Bouches-du-Rhône : un incendie ravage la moitié de la forêt de Castillon

Le 24 août dernier, un violent incendie a détruit une grande partie de la forêt domaniale de Castillon. Entre sécurité du public, biodiversité et économie forestière, les enjeux sont multiples pour les équipes de l’ONF.

Le 24 août 2020 aux alentours de 14 heures, la vigie Figuerolles signale un départ de feu au nord de la forêt domaniale de Castillon (Bouches-du-Rhône). Cette vigie est mise en œuvre au titre des missions d’intérêt général Défense des forêts contre les incendies (DFCI) confiées à l’Office national des forêts (ONF) par des Agents de protection de la forêt méditerranéenne (AFPM). Dès réception de l'alerte, un véhicule de première intervention des APFM se rend sur place pour tenter de maîtriser l’incendie, en vain. Alimenté par un fort mistral, le feu prend rapidement de l’ampleur et ravage une grande partie de l’est de la forêt domaniale. Arrivés sur place, les pompiers, appuyés par des avions bombardiers d’eau, engagent des actions de lutte pour limiter la propagation du sinistre. Bien que maîtrisé dans le courant de la nuit, de nombreuses lisières restent actives et menaçantes. 

Il faudra cinq jours aux équipes d’intervention des pompiers pour déclarer le feu éteint. Au total, sur les 250 hectares du massif domanial de Castillon, 120 hectares ont succombé aux flammes. Dans sa course, l’incendie a également ravagé 40 hectares de forêt du Conservatoire du littoral et 170 hectares de forêts privées. A ce jour, l'origine du feu est inconnue mais une enquête est en cours.

©Pierre-Christophe Herzog / ONF

La biodiversité impactée

"Cet incendie me désole. Si par le passé une partie de cette zone avait déjà été victime des flammes, cela faisait plus de 60 ans que le plateau n’avait pas subi les assauts du feu", déclare Pierre-Christophe Herzog, responsable de l’unité territoriale Côte bleue Sainte Victoire à l’ONF. En matière de biodiversité, cela représente plusieurs décennies de travail et d’équilibre forestier partis en fumée.

Située sur un plateau, la forêt domaniale de Castillon surplombe quatre étangs regorgeant d’une faune et d’une flore forestière remarquable. C’est donc tout un pan de biodiversité qui se retrouve impacté. Parmi ces zones brulées, une partie du site classé au titre de la loi paysage et du site Natura 2000 ont été touchés. Une réserve naturelle régionale constituée sur un des étangs est également impactée sur près de 40 hectares.

Emblématique de la Provence littorale, le pin d’Alep est l’essence la plus touchée par cet incendie. Ces arbres détruits par les flammes boisaient la forêt de Castillon depuis 80 ans.

Véritable écrin vert pour les communes alentour (Fos-sur-Mer, Port-de-Bouc, Martigues), la forêt domaniale de Castillon accueille 350.000 visiteurs chaque année. Pour les promeneurs friands de ces balades en nature, il faudra attendre encore un peu. Au vu des dégâts de l’incendie, des arrêtés municipaux ont été déployés pour interdire l’accès aux zones brûlées.

©Pierre-Christophe Herzog / ONF

"Si l’incendie a été déclaré éteint, il faut rester vigilant. Une semaine après nous avons eu des reprises à certains endroits avec des souches encore fumantes", alerte Pierre-Christophe Herzog. Ces restrictions sont nécessaires pour la sécurité du public. Fragilisés par le feu, certains arbres peuvent perdre leurs branches et risquent de s'écrouler. Une fois la forêt rouverte, les promeneurs devront se rendre de préférence dans les parties encore vertes du massif.

Avant la première grosse pluie, nous pouvons encore avoir des départs de feux importants, surtout si l’on a du mistral. C’est pourquoi le public doit attendre encore au moins une dizaine de jours avant de retourner en forêt.

Pierre-Christophe Herzog, responsable ONF de l'unité territoriale Côte bleue Sainte Victoire.

L'après

Une semaine après l’incendie, l’heure est à la mise en sécurité du site (exploitation et travaux) et à l’inventaire des dégâts. Une fois l’ensemble du site sécurisé, les forestiers de l’ONF établiront un état des lieux de toutes les essences brûlées pour déterminer les priorités d’intervention. "Il y a une certaine quantité de bois brûlés mais qui restent mobilisables ou commercialisables pour faire de la plaquette forestière", indique le forestier. Les bois morts, eux, seront évacués le plus rapidement possible du site pour éviter une prolifération trop grande de scolytes dans les années à venir.

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Une fois le site entièrement sécurisé et maîtrisé, d’ici un à trois ans, les questions de réhabilitation du massif seront posées. "Avant de reboiser, nous allons voir s’il y a une régénération naturelle du pin d’Alep qui se fait. Cette essence a une très forte capacité de régénération par graines. Quant au chêne vert, en sous-étage, son système racinaire n'est pas détruit par les flammes. Il faut donc le couper à ras les troncs brûlés pour leur donner une chance de faire un rejet de souche et de repartir", conclut Pierre-Christophe Herzog.

Pour protéger les forêts contre les incendies, adoptez les bons gestes :

©Ministère de la Transition écologique