Il pleut, il mouille, c’est la fête des milieux humides

Vendredi 2 février se tiendra la Journée mondiale des zones humides. À cette occasion, l’Office national des forêts met à l’honneur ces espaces méconnus et pourtant si riches. Véritable berceau de vie pour la faune et la flore, ces milieux sont essentiels à la biodiversité. Mais avec une baisse des précipitations estivales, l’urbanisation et le manque d’entretien, ils régressent. C’est le cas en Île-de-France. Dans les forêts franciliennes, les forestiers réalisent des suivis et des travaux réguliers pour assurer leur préservation. Des actions d’autant plus nécessaires que leur fragilité s’accroit aussi avec le réchauffement climatique.

Des milieux à la richesse inestimable

Mares, marais, tourbières, étangs… autant de formes possibles que prennent les milieux humides dans les forêts. Naturels ou artificiels, beaucoup ont été créés par l’Homme lorsque les troupeaux pâturaient encore dans les forêts. Ces éléments remarquables de nos paysages jouent un rôle important dans les zones urbaines. Au-delà de leurs intérêts écologiques, ils participent à la préservation de la ressource en eau, tout en contribuant à réguler et filtrer les eaux de pluie.

En forêt, les zones humides servent à une multitude d’espèces végétales et animales : la survie de 40% d’entre elles en dépendent. Depuis les berges humides jusqu’aux fonds vaseux, elles constituent une source de vie importante. Les oiseaux s’y arrêtent lors de leurs migrations. Les libellules et les amphibiens (tritons, salamandres, grenouilles) les utilisent pour pondre et se développer. Les mammifères (chauves-souris, sangliers, chevreuils…) viennent s’alimenter, boire et se déparasiter. Certaines plantes aquatiques y trouvent les conditions favorables à leur croissance.

Quelques espèces emblématiques de l'Île-de-France :

©Getty Images

Le triton crêté est une espèce protégée. Cette espèce de triton est caractérisée par les mâles qui déploient leur crête lors de la parade nuptiale afin d’attirer les femelles. Une fois les œufs pondus, la femelle les emballe dans des feuilles pour les rendre invisible et les protéger des prédateurs.

©Getty Images

L’Alyte accoucheur ou crapaud accoucheur a une particularité liée à sa reproduction qui intervient en avril-mai : les œufs, au lieu d’être déposés dans l’eau, sont portés par le mâle jusqu’au moment de l’éclosion. Il déposera ensuite sa progéniture dans l’eau et les têtards se métamorphoseront durant l’été ou au printemps suivant.

©ONF

Les sphaignes présentes dans les tourbières fonctionnent comme une éponge stockant jusqu’à 90 % de leur poids en eau. C’est grâce à elles que la tourbe se forme, ce sont de précieux puits de carbone.

Les actions du forestier en faveur des milieux humides

Au vu du rôle essentiel que les milieux humides jouent en forêt, leur conservation constitue un enjeu fort pour l’ONF. Et pour cause, en l’absence d’entretien, ils se dégradent. La décomposition des feuilles et branches qui tombent dans les mares génère une accumulation progressive de matière organique. Avec le temps et en l’absence d’intervention, elle comble ces points d’eau qui finissent par s’assécher et disparaître. De plus, le développement de la végétation aux alentours et le manque de lumière causé par une trop forte densité d’arbres peuvent conduire à un changement du pH de l’eau, ce qui impacte le biotope.

Pour réduire ces phénomènes, l’ONF engage différentes actions dans les forêts domaniales d’Île-de-France. Tout cela ne se fait pas au hasard, bien au contraire. En effet, l’ONF suit les recommandations présentes dans les plans de gestion établis avec des naturalistes et scientifiques, qui préconisent les interventions destinées au maintien de ces milieux. Il s’agit de travaux de génie écologique (mise en lumière, curage de la vase accumulée, maintien en eau…). Puis, les inventaires naturalistes permettent de recenser les différentes espèces (faune et flore) présentes et mesurer les impacts des travaux.

Quelques actions réalisées dernièrement en Île-de-France :

©Justine Parmentier / ONF

Des travaux en faveur aux amphibiens de la forêt domaniale de Marly : après des travaux réalisés en faveur des mares de la forêt domaniale de Marly, deux experts naturalistes se sont rendus sur le terrain pour inventorier les espèces présentes. Le résultat est encourageant car 8 espèces différentes d’amphibiens ont pu être observées, ce qui induit que les travaux ont favorisé la reproduction de ceux-ci. Autre constat, les mares disposent d’une meilleure rétention d’eau ce qui a permis à l’écosystème de se revitaliser et à la flore de réapparaître.

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©Justine Parmentier / ONF

Un partenariat en faveur des milieux humides : en forêt domaniale de Montmorency, l’association IASEF a inventorié 14 mares avec pour objectif de réaliser une étude sur les espèces qu’elles abritent. Ils ont pu confirmer que les mares étaient riches en amphibiens et en nombreuses espèces faunistique et floristique. Depuis 2014, dans le cadre du plan de gestion, l’ONF programme régulièrement des travaux écologiques afin de maintenir ces mares en eau et préserver ainsi les espèces inféodées.

©GL / ONF

Un vaste programme de sauvegarde des mares dans la forêt de Sénart. Depuis 2019, l’ONF a engagé l’entretien des mares écologiquement intéressantes. Le département de l’Essonne soutient cette action prévue dans le cadre de la charte forestière de Sénart. Sur le terrain, cette ambition se traduit par la réalisation d’un plan de gestion des mares avec les travaux de restauration envisagés. Vingt mares ont déjà été totalement réhabilitées.

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©GL / ONF

Une plante rare et protégée suivie à la loupe dans le massif de Fontainebleau : le flûteau nageant (Luronium natans), une plante aquatique protégée au niveau européen, est en voie d’extinction en Île-de-France. Les rares stations dans lesquelles elle s’épanouit se situent dans les forêts domaniales de Fontainebleau et de Rambouillet. Dans les deux massifs forestiers, celle-ci fait l’objet d’une attention particulière. Chaque année, les botanistes de l’ONF la surveillent, dans le but de suivre son état de conservation.

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DÉCOUVRIR DES TRAVAUX LIÉS AUX MARES EN VIDÉO !

Une fragilité accrue par le réchauffement climatique

Aujourd’hui, les milieux humides souffrent des périodes de sécheresses intenses et plus longues liées au changement climatique. Le manque de précipitations, constaté en été mais aussi au printemps, empêche le maintien en eau des zones humides. En 2023, les mares dans les forêts d’Île-de-France ont connu un phénomène d’asséchement précoce, dès le mois de mars. Pour la biodiversité, l’absence d’eau rend difficile la survie des animaux inféodés à ces milieux, à l’image des amphibiens. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant lorsque cela se passe à des périodes cruciales de leur reproduction. Les forestiers font leur maximum afin de pérenniser ces écosystèmes et ce malgré les défis et les obstacles induits par le réchauffement climatique.

Partez explorer les milieux humides en forêts !

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Découvrez les "balades branchées" !

Munis de votre smartphone avec l’application « Balade branchée », vous serez guidés tout au long de parcours où vous découvrirez des capsules audios ou vidéos explicatives.
- En forêt domaniale de Dourdan, les mares sont mises à l’honneur au travers de capsules interactives retraçant les travaux effectués et leur utilité
- En forêt domaniale de Fontainebleau, de Sénart et de Notre-Dame : téléchargez les parcours dédiés à la découverte de la biodiversité et des milieux naturels

La balade des étangs de Meudon

Rendez-vous en forêt domaniale de Meudon : suivez le sentier dédié repérable grâce à une libellule qui vous montrera le chemin et vous guidera vers des panneaux pédagogiques autour de la faune et de la flore inhérentes à ces milieux.