Le trésor caché des forêts d’Île-de-France : les graines

Si la régénération naturelle est souvent privilégiée pour renouveler les forêts publiques, le recours à la plantation devient aujourd'hui nécessaire face à l’enjeu d’adaptation des forêts au changement climatique. Et pour avoir de beaux arbres, il faut sélectionner des graines de qualité. Découvrez comment les glands de chênes sont récoltés dans les peuplements classés des forêts de Dourdan, Marly et Saint-Germain en Île-de-France.

Depuis trente ans, l’Office national des forêts (ONF) utilise ses connaissances afin de choisir des graines et des plants afin d'obtenir des semences forestières de qualité et d’origine contrôlée, d’essences courantes ou plus rares. Un véritable enjeu économique et écologique dans le contexte de sécheresses répétées.

Chaque graine porte l’identité de son espèce (le génotype) mais aussi des caractères qui lui sont propres dont certains intéressent le forestier (vitesse de croissance, résistance aux agressions…). Le choix est donc primordial.

De la graine à l'arbre - Gland de Chêne - ©Gettyimages/DR.

Les ramasseurs de graines, appelés glandeurs, équipés de seaux, sélectionnent manuellement les plus beaux fruits, non germés et non véreux. Un kilo contient entre 250 et 350 glands de chêne rouvre ou 150 à 250 de chêne pédonculé qui engendreront environ une centaine de plants. Conditionnés en sacs de 40 kg, les glands sont envoyés à la sécherie de l’ONF à La Joux dans le Jura qui procèdera à leur examen, leur traitement afin d’éviter toute contamination, puis le séchage, la conservation et la commercialisation. La pose de scellés sur chaque sac assure une traçabilité minutieuse des semences (lieu d’origine des graines, date de récolte, numéro de parcelle…).   

Les graines sont acheminées vers des pépinières en vue d’obtenir des jeunes plants. Lorsqu’ils auront atteint la taille de 30 centimètres après 2 ou 3 ans, ils seront replantés dans les forêts.

Ramassage de glands en Forêt domaniale de Marly en octobre 2020. - ©AJ / ONF

Plus de 120 hectolitres de glands ramassés

Sur le territoire de l'Île-de-France Ouest, trois massifs ont des peuplements classés aux patrimoines génétiques recherchés : les forêts domaniales de Dourdan, de Saint-Germain-en-Laye et de Marly-le-Roi.

La forêt domaniale de Dourdan est connue pour ses chênes de très bonne qualité à fructification régulière (les glands sont ramassés dans les peuplements classés). Ses châtaigniers, ses cormiers, ses poiriers, ses pommiers et ses charmes font l’objet de récoltes. En 2020, ce sont 79,6 hectolitres de glands qui ont été récoltés sur cette forêt.

Cette forêt est également dotée d’un peuplement classé de pommiers et poiriers sauvages (1 hectare) qui est récolté tous les ans. Cette année 202 kg de pommes et 161 kg de poires ont été récoltés pour faire des plants qui enrichiront les plantations en biodiversité et permettront de conserver le patrimoine génétique de ces "souches" sauvages.

Les forêts royales de Marly et Saint-Germain sont également récoltées avec respectivement 19,75 hectolitres sur Marly et 21 hectolitres à Saint-Germain. La forêt de Marly possède également des cormiers qui sont récoltés lorsqu’ils sont fructifères : cette année 10,5 kg ont été ramassés.

Le saviez-vous ? Les peuplements classés...

Les graines doivent provenir de peuplements classés, reconnus pour la qualité et la diversité de leurs peuplements : 48 essences sont soumises à réglementation : 24 feuillus (chênes pédonculé, sessile, rouge ; châtaignier, hêtre, merisier, peuplier), 24 résineux (douglas vert, épicéa, mélèze, pin et sapin...)

La durée de conservation des semences de chênes est physiologiquement limitée à un hiver, ou exceptionnellement deux hivers, réduisant ainsi les possibilités de stockage. Un approvisionnement régulier demande des récoltes quasiment tous les ans. Cependant, le mauvais temps pendant la floraison, la sécheresse, les attaques d’insectes, de pathogènes, conditionnent la production selon les années.

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