilise le bois, la terre et les végétaux. Permettant de stabiliser un talus très raide et fragile, elle créée les conditions pour que la végétation s’installe durablement et joue son rôle stabilisateur.
C’était un chantier complexe, en raison de la très forte pente. La mécanisation n’étant pas possible, tout a été fait manuellement. Chaque jour, l’équipe - ouvriers, conducteur de travaux, responsable de secteur RTM - devait se remettre en question et s’adapter.
Michel Pesenti,
Conducteur de travaux RTM 05 - Embrun
Construction de l'ouvrage
Le chantier a été entièrement réalisé par des ouvriers de l’ONF spécialisés dans les travaux de Restauration des terrains en Montagne (RTM). Une petite équipe de trois personnes, composée de deux cordistes et d’un opérateur placé en haut pour les sécuriser, a travaillé durant 4 semaines dans des conditions extrêmes.
L’ouvrage est composé de deux blocs :
En pied de talus : un premier ouvrage de soutenance
En milieu de talus : la Grata Viva composée de 10 rangées de rondins placés verticalement et en éventail sur 8 mètres de hauteur puis des rondins horizontaux. Les casiers ainsi créés sont remplis de terre et maintenus par de la toile coco et du grillage à gabions. Le tout est fixé aux rondins par des plaques en acier galvanisé et des tirefonds.
Les deux blocs ne sont pas reliés entre eux afin que tout ne soit pas emporté en cas de glissement de terrain.
Le chantier en images
Premier coup de pioche.
Après avoir pris et tracé les niveaux dans la pente, Jérémy Angeli et Sébastien Martin donnent les premiers coups de pioche pour créer l'assise de l'ouvrage
Pour installer l'ouvrage, il fallait trouver de quoi l’assoir sur des parties dures. La recherche à la pioche à durée 2 jours. Enfin Jérémy et Sébastien ont trouvé de quoi stabiliser la première longrine. Une première victoire, car en l'absence de blocs, pas d’ouvrage.
Jérémy ajuste l’alignement de la première longrine (10 m de long, diamètre environ 0.5 m et d’un poids estimé à 1t500). L’alignement dans l’axe de la pente doit être parfait. Pas le droit à l’erreur. Il sera impossible de la remonter si elle part dans la pente. Amarrée à 2 tire-forts, il faut la descendre doucement pour pouvoir la glisser au bon emplacement.
Pendant que François Ortar et Michel Pesenti en haut, donnent du mou au câble des tire-forts, Jérémy et Sébastien font glisser la grume centimètres après centimètres. Rien n’est gagné, la pluie du matin a rendu le terrain très glissant et la grume s’enfonce à chaque instant dans la terre détrempée.
Jérémy en bon coordinateur donne les dernières consignes pour le positionnement final de la longrine. Avant cette dernière opération, il faut nettoyer le fond de fouille de la terre et des cailloux descendus en même temps que la grume.
La dernière longrine est posée. Le comblement de l’ouvrage avec de la pierre prise sur place est fait. Le platelage qui soutiendra la Grata Viva est en place. Maintenant vient le moment de la pose des rondins de diamètre 16 dans la pente. Ils doivent épouser correctement la forme du terrain et y être disposés en éventail.
Après avoir posé un drain (tuyau rouge) qui permet le captage d’un écoulement, les rondins prennent la direction de l’ouvrage. Sébastien est à la réception, Jérémy et Hervé sont à la manœuvre en haut pour l’approvisionnement et la descente.
Tous les bois ont été posés et fixés. Le remplissage des casiers effectués. La toile coco est posée pour couvrir totalement l’ouvrage afin d'éviter l’érosion de la terre végétale mise en place dans les casiers formés par les rondins.
Vue de l’ouvrage terminé. la toile coco est maintenue en place par de la grille à gabions, fixée aux rondins par des platines métalliques galvanisées et des tirefonds de 100 mm.
Au printemps 2024, des graines seront semées par hydroseedage, une technique permettant d’ensemencer des terrains très accidentés, inaccessibles aux engins. Puis à l’automne prochain, les ouvriers cordistes planteront des plants d’Argousier.
Un autre chantier de Grata Viva par des forestiers de l'ONF, en vidéo