Préparer la forêt aux évolutions climatiques : les premiers îlots d’avenir implantés en forêt d’Orléans
Alerte : Arbre couché route forestière de la Fontenelle
La route forestière de la Fontenelle n'est pas une route ouverte à la circulation des véhicules, mais les cyclistes, cavaliers et promeneurs qui l'empruntent sont appelés à la prudence.
Un arbre, endommagé par les fortes pluies et rafales de vent, est tombé en travers du chemin près du carrefour de Brisevent.
Les bois de son houppier ont déjà été retirés. Une seconde intervention à été commandée pour retirer le tronc au plus tôt.
Pour votre sécurité, ne montez pas sur l'arbre et choisissez plutôt un autre itinéraire de balade.
Les projections des scientifiques le prouvent : face aux changements climatiques, la forêt va devoir s‘adapter. Or, la capacité d'adaptation naturelle de la forêt (qui est réelle et forte) sera néanmoins 10 fois trop lente pour garantir un "recalage naturel" sur les conditions climatiques futures. D’où l’idée d’une démarche d’accompagnement et d’anticipation.
Les îlots d’avenir sont des petites surfaces forestières expérimentales accueillant de nouvelles essences, sélectionnées pour leur capacité à se développer sous des climats plus chauds et plus secs. L’objectif est de balayer la palette d’essences la plus large et diversifiée possible, afin de disposer le moment venu, de solutions déjà testées de manière marginale. En ce sens, les îlots d’avenir sont les héritiers des arboretum créés en majorité au XIXe siècle lorsque la France se préparait à des grandes campagnes de reboisement : des laboratoires pour donner des clefs d’actions aux forestiers du futur.
Le saviez-vous ? Le climat futur en France à l'horizon 2050
- Une hausse des températures moyennes entre 0,6 et 1,3 °C (plus forte dans le sud-est en été) ;
- une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur en été, en particulier dans les régions du quart sud-est ;
- une diminution du nombre de jours anormalement froids en hiver sur l'ensemble de la France métropolitaine, en particulier dans les régions du quart nord-est (source : Météo France)
Des essences choisies pour la forêt d’Orléans
Le premier îlot d’avenir de la forêt d’Orléans (Loiret) a été implanté. La parcelle choisie présente un sol très pauvre, où la régénération naturelle de chêne est impossible. Le choix des essences a été réalisé après une étude des potentialités du sol, de sa réserve en eau et des connaissances scientifiques basées sur les travaux du réseau mixte technologique Aforce. Les essences ont été sélectionnées pour leur capacité à résister à la sécheresse et à des bioagresseurs (insectes, champignons) mais aussi pour la qualité de leur bois.
Ces essences sont originales pour la forêt mais elles ont été importées en France il y a plusieurs siècles. Leur comportement a donc déjà fait l’objet d’études mais sur des surfaces limitées. Aujourd’hui, l’ONF souhaite tester leur comportement dans une ambiance forestière classique
Le Copalme d'Amérique (Liquidambar styraciflua) aussi appelé Liquidambar (du latin "liquidus", liquide, et de l'arabe "ambar", ambre) est un arbre majestueux originaire des États-Unis. Il fut découvert en Floride par les Espagnols en 1528 pour être introduit en Europe en 1681. Ce bois léger, mais résistant est utilisé en contreplaqués, charpentes et caisserie. Le bois dégage une odeur naturelle de cannelle et est utilisé par certains pour la fabrication de meubles odorants. Il est aussi utilisé en pharmacopée et en cosmétique.
Le Séquoia changeant (Metasequoia glyptostroboides) est un grand arbre doté d'un port conique et régulier, et l'un des rares conifères à feuillage caduc (comme le Mélèze). De croissance très rapide, un mètre par an, il porte un feuillage de fougère finement découpé. Il est originaire de Chine où il a été découvert en 1941, et décrit comme un fossile de l'ère mésozoïque (ère géologique qui s'étend de −252,2 à −66,0 millions d’années).
4 étapes pour implanter un îlot d'avenir
Tout est mis en place pour que ces deux nouvelles essences puissent se développer. L’hiver prochain une troisième essence, le Pinus rigida, complétera le dispositif. La mission du forestier de préparer l’avenir n’a jamais eu autant d’importance dans le cadre des évolutions climatiques. Aujourd’hui, je mets en place une expérience qui permettra à un forestier dans le futur de mieux répondre aux défis du changement climatique en forêt d’Orléans. Les arbres vont faire l’objet de mesures et d’observation tout au long de leur croissance. Ces données seront utiles aux forestiers et aux chercheurs pour guider les choix futurs.
L’îlot en chiffres...
de Liquidambar styraciflua soit 1 hectare 80.
de Métaséquoia glyptostroboides soit 60 ares.
RMT Aforce : un réseau scientifique pour guider les choix des professionnels
Le réseau mixte technologique Aforce regroupe scientifiques, forestiers publics et privés. Il travaille depuis 2008 afin d’améliorer la connaissance des essences et outiller la réflexion sur le choix des essences en climat changeant. Deux méthodes complémentaires sont proposées : des fiches espèces regroupant les connaissances disponibles sur les essences d'après 37 critères, et des modélisations cartographiques de la compatibilité climatique des essences.
Ce projet regroupe de multiples partenaires. Les voici :