La réserve biologique dirigée de Rambouillet s'agrandit

Les forestiers du territoire de Rambouillet l’attendaient... Un arrêté ministériel a officialisé le doublement de la surface de la réserve biologique dirigée, passant de 576 à 1 152 hectares, en 2021.

La réserve biologique dirigée (RBD) du massif forestier de Rambouillet s’agrandit ! D’une surface originelle de 576 hectares, elle atteint aujourd’hui les 1 152 hectares, répartis en 19 sites à forts enjeux écologiques, à la suite d’un arrêté ministériel. Ce statut permet à l’Office national des forêts (ONF) de gérer différemment ces milieux riches et fragiles, avec des actions plus adaptées à leurs enjeux.

Concrètement, quelles actions sont mises en place ? L’ONF recense par exemple les espèces patrimoniales, privilégie les interventions hors périodes de reproduction ou de végétation, maintient une mise en lumière adaptée et lutte contre les espèces animales ou végétales invasives.

La forêt domaniale de Rambouillet compte également 206 hectares de réserves biologiques intégrales (RBI), permettant la libre expression des processus d’évolution naturelle de certains écosystèmes représentatifs de la diversité écologique des forêts françaises.

Les richesses de la réserve biologique dirigée en images...

La réserve biologique dirigée de Rambouillet est une mosaïque de milieux abritant une faune et une flore inféodées, dont la présence requiet un juste équilibre. Tourbières, landes humides, mares et bois marécageux représentent une myriade de petits habitats pour des espèces comme la plante carnivore Drosera (D.rotundifolia et D.intermedia), la canneberge (Vaccinium oxycoccos) ou encore le piment royal (Myrica gale).

Les landes sèches à bouleaux, conifères, genêts, callunes et les boulaies-chênaies quant à eux sont importantes pour les mousses, les lichens, mais aussi pour l’entomofaune (insectes).

Une faune rare et diversifiée

Côté faune, en forêt domaniale de Rambouillet, on peut observer de nombreuses espèces de libellule, dont l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) inféodé aux petits cours d’eau. Particulièrement exigeant sur son environnement, sa présence est un indicateur de bon fonctionnement du milieu.

Toutes les espèces d’Ile-de-France de chiroptères (chauve-souris) y sont aussi présentes. Dans les réserves de Rambouillet elles trouvent les milieux dont elles ont besoin pour leurs gîtes et leur nourriture. De nombreux insectes également comme des papillons, sauterelles, grillons, amphibiens comme les tritons (les cinq espèces de France métropolitaine se plaisent dans ces habitats).

Dans les milieux ouverts, on retrouve de nombreuses espèces d’oiseaux, comme l’engoulevent d’Europe. Enfin, le massif de Rambouillet constitue un bastion d’importance régionale pour les lézards.

Pour maintenir l’équilibre fragile de ces milieux, l’ONF a établi un plan de gestion spécifique aux réserves biologiques de la forêt domaniale de Rambouillet, orientant les actions des forestiers en faveur d’objectifs définis avec le comité scientifique de Rambouillet et en adéquation avec les enjeux écologiques propres à chaque milieu.

Ce plan de gestion des réserves porte ainsi plusieurs grands axes de gestion tels que :

  • Des travaux d’entretien, voire de restauration de milieux ouverts (prairies, tourbières, landes, berges de mares ou de ru…) par coupe d'arbres, débroussaillage, fauchage ;
  • un travail de rajeunissement de milieux (mares, tourbières, marais, landes humides) pour retrouver des stades pionniers grâce à des entretiens spécifiques de mares atterries ou envasées (curage, décapage...) ;
  • un entretien écologique spécifique de certains chemins en forêt en vue de faciliter des liaisons entre secteurs (corridors écologiques) ou de conserver des habitats ou espèces remarquables sur les chemins ;
  • des travaux spécifiques aux besoins des espèces remarquables : mise en lumière plus ou moins forte selon les exigences des espèces, décapage de matière organique pour les espèces pionnières, maintien de zones arbustives pour certains oiseaux, etc.
  • Des travaux de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, animales ou végétales.
Plan de travail 34

Le saviez-vous ?

Cette richesse exceptionnelle a joué en faveur de la création de parcelles de réserves biologiques en 1988, proposées par l’ONF. À la suite de l’inventaire des Znieff (zones naturelles d’intérêt floristique et faunistique), les premiers 576 hectares ont été classés en RBD en 1988. Les premières démarches pour le doublement de cette surface datent, quant à elles, de 2006, en lien avec de nouveaux enjeux et objectifs relevés par les équipes de l’ONF et le Comité scientifique.

En plus de ces réserves, trois sites Natura 2000 sont présents sur la forêt. Deux au titre de la directive "Habitats, faune, flore" sur 2 500 hectares et une au titre de la directive oiseaux couvrant l’ensemble de la surface de la forêt domaniale.

Le plan de gestion prévoit également des actions en faveur des peuplements forestiers avec des objectifs propres au contexte de leur situation, leur composition (indigènes / exotiques), âge, ou d’éventuel intérêt pour des espèces (faune, flore, fonge…) associées aux phases de maturation. Des actions sont ainsi programmées en faveur du :

  • développement de la naturalité forestière : soit par libre évolution, principalement pour des peuplements d'essences indigènes, et en particulier pour des peuplements déjà âgés, soit par renaturation active, par une gestion sylvicole éliminant les essences introduites au profit des indigènes ;
  • la restauration de milieux ouverts.

Enfin, le plan de gestion prévoit un programme d’inventaires et de suivis écologiques des habitats naturels et des espèces, pour mieux connaître la richesse écologique présente ou vérifier l’impact positif attendu des travaux écologiques et réajuster la gestion en conséquence.

Une tournée terrain du comité scientifique de la forêt domaniale de Rambouillet. - ©ONF

Peut-on se promener dans les réserves de Rambouillet ?

  • En forêt domaniale de Rambouillet, des sentiers de randonnée balisés traversent certaines réserves et permettent ainsi leur découverte. Il est néanmoins déconseillé de parcourir les milieux hors des sentiers balisés, afin de limiter les dangers de piétinement pour les espèces, mais aussi pour la sécurité des promeneurs. Les arbres dépérissants étant laissés sur place, des chutes d’arbres ou de branches peuvent survenir.
  • La pêche est interdite ainsi que l’introduction d’espèces extérieures et le survol de drones.
  • Pour préserver la forêt et ses écosystèmes précieux, promeneurs aguerris ou novices, soyons vigilants ! Respectons le milieu naturel. Ensemble, adoptons les bons réflexes... Retrouvez-les dans la charte du promeneur de l'ONF !
PICTOS web

Le saviez-vous ? Des actions en faveur des vieux bois...

En-dehors des réserves, 142 îlots de vieux bois existent à Rambouillet. Pourquoi ? La récolte et la valorisation des bois dans les peuplements forestiers se fait avant la maturité et la mort des arbres. La conservation de vieux bois et de bois mort sous toutes les formes permet le rétablissement de la présence de cet ultime et essentiel maillon du cycle de vie de la forêt. En complément de ces îlots de vieux bois, l’ONF maintien des arbres à haute valeur écologique (arbres morts ou sénescents, à cavités, vieux ou très gros arbres) et du bois mort au sol de toutes dimensions et essences (participant à l’enrichissement du sol en restituant les éléments minéraux). Selon plusieurs études, 25% des espèces forestières dépendent de la présence de vieux bois.

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