Réserve biologique de la Côte d'Opale. – ©Frantz Veillé / ONF

Biodiversité : tout savoir sur les réserves biologiques

Que sont les réserves biologiques, intégrales ou dirigées ? Comment sont-elles créées et gérées par l'Office national des forêts (ONF) ? Pourquoi sont-elles essentielles ? Combien en compte-t-on en France ? Sur quelle surface ? Si ces questions vous intéressent, lisez cet article long format pour mieux comprendre ces espaces protégés, où les enjeux écologiques sont prépondérants.

Dans chaque forêt gérée par l'Office national des forêts (ONF), les forestiers concilient protection de la biodiversité, production de bois, accueil du public et prévention des risques naturels. C'est ce qu'ils appellent : "la gestion multifonctionnelle" des forêts publiques. 

Dans certains cas, la richesse naturelle très élevée d'un site justifie le besoin d'une protection réglementaire renforcée et d'une gestion spécifique. C'est là que peut intervenir la création de réserves biologiques.

Spécifique aux forêts publiques, le statut de réserve biologique existe depuis les années 1950. A début février 2023, le réseau national comptait près de 250 réserves, couvrant plus de 54 000 hectares dans les forêts de métropole et plus 86 000 hectares dans les départements d'Outre-mer.

Réserves biologiques ou réserves naturelles ?

C'est une nuance à saisir d'emblée ! Les réserves biologiques (RB) et réserves naturelles (RN) sont deux familles de statuts de protection forte, en partie différentes et surtout complémentaires.

  1. Les réserves naturelles nationales (RNN), régionales (RNR) ou de Corse (RNC) peuvent concerner tous types de propriétés : privées comme publiques, sur terre comme en mer. Leur gestion est confiée à des associations, des établissements publics ou à des collectivités territoriales. A début 2021, une cinquantaine de réserves naturelles comportaient une part de forêts publiques, dont une vingtaine gérées ou cogérées par l'ONF.

  2. Les réserves biologiques sont un statut de protection spécifique aux espaces relevant du régime forestier. C’est-à-dire, les forêts de l'Etat (domaniales), les forêts des collectivités ou d'établissements publics (communes, départements, Conservatoire du littoral…). Ces réserves sont créées par arrêté conjoint des ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie. Les plus anciennes réserves biologiques datent des années 1950.

Le saviez-vous ? Des réserves biologiques, mais pas seulement...

La diversité biologique est vitale pour la santé des forêts ainsi que pour l’environnement. Voilà pourquoi préserver et développer la biodiversité est l’une des missions prioritaires de l’ONF. Cette ambition se traduit par une prise en compte systématique des enjeux environnementaux dans la gestion sylvicole et l’exploitation forestière, avec notamment :

Définitions : réserves biologiques dirigées ou intégrales ?

Entre ces deux types de réserves, pas de hiérarchisation des statuts, mais des objectifs différents qui se complètent. Elles sont un instrument essentiel de l'action de l'ONF pour la protection du patrimoine naturel. "Ces réserves sont de deux types : d'une part, les réserves biologiques dirigées (RBD), où l'ONF applique une gestion particulière pour la conservation d'espèces ou de milieux naturels rares et vulnérables ; d'autre part, les réserves biologiques intégrales (RBI), soustraites à la sylviculture et qui constituent de précieux témoins de la forêt en évolution naturelle", résume Nicolas Drapier, chargé de mission réserves à l'ONF.

  • En détails, les réserves biologiques dirigées (RBD)

Ces réserves concernent des milieux forestiers à la fois remarquables et nécessitant une gestion conservatoire spécifique. Dans les RBD, la gestion est interventionniste et ciblée sur des enjeux patrimoniaux forts : création ou entretien de milieux ouverts, travaux de gestion hydraulique (pour maintenir ou restaurer des zones humides), lutte contre des espèces exotiques envahissantes (EEE)…

Le plus souvent, les réserves biologiques dirigées protègent des milieux ouverts (landes, tourbières…) qui risqueraient de subir une fermeture et une régression du fait du développement naturel de la végétation. Ces réserves concernent une très grande diversité de milieux, depuis les espaces littoraux jusqu'aux pelouses alpines.

Les RBD sont reconnues comme espaces protégés de catégorie 4 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ces catégories vont de 1, pour les réserves intégrales, à 6 pour des aires protégées consacrées à l’utilisation durable des ressources naturelles.

  • En détails, les réserves biologiques intégrales (RBI)

A l'opposé des réserves biologiques dirigées et de leur gestion active, ces réserves sont consacrées à la libre évolution des forêts. L'ONF a créé un réseau national de réserves biologiques intégrales représentatives de la diversité des milieux forestiers : depuis les plus communs, mais caractéristiques de grandes régions naturelles (chênaies vertes méditerranéennes, hêtraies de plaine, sapinières montagnardes…) jusqu'aux plus remarquables (forêts alluviales, érablaies sur éboulis...).

En métropole, la surface des RBI varie d'une cinquantaine à plus de 2 500 hectares. La plus grande se trouve en Guyane et dépasse 60 000 hectares. Ces réserves sont à la fois des observatoires de la dynamique naturelle sur le long terme (notamment dans le contexte de changement climatique) et des conservatoires d'une biodiversité particulière qui est plus rare dans les forêts exploitées (insectes et champignons liés au bois mort, etc.).

Réserve biologique intégrale des Pitons du Carbet (Martinique) : une forêt primaire tropicale.

Les réserves biologiques intégrales sont reconnues comme espaces protégés de catégorie 1a par l'UICN. Outre les études scientifiques, les seuls actes de gestion possibles sont :

  • la sécurisation de voies longeant ou traversant les réserves (sentiers pédestres balisés, chemins, routes) ;
  • l'élimination d'espèces végétales ou animales allochtones, la régulation des ongulés par la chasse en l'absence de prédateurs (pour préserver les équilibres naturels entre faune et flore).

Et aussi, pour aller plus loin :

Quelques chiffres clés

En métropole comme dans les départements d'Outre-mer, les réserves biologiques offrent un statut de protection fort, contribuant à la Stratégie nationale aires protégées (SNAP) 2020-2030. Le développement du réseau des réserves biologiques se poursuit au rythme de 5 créations par an, auxquelles s'ajoutent régulièrement des extensions de réserves existantes. Voici quelques chiffres à retenir.

En novembre 2021...

En novembre 2021, en métropole :

En novembre 2021, dans les départements d'Outre-Mer :

Peut-on se promener dans les réserves biologiques ?

RBD ou RBI, quel que soit le type de réserve, la priorité est la préservation du patrimoine naturel. Les diverses activités humaines ne sont pas systématiquement interdites, mais encadrées et au besoin réglementées.

C'est au cas par cas qu'un arrêté ministériel fixe la réglementation propre à chaque réserve biologique. L'accès et les usages (cueillette, sports de nature, etc.) peuvent être limités voire interdits, en fonction de la présence d'espèces vulnérables, de milieux fragiles, ou pour des motifs de sécurité (danger des arbres morts).

Mais il n'est pas rare qu'un sentier de randonnée balisé, traversant une réserve, permette sa découverte, y compris dans le cas de réserves biologiques intégrales.

Les Faux de Verzy, sur la montagne de Reims (Marne), sont classés en réserve biologique dirigée. - ©Jean-Baptiste Richard / ONF

Dans le cas des réserves biologiques dirigées, la réglementation varie en fonction des milieux naturels présents et des enjeux de protection : quiétude d'espèces sensibles (Grand tétras…), préservation de milieux fragiles (tourbières…).

Dans le cas des réserves biologiques intégrales, ce qualificatif "intégral" n'implique pas une complète "mise sous cloche" : il vise avant tout les activités sylvicoles. On trouve surtout deux constantes dans les RBI : interdiction des exploitations forestières et de la chasse au petit gibier. En revanche, la circulation pédestre, principalement sur sentiers balisés, reste le plus souvent possible.

A noter : les dispositions particulières aux réserves s'ajoutent aux réglementations générales concernant l'interdiction du feu en forêt, la cueillette, la circulation des véhicules dans les espaces naturels… Lisez notre charte du promeneur "j'aime la forêt : ensemble, protégeons-la !"

Un exemple parmi d'autres : avec plus de 200 000 visiteurs par an, aménagement d'un sentier de découverte et réglementation de la fréquentation ont été combinés pour l'accueil du public et la protection du site en forêt de Verzy.

Nicolas Drapier, chargé de mission réserves à l'ONF.

Gouvernance et partenariats

Du niveau national jusqu'aux niveaux régional et local, des instances consultatives permettent à des partenaires variés d'être associés à la gestion des réserves biologiques : collectivités territoriales, associations de protection de la nature, scientifiques, usagers (randonneurs, chasseurs…). Pour les naturalistes et scientifiques, les réserves biologiques sont un terrain d'études largement mis à disposition, moyennant contact préalable avec le service ONF gestionnaire.

Les réserves biologiques, au cœur d'enjeux d'avenir

Conformément aux engagements pris par le président de la République en 2019 lors d’un conseil de défense écologique et repris par la nouvelle Stratégie nationale aire protégées, 230 000 hectares de forêts domaniales seront placés sous statut de protection forte, dont 50 000 en métropole et 180 000 en Outre-mer. La création de nouvelles réserves biologiques apportera une contribution majeure à la réalisation de cet objectif.
 

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