Gérer une forêt, c’est assurer sa vitalité, garantir son renouvellement et répondre aux besoins de la société. Produire du bois, préserver l’environnement et accueillir le public : découvrez trois missions phares menées par les équipes de l’ONF.
La gestion forestière : un cycle durable pour des forêts de qualité
Depuis le Moyen-Age, la France n'a jamais été aussi boisée qu'aujourd'hui. La forêt, dont la surface a doublé en l'espace de 200 ans, occupe 31% du territoire métropolitain. Un patrimoine d’une extraordinaire richesse qui la place au troisième rang des pays les plus boisés d’Europe, derrière la Suède et la Finlande. Dans les forêts publiques (domaniales et communales), les forestiers de l’ONF œuvrent au quotidien pour assurer la pérennité et la vitalité des forêts et répondre à trois objectifs indissociables : fournir du bois à la société, préserver l’environnement et accueillir le public. Cette alliance repose sur ce que l'on appelle la gestion durable des forêts.
Une forêt non entretenue deviendrait une forêt dangereuse pour le public. En cas d’incendies, si les forêts étaient broussailleuses, le feu serait beaucoup plus ravageur et les équipes de secours ne pourraient pas intervenir ! Les forestiers sont des professionnels avertis. Leur responsabilité, ils l’assument avec passion et humilité.
Alain Thibaudet,
forestier à l’ONF dans la Loire
Favoriser la croissance des arbres
De leur naissance à l’âge de la maturité où ils seront coupés, les arbres sont au cœur de toutes les attentions. Pour s’épanouir, les semis, ou jeunes pousses, ont besoin d’eau, de lumière et d’espace. Tout au long de la vie d’un peuplement, les forestiers procèdent à diverses opérations sylvicoles pour assurer aux jeunes arbres une croissance harmonieuse. Des coupes dites « d’éclaircie », « d’amélioration » ou encore de « régénération » permettent aux espèces de bénéficier d’un apport en lumière et en oxygène suffisant. Dans certains cas, des clôtures peuvent être installées pour protéger les jeunes pousses de la dent du gibier.
Avec la majorité des professionnels de la filière forêt-bois française, l'ONF s'est engagé dans les systèmes de certification PEFC et FSC pour la gestion durable des forêts publiques. L'ONF est membre de l'association PEFC France. Il participe ainsi à la gouvernance du système et à la définition du schéma français de certification.
La forêt française est composée à 67% de feuillus. Ces peuplements se situent essentiellement dans les plaines ou à moyenne altitude. Leur cycle de vie est plus long que celui des résineux.
Les peuplements de résineux se situent majoritairement en zone montagneuse, dans le massif landais et dans les plantations assez récentes de l’ouest de la France. En France, plus de la moitié du volume de bois commercialisé est issu de résineux, car ils sont plus rapidement exploitables.
Sélectionner les plus beaux arbres
Chaque année, des arbres sont marqués par les forestiers. Cette opération, appelée « martelage », consiste à identifier ceux qui seront prochainement coupés pour laisser la place aux plus beaux spécimens.
Le bois est depuis toujours présent dans notre quotidien. Ressource renouvelable et réservoir de carbone, il est aussi un matériau de construction robuste et durable. Source d'innovations multiples expérimentées par des chercheurs du monde entier, il s'impose comme un matériau d’avenir en offrant une alternative durable aux énergies fossiles. En France, la filière forêt-bois est une filière économique importante représentant environ 400 000 emplois, un chiffre supérieur à celui de l’industrie automobile. En fournissant 40% du bois mis sur le marché en France, l’ONF est un acteur clé du développement de cette filière d’avenir.
L’aménagement forestier : une gestion encadrée
Les aménagements forestiers planifient les actions à mener sur 20 ans dans les forêts qui relèvent du régime forestier. Ces documents opérationnels sont rédigés à l’issue de l’étude du milieu naturel, des aléas climatiques, de la composition et de l’état des peuplements, du contexte socio-économique du territoire et de la gestion forestière antérieure. Ils permettent d’appliquer les enjeux associés aux différentes fonctions de la forêt.
Biologiquement plus riches et plus diverses que n’importe quel autre écosystème terrestre, les forêts abritent des milliers d’espèces végétales, animales et fongiques indispensables à la vie sur terre. Préserver la biodiversité est l’une des missions centrales des forestiers de l’Office national des forêts.
En parallèle des actions menées par les gestionnaires forestiers, telles que la conservation d’arbres morts, le marquage d’arbres bio ou encore l’interruption de travaux pendant les périodes de nidification, 230 experts forestiers agissent au sein de six réseaux naturalistes. Ils effectuent de nombreuses missions d’observations et d’études scientifiques afin d’analyser la richesse écologique des espèces présentes en forêt et de contribuer à leur maintien. C’est notamment l’un des objectifs du réseau national Cigogne noire, créé par l’ONF pour assurer la survie de cette espèce migratrice protégée, classée sur la liste rouge des espèces menacées en France.
Une diversité d’actions
Création d’un réseau de réserves biologiques
La réserve biologique domaniale dirigée (RBD) des Deslioure (Hautes-Alpes) abrite l’une des plus grosses populations de chardon bleu d’Europe. Au total, 271 réserves biologiques classées par l’ONF permettent la conservation de milieux et d’espèces remarquables.
Instauré par la Directive européenne « Habitats-Faune-Flore », le réseau Natura 2000 rassemble 27 500 sites identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales et végétales et de leurs habitats. 38% des forêts domaniales et 25% des forêts communales françaises gérées par l’ONF sont classées en site Natura 2000. Présente sur la liste rouge des espèces menacées en France, la cigogne noire bénéficie de cette protection.
Les arbres morts, indispensables à la vie de nombreux insectes, champignons et oiseaux, abritent près de 25% de la biodiversité forestière. Sur chaque hectare, les forestiers de l’ONF s’engagent à préserver un arbre mort, à terre ou sur pied.
Lorsqu’elles sont trop nombreuses, les populations de cervidés consomment les jeunes pousses. Pour rétablir l’équilibre forêt-gibier, des manchons de protection sont installés afin de protéger la régénération naturelle et les plantations de la dent du gibier.
Avec plus de 6 millions d'hectares de forêts publiques en zone tropicale, dont 5,5 en Guyane, la France a une responsabilité particulière pour la conservation de ces espaces qui se caractérisent par une grande diversité biologique. En Guyane, par exemple, on estime les espèces végétales et animales à environ 400 000, avec plus de 1 300 essences d’arbres recensées.
Avec plus de 700 millions de visites par an, la forêt française est un espace très prisé des citoyens. Gérer les forêts, c’est aussi agir pour permettre au plus grand nombre de profiter de ces espaces de loisirs dans le respect des milieux naturels. Cette mission se traduit par la création de sentiers, d’agrès sportifs, de parcours pédagogiques et thématiques.
Dans les forêts péri-urbaines, qui représentent un véritable poumon vert pour des habitants, une attention particulière est également portée à l’équilibre des paysages. En Île-de-France notamment, cette gestion adaptée aux attentes des populations s’est traduite en 2017 par la fin des coupes rases. Autrement dit : plutôt que de couper tous les arbres situés dans une parcelle d’exploitation forestière, les forestiers maintiennent dans ces mêmes espaces un couvert boisé permanent avec des arbres de taille et d’âge différents.
Renouveler les forêts, produire du bois, préserver la biodiversité, accueillir le public : les missions des forestiers ne s’arrêtent pas là. Partout en France, ils agissent aussi en forêt pour prévenir et anticiper les risques naturels. Parmi leurs actions figurent la défense des forêts contre les incendies, la préservation des dunes et du littoral et la restauration des terrains de montagne, pour lutter contre les glissements de terrain, les chutes de blocs et les crues torrentielles en montagne.
Dans l’agglomération Grenobloise, la forêt est un rideau défensif contre les chutes de blocs. Pour faire face à cela, la Métropole travaille depuis plusieurs années avec l’ONF, qui nous accompagne très efficacement sur le suivi des chantiers destinés à entretenir le rôle protecteur de la forêt.
Thierry Loeb,
chargé de mission à Grenoble-Alpes métropole
Les risques naturels peuvent aussi être sanitaires. Scolyte, hannetons, chalarose du frêne, maladie des bandes rouges, chenille processionnaire du chêne et du pin : là aussi, la mobilisation des équipes de l'ONF et de ses partenaires est essentielle pour préserver les forêts des maladies infectieuses et garantir la sécurité des personnes. Une mission qui s’exerce aux côtés des observateurs du département santé des forêts du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.