Préparer la forêt aux évolutions climatiques : les premiers îlots d’avenir implantés en forêt d’Orléans

En créant des îlots d’avenir, l'Office national des forêts (ONF) cherche à connaître les essences qui demain, sauront résister aux climats plus chauds et secs. En forêt d’Orléans (Loiret), un réseau de 8 îlots d’avenir sera mis en place cette année, dans le cadre du volet forestier du plan France Relance. Deux essences ont été implantées dans les premiers îlots ce mois d’avril : le Copalme d’Amérique, un feuillu venu du sud est des États-Unis, et le Séquoia changeant, originaire de Chine.

Les projections des scientifiques le prouvent : face aux changements climatiques, la forêt va devoir s‘adapter. Or, la capacité d'adaptation naturelle de la forêt (qui est réelle et forte) sera néanmoins 10 fois trop lente pour garantir un "recalage naturel" sur les conditions climatiques futures. D’où l’idée d’une démarche d’accompagnement et d’anticipation.

Les îlots d’avenir sont des petites surfaces forestières expérimentales accueillant de nouvelles essences, sélectionnées pour leur capacité à se développer sous des climats plus chauds et plus secs. L’objectif est de balayer la palette d’essences la plus large et diversifiée possible, afin de disposer le moment venu, de solutions déjà testées de manière marginale. En ce sens, les îlots d’avenir sont les héritiers des arboretum créés en majorité au XIXe siècle lorsque la France se préparait à des grandes campagnes de reboisement : des laboratoires pour donner des clefs d’actions aux forestiers du futur.

©ONF

Le saviez-vous ? Le climat futur en France à l'horizon 2050

  • Une hausse des températures moyennes entre 0,6 et 1,3 °C (plus forte dans le sud-est en été) ;
  • une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur en été, en particulier dans les régions du quart sud-est ;
  • une diminution du nombre de jours anormalement froids en hiver sur l'ensemble de la France métropolitaine, en particulier dans les régions du quart nord-est (source : Météo France)

Des essences choisies pour la forêt d’Orléans

Le premier îlot d’avenir de la forêt d’Orléans (Loiret) a été implanté. La parcelle choisie présente un sol très pauvre, où la régénération naturelle de chêne est impossible. Le choix des essences a été réalisé après une étude des potentialités du sol, de sa réserve en eau et des connaissances scientifiques basées sur les travaux du réseau mixte technologique Aforce. Les essences ont été sélectionnées pour leur capacité à résister à la sécheresse et à des bioagresseurs (insectes, champignons) mais aussi pour la qualité de leur bois.

Ces essences sont originales pour la forêt mais elles ont été importées en France il y a plusieurs siècles. Leur comportement a donc déjà fait l’objet d’études mais sur des surfaces limitées. Aujourd’hui, l’ONF souhaite tester leur comportement dans une ambiance forestière classique

Xavier Mandret, référent changement climatique pour l’ONF à Orléans.

Le Copalme d'Amérique (Liquidambar styraciflua) aussi appelé Liquidambar (du latin "liquidus", liquide, et de l'arabe "ambar", ambre) est un arbre majestueux originaire des États-Unis. Il fut découvert en Floride par les Espagnols en 1528 pour être introduit en Europe en 1681. Ce bois léger, mais résistant est utilisé en contreplaqués, charpentes et caisserie. Le bois dégage une odeur naturelle de cannelle et est utilisé par certains pour la fabrication de meubles odorants. Il est aussi utilisé en pharmacopée et en cosmétique.

Le Séquoia changeant (Metasequoia glyptostroboides) est un grand arbre doté d'un port conique et régulier, et l'un des rares conifères à feuillage caduc (comme le Mélèze). De croissance très rapide, un mètre par an, il porte un feuillage de fougère finement découpé. Il est originaire de Chine où il a été découvert en 1941, et décrit comme un fossile de l'ère mésozoïque (ère géologique qui s'étend de −252,2 à −66,0 millions d’années).

4 étapes pour implanter un îlot d'avenir

Tout est mis en place pour que ces deux nouvelles essences puissent se développer. L’hiver prochain une troisième essence, le Pinus rigida, complétera le dispositif. La mission du forestier de préparer l’avenir n’a jamais eu autant d’importance dans le cadre des évolutions climatiques. Aujourd’hui, je mets en place une expérience qui permettra à un forestier dans le futur de mieux répondre aux défis du changement climatique en forêt d’Orléans. Les arbres vont faire l’objet de mesures et d’observation tout au long de leur croissance. Ces données seront utiles aux forestiers et aux chercheurs pour guider les choix futurs.

Yves Baugin, responsable de la gestion pour le massif d’Ingrannes à l'ONF.

L’îlot en chiffres...

2600
plants

de Liquidambar styraciflua soit 1 hectare 80.

950
plants

de Métaséquoia glyptostroboides soit 60 ares.

RMT Aforce : un réseau scientifique pour guider les choix des professionnels

Le réseau mixte technologique Aforce regroupe scientifiques, forestiers publics et privés. Il travaille depuis 2008 afin d’améliorer la connaissance des essences et outiller la réflexion sur le choix des essences en climat changeant. Deux méthodes complémentaires sont proposées : des fiches espèces regroupant les connaissances disponibles sur les essences d'après 37 critères, et des modélisations cartographiques de la compatibilité climatique des essences.

Ce projet regroupe de multiples partenaires. Les voici : 

Et aussi :

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