Inflation, récession économique : 2023 s'annonce moins favorable que 2022.
Situation contrastée des ventes de bois français
Fin 2022, la situation était contrastée. En bois d’œuvre, les prix de vente des bois feuillus augmentent, surtout pour le chêne à un niveau record, et le hêtre. Même situation pour le bois de palette et d’emballage : la défection des ukrainiens sur ce marché a profité au bois français. En revanche, la situation est plus complexe pour les bois résineux de construction, dont les prix au niveau international ont déjà largement chuté même si la demande locale reste bien présente.
Les conséquences de la guerre en Ukraine se font toujours sentir, avec la hausse du prix de nombreuses matières premières et des pénuries de matériaux. Dans ce contexte incertain également marqué par les sanctions américaines contre la Chine, la Russie, l’Iran, plusieurs indicateurs font craindre une récession. Elle devrait toucher un tiers de l’économie mondiale cette année selon le Fonds monétaire international. La croissance du PIB est en net recul dans la plupart des pays, États-Unis et Chine compris, bien que les pays de l’Ouest de la zone euro soient moins impactés. L’inflation (8 % aux États-Unis en 2022 et 9,2 % pour la zone euro) diminue le pouvoir d’achat et augmente les coûts de production.
La crainte est celle d’un arrêt de la consommation. Aux États-Unis déjà, le nombre de constructions de logements neufs a chuté de 15 à 20 %, bien qu’il reste encore conséquent (1,3 million). Le pays a vu également s’effondrer les prix des matériaux bois de construction. « Avec une baisse du bois de charpente de 69 % en un an, les sciages américains retrouvent leur niveau d’il y a cinq ans, qui était très bas », explique Benoît Généré, chargé du suivi des marchés du bois à l’Office. En France, une baisse d’activité sur la construction de logements se profile aussi, liée à la crise, à la hausse progressive des taux d’intérêt, et à la pénurie de nombreux composants qui engendrent des retards de chantier.
Avec une baisse du bois de charpente de 69 % en un an, les sciages américains retrouvent leur niveau d’il y a cinq ans, qui était très bas.
Une réduction attendue des volumes et une baisse des prix
Certes, l’euro s’est stabilisé à un niveau correct (au-dessus d’un dollar) et l’inflation est moins haute que la moyenne européenne en France. Mais la baisse enclenchée à l’international va toucher le marché national, même si le système des contrats d’approvisionnement stabilise en partie les prix. "La baisse de prix du sciage américain maintenant stabilisée se répercute à l’export et nos sciages français doivent rester compétitifs", poursuit Benoit Généré. Il nourrit aussi des inquiétudes pour le chêne (« sauf le haut de gamme et le merrain »), dont le prix a chuté de moitié aux États-Unis.
De façon globale, les concurrents étrangers, notamment Allemands et Scandinaves, sont confrontés à la chute des prix outre-Atlantique et vont surinvestir le marché français au détriment des acteurs locaux.
Nous nous attendons à une réduction des volumes et à une baisse de prix répercutée dans les contrats d’approvisionnement
A retrouver aussi dans la lettre de conjoncture n°10
- La situation du marché du bois en France, de juillet 2022 à janvier 2023;
- Un point sur les grandes filières (bois d'oeuvre, bois d'industrie et palettes, bois énergie);
- Les tendances par essence (sapin, épicéa, chêne, hêtre, pin, douglas, mélèze);
- L'évolution du prix des bois en forêt publique;
- Un focus sur les ventes de bois aux acheteurs locaux.
Abonnez-vous à notre newsletter
Professionnels, élus ou juste curieux, vous avez envie de recevoir en premier cette infolettre (newsletter) publiée plusieurs fois par an par l'ONF ? Inscrivez-vous ici !