Objectif dune : bilan de 4 années de lutte contre l’érosion

Le bilan des 4 dernières années d’action de l’ONF sur le littoral Atlantique montre combien la stabilisation des dunes est essentielle pour atténuer les effets du changement climatique. 378 kilomètres de dunes domaniales le long de la façade atlantique sont sous la responsabilité de l’Office national des forêts (ONF). Leur état actuel résulte d’un entretien régulier depuis des décennies grâce à une mission de stabilisation des dunes confiée à l’ONF par l’État.

Depuis quelques décennies, les dunes font face à une série de tempêtes dévastatrices. Souvenez-vous, au cours de l’hiver 2013-2014, une succession de tempêtes avait balayé le littoral atlantique, entraînant une érosion marine quasi généralisée. Des falaises dunaires étaient réapparues après un recul du trait de côte important pouvant atteindre une vingtaine de mètres par endroit. Les cordons dunaires déjà fortement impactés par la tempête Xynthia en février 2010 avaient fait l’objet d’efforts de restauration les années suivantes, laissant tout juste le temps aux dunes de se stabiliser avant de subir deux nouveaux chocs :

Début 2017, les coups de vent d’ouest ont augmenté en nombre et en intensité, érodant fortement les fronts dunaires. Les mouvements sédimentaires se sont alors accrus, entraînant un transfert progressif du sable vers l’est. Pour faire face à ce phénomène, des actions correctrices ont dû être multipliées afin de rétablir les profils des dunes et stabiliser le transport du sable par le vent.

Submersion marine sur la plage de l’Embellie en forêt de la Coubre durant l'hiver 2019. - ©ONF

L’hiver 2019-2020 a été marqué également par de puissantes tempêtes qui ont créé de nouveaux fronts d’érosion et des zones de saupoudrage de sable non encore végétalisées, notamment sur le sud de la côte atlantique. Les dunes littorales nécessitent un entretien permanent afin de les aider à se reconstituer.

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Entretenir et favoriser la végétation fixatrice qui piège le sable est indispensable, car sans cette végétation, le cordon dunaire s’amenuiserait et la survie de la dune serait menacée à moyen terme. En effet, nous assistons à un impact cumulé de l’érosion marine et de l’érosion éolienne. Les entailles dans les dunes créées par la mer lors des tempêtes accélèrent les phénomènes de déplacement du sable lors des épisodes venteux. Sans travaux de remise en état, il devient alors plus long et plus coûteux de contrôler à nouveau le cordon dunaire, et de réparer les dégâts. La régularité des travaux et des interventions est donc vitale pour la dune.

Cent fois sur le métier remettre son ouvrage !

Cette stratégie porte ses fruits puisque les entretiens menés depuis 2014 ont conduit à une diminution de 13% du nombre de formes érosives observées et une baisse de 52% des surfaces impactées.

Les chiffres clés de la mise en œuvre de la mission dune depuis 2016 :

Plan de travail 112

Une gestion souple du milieu dunaire

Les techniques utilisées sont basées uniquement sur la gestion souple du milieu naturel et sont déclinées dans les actions mises en œuvre, à savoir par ordre de priorité :

 1.   Limitation de la dynamique éolienne et maintien de la mosaïque d’habitats naturels par des travaux de génie écologique - brise vent, couvertures végétales, plantations, remodelages ponctuels ;

2.   Protection des milieux dunaires naturels, notamment au niveau des travaux entrepris (clôtures de protection, signalétique d’information ou d’interdiction pour limiter le piétinement détériorant la végétation fixatrice) ;

3.   Préservation de la naturalité des habitats dunaires (restauration de milieux, nettoyage de la dune, lutte contre des espèces invasives…) ;

4.   Amélioration de la gestion dunaire (suivis ou études d’évaluation, entretien du réseau de points kilométriques…).

La prise en compte directe de l’érosion marine ne relève pas des missions de l’ONF. Cependant, en raison de l’interdépendance des différents maillons des cellules sédimentaires littorales, toutes les actions terrestres tiennent compte de l’impact de la dynamique marine… Le fait de maintenir une partie du sable au plus près de sa source, la plage, est reconnu comme une des façons d’atténuer les risques littoraux (amortissement de l’érosion marine, prévention de la submersion…).

Une mission qui évolue avec l'augmentation des accidents climatiques

Si la problématique du XIXe siècle était le risque d’avancée des dunes sur les terres, aujourd’hui les effets du changement climatique augmentent les risques :

  1. d’érosion côtière d’une part. Ce phénomène ancien s’accentue et se fait de plus en plus ressentir avec la pénurie sédimentaire liée à la multiplication des aménagements littoraux ;
  2. de submersion marine d’autre part. Cette dernière s’accroît avec les accidents climatiques et la tendance à l’élévation du niveau de la mer liée au changement global.

Les objectifs de la mission dune

L'Etat a confié à l'ONF une mission d'intérêt général pour le suivi et l'entretien des dunes littorales domaniales. Elle a pour objectifs :

  • réaliser des travaux de maîtrise du déplacement des dunes, en tenant compte de la biodiversité, des paysages et de la fréquentation touristique, sans remise en cause des équilibres naturels ;
  • assurer la surveillance et le suivi de l’évolution des cordons dunaires, en prévenant les atteintes anthropiques à ces écosystèmes fragiles ;
  • participer à la connaissance et au suivi des écosystèmes dunaires ;
  • identifier les secteurs du littoral dunaire soumis à l’érosion marine et exposés au risque de submersion ;
  • informer le ministère de l’Alimentation et de l’agriculture et formuler un avis technique, en liaison avec le ministère de la Transition écologique, sur tout projet de travaux de création d’ouvrages sur le littoral par des collectivités territoriales concernant le domaine forestier privé de l'État ;
  • veiller à assurer la gestion des dunes domaniales en cohérence avec les plans régionaux de la forêt et du bois, notamment dans leur volet d’identification des éléments et caractéristiques nécessaires à la prévention de l'ensemble des risques naturels (article D 122-1 du Code forestier) ;
  • répondre à des demandes occasionnelles d’expertise de l'État, concernant notamment des avis d’opportunité sur des demandes de subvention visant des travaux sur des dunes communales ou privées ;
  • participer à la diffusion des connaissances. 

Les forestiers de l’ONF au chevet des dunes

©ONF Landes Nord Aquitaine