Massif de l’Arc boisé : cap sur le nouvel aménagement forestier 2020-2035

Les forêts qui composent le massif de l’Arc boisé (Val de Marne) font l’objet d’une attention constante des forestiers. Toutes les interventions figurent dans un plan de gestion durable établi pour 15 ans : l’aménagement forestier. Celui de l’Arc Boisé s’achevant à la fin de l’année 2020, l’ONF lance la révision du nouveau document qui durera jusqu’en 2035.

Chaque année, plusieurs millions de Franciliens viennent se détendre, se balader, profiter de la nature et pratiquer une activité dans le massif de l'Arc Boisé*. Le plus grand massif forestier de la petite couronne (2.578 hectares), situé au sud-est de Paris, à cheval entre l’Essonne, le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne, constitue aussi un réservoir de biodiversité.

"Au cœur d’un territoire densément peuplé, il compte un panel de milieux variés, bien conservés", souligne Lætitia Poffet, responsable à l’ONF de l'unité territoriale Brie-Boisée-Sénart avant de détailler : "des landes de bruyères ou des pelouses sèches issues d’anciens pâturages, des zones humides avec plus de 400 mares, et aussi des vieux arbres, des peuplements de chênes, bouleaux et châtaigniers…" La forêt de Notre-Dame, la plus grande des trois (2.058 ha) qui composent le massif, est d’ailleurs inventoriée en Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF, Directive européenne Habitats).

* L’ONF assure la mise en œuvre du régime forestier de 3 forêts publiques dans le département du Val-de-Marne : les forêts domaniales de La Grange (375 hectares) et Notre-Dame (2.058 hectares) [propriété de l’Etat] et Gros Bois (145 hectares) [propriété de la région Ile-de-France]. Cet ensemble de forêts constitue un vaste massif, nommé "Arc Boisé".

Une feuille de route pour l’Arc Boisé

©Michel Tanant/ONF

Cette richesse naturelle, récréative et patrimoniale aurait pu se trouver menacée par la pression foncière sans le classement du massif en "forêt de protection", en mai 2016, par le Conseil d’État. Ce statut très protecteur préserve ainsi ses forêts contre l’urbanisation et le défrichement. Ce massif fait l’objet d’une gestion durable qui repose sur un document formel - l'aménagement -  dûment validé par le ministre chargé de l’Agriculture et le Ministre de la Transition écologique et solidaire.

Le but de ce document ? Rédiger la feuille de route qui planifiera les opérations à mener durant les prochaines années, en vue de répondre aux fonctions allouées aux forêts publiques : accueillir le public, conserver les milieux naturels, préserver la biodiversité et produire du bois.

"D’un point de vue sylvicole, l'aménagement définit les grands enjeux et détermine les choix techniques. Pour chaque parcelle, il indique l’année de passage en coupe, le type de coupe et un volume estimatif de bois à mobiliser. Il précise aussi les travaux nécessaires pour aider notamment les semis de chêne contre la concurrence végétale et leur assurer un bel avenir…", explique Lætitia Poffet. Le document actuel arrivé à échéance en 2019, l’ONF engage une nouvelle version, commune aux trois forêts du massif : la Grange (375 hectares), Notre-Dame (2058 hectares) et Gros Bois (145 hectares).

Elaborer ce nouveau plan de gestion n’est pas une mince affaire et nécessite avant tout de bien connaître ces forêts. C’est pourquoi la révision débute toujours par un bilan de la gestion passée, puis s’appuie sur un état des lieux détaillé des peuplements forestiers avant que les actions futures ne soient programmées.

Connaître le patrimoine forestier

Différentes méthodes d’inventaire existent. La première, réalisée par les forestiers au sol, consiste à implanter un réseau statistique de placettes permanentes. "Au printemps dernier, nous avons installé et mesuré un réseau de 255 placettes permanentes géoréférencées. Il deviendra notre outil de suivi de l’évolution de la forêt et permettra de mesurer au fil du temps les effets de notre gestion", explique Lætitia Poffet.

Sur chaque placette, tout est décrit : on recense les arbres, détermine leurs mensurations (taille et diamètre), relève leur essence, leur qualité. Puis, on observe le renouvellement en cours (présence ou non de semis) et évalue les composantes biologiques (bois mort et habitats). Extrapolées à l’échelle du massif, les données collectées offrent une image assez fidèle du massif : composition et état des peuplements forestiers. Ce travail s’attache aussi à évaluer la ressource en bois et à déduire un programme de coupes selon la croissance des arbres.

En repassant tous les dix ans sur ce même réseau, les forestiers peuvent voir comment la forêt évolue : volume de bois prélevé, accroissement naturel et renouvellement de la forêt, état sanitaire… Il est dès lors plus facile d’apprécier les effets de la gestion dans le temps.

La seconde investigation fait appel à une technique innovante de télédétection : le LIDAR. En survolant le massif, un avion envoie des impulsions à terre qui recueillent des informations précises. Ses images 3D fournissent une cartographie très fine du relief et de la végétation forestière : hauteur, volume ou encore densité des arbres. Les données Lidar aident aussi à localiser les mares et fossés, puis indiquent aux archéologues les variations du microrelief ; montrant la présence ou non de potentiels vestiges. Cette technologie complète les renseignements recueillis sur le terrain. Grâce au concours du Département du Val-de-Marne et de la Métropole du Grand Paris, les prises de vue aériennes du massif forestier se sont déroulées en février 2020.

Définir les orientations de gestion

Etape majeure dans la révision du nouvel aménagement du massif de l’Arc Boisé, ces états des lieux donnent une photographie d’autant plus essentielle que l’ONF s’oriente vers une gestion en "futaie irrégulière", plus adaptée aux enjeux périurbains notamment paysagers. Des arbres d’âges différents, d’essences mélangées aux tailles variées cohabitent sur une même parcelle. Le couvert boisé s’en trouve alors maintenu en permanence.

Choisir les orientations de gestion pour les prochaines décennies intègre tous les grands enjeux du territoire : sociaux, écologiques et économiques. Dans un contexte climatique changeant, le travail consiste aussi à évaluer les risques sur la forêt, notamment sanitaires. Durant cette longue phase, les forestiers croisent les informations des inventaires de terrain avec les études existantes. Du plan de gestion des mares, aux inventaires naturalistes en passant par les stratégies d’accueil du public, rien n’est laissé au hasard. Enfin, l'aménagiste de l’ONF est chargé de les synthétiser, de rédiger le document de gestion, qui établit le programmes d’actions à l’échelle 2020-2035.

Impliquer les partenaires locaux

Réunion du groupe de travail à l'Arc Boisé

Réunis au sein d’une charte forestière de territoire, les communes de situation, les départements de Seine-et-Marne et du Val-de-Marne, la région Île-de-France, la communauté d’agglomération Grand Paris Sud Est Avenir et les associations locales prennent part aux discussions. Dès la phase préparatoire, l’ONF les convie à travers des rendez-vous techniques sur la gestion forestière. Ecoute et dialogue, c’est l’esprit dans lequel l’ONF engage la révision du nouvel aménagement du massif de l’Arc Boisé (2021-2035). Après la consultation des élus locaux, puis la restitution aux membres de la charte forestière, une présentation publique interviendra au plus tôt fin 2020.

Quelques chiffres :

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