Les mares de la forêt d'Orléans sous surveillance

L'Office national des forêts (ONF) a en charge la gestion de la plus grande forêt domaniale de France : la forêt d'Orléans. Depuis longtemps, l'établissement a pris conscience de la valeur des cours d'eau, des zones humides, des plans d'eau, dont les mares intra-forestières. Ce réseau hydraulique complexe représente une composante importante de la biodiversité de la forêt qu'il convient de préserver, de suivre y compris scientifiquement et de restaurer si besoin.

En forêt domaniale d'Orléans, le nombre de mares et de milieux humides est estimé à 1 500. Aujourd'hui 950 ont été recensées et cartographiées. C'est le manque de relief et les formations argileuses sur lesquelles repose la forêt qui contribuent à maintenir une nappe superficielle et qui expliquent la présence dans les zones dépressionnaires de nombreux points d'eau tels que les mares et zones humides.

L'enjeu de préservation des mares est d'autant plus important que les zones humides sont en régression constante. On estime que la moitié des mares françaises ont disparu depuis le milieu du 20ème siècle.

Benoit Garnier, responsable environnement de l'ONF pour la direction territoriale de Centre Ouest Aquitaine.

L'histoire, la mise en place de réseaux de fossés et la sylviculture ont conduit à la création de zones humides, de mares, de plans d'eau. En forêt d'Orléans, la plupart des mares sont artificielles. Leur origine et leur rôle premier était :

  • Des abreuvoirs pour le bétail et notamment pour la faune cynégétique,
  • Des recueils des eaux de pluies,
  • Une réserve d'eau pour les cultures,
  • Le résultat de l'extraction de matériaux pour la construction des routes,
  • Défense des forêts contre les incendies (DFCI),
  • Des trous de bombes,
  • D'anciens fossés de sites historiques ou archéologiques.

Actuellement, les mares n'ont plus véritablement d'utilité fonctionnelle mais constituent de véritables "îlots" de biodiversité.

Les travaux permettent de rétablir le fonctionnement de la mare

Gauche : ©Benoit Garnier /ONF  –  Droite : ©Benoit Garnier /ONF

100 mares réhabilitées en 10 ans

La restauration des mares en forêt domaniale d'Orléans s'inscrit dans le cadre de la gestion durable et multifonctionnelle des forêts, offrant à la fois des espaces paysagers, pédagogiques et une importante richesse faunistique et floristique.

Depuis 1997, l'ONF s'appuie sur des inventaires, des avis scientifiques pour hiérarchiser et prioriser ses actions au profit des mares les plus intéressantes au plan écologique. C'est au rythme de plus de 100 mares en 10 ans, avec un budget contraint mais avec le soutien financier de l'Agence de l'eau Loire Bretagne, que l'ONF en Val de Loire s'efforce de mettre en œuvre chaque année un programme de restauration cohérent. L'objectif essentiel est de mettre en place un réseau de mares le plus varié et le plus fonctionnel possible.

Chaque intervention doit permettre d'obtenir des formes, des structures et des configurations différentes qui feront de chaque mare un milieu propice à l'expression d'une flore et d'une faune diversifiées.

Plan de sauvetage pour le Flûteau nageant

illustration botanique de Pierre Joseph Redouté (1759-1840) : Flûteau nageant (Luronium natans)

Les mares et les étangs de la forêt domaniale d'Orléans abritent les plus belles stations à Flûteau nageant (Luronium natans) de la région Centre Val de Loire, espèce protégée au niveau national et européen et classée "vulnérable" (VU) sur liste rouge régionale.

Cette plante rare réussit à s'exprimer sur les rives de certains étangs et mares de la forêt d'Orléans. Le programme d'entretien et de restauration des mares ainsi que la gestion des niveaux d'eau des étangs participent à lui apporter des conditions les plus favorables pour sa survie. L'étang du Ravoir présente la plus grande station de la forêt d'Orléans. L'alternance des niveaux d'eau (bas l'été et haut l'hiver) permet à l'espèce de coloniser largement les rives exondées de l'étang.

En parallèle à ces mesures conservatoires pour la préservation de l'espèce et de son habitat, des suivis sont menés périodiquement pour évaluer l'état de conservation des stations et le niveau des populations. Toutes ces actions et ce dispositif de suivi se font dans le cadre d'un plan National d'Actions (PNA), en partenariat avec le Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien ainsi que diverses institutions et associations locales qui apportent leur expertise.

Grace à une gestion exigeante en faveur de la biodiversité sur les sites à enjeu et à la prise en compte de l'environnement dans sa gestion courante, l'ONF participe à la préservation d'espèces menacées.

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