Faut-il installer un observatoire post-incendie à la suite du feu de Gonfaron ?

Le 16 août 2021, un incendie de forêt s’est déclaré sur la commune de Gonfaron (Var). Il a rapidement pris de l’ampleur en raison de la sécheresse et du vent violent. Le feu a impacté les territoires de 8 communes : La Garde-Freinet, Le Luc, Vidauban, Les Mayons, Le Cannet-des-Maures, La Môle, Grimaud et Cogolin. Dix jours après, le feu était officiellement déclaré éteint. Comment organiser la restauration de ces milieux meurtris ? C'est l'objet d'un travail étudiant.

Fin 2021, l’Office national des forêts (ONF), le Centre national de la propriété forestière (délégation Provence-Alpes-Côte d’Azur), l’Association syndicale libre Suberaie varoise, sous la gouvernance du Syndicat mixte du massif des Maures, ont lancé un appel à projet pour des étudiants, dans le cadre de la phase de restauration des terrains après l’incendie d’août 2021 à Gonfaron.

Il s’agit d’un travail de bibliographie et de prospection auprès d’acteurs du territoire et d’experts afin d’amorcer la réflexion sur la création d’un observatoire post-incendie de Gonfaron. Sept étudiants d’AgroParisTech Nancy se sont investis dans ce travail d’investigation. Le principe d’installer un observatoire pour étudier et suivre différentes modalités de restauration est alors apparu pertinent afin d’apprendre de ce sinistre et de créer les conditions pour progresser à l’avenir.

Gonfaron après le passage de l'incendie. - ©Jean-Louis Pestour/ONF

Un observatoire, kézako ?

Un observatoire est un dispositif expérimental qui permet d’analyser la dynamique d’un milieu dans le temps. Ici, les questions auxquelles cherche à répondre l’observatoire post-incendie sont :

  • Quels sont les enseignements à tirer de l’incendie de Gonfaron, d’une part, concernant l’évolution naturelle des milieux à la suite d'un incendie en fonction de l’intensité et de la récurrence du feu, et d’autre part, à propos de l’efficacité des mesures de restauration des terrains incendiés ?
  • Quelles sont les méthodes de restauration qui répondent au mieux aux différents enjeux présents sur le territoire, sur les court et long termes ?

Focus sur trois semaines de travail étudiant

Les étudiants ont tout d’abord établi un état des lieux préalable : état avant et après incendie, données environnementales existantes, usages présents sur ce territoire.

Ils ont ensuite réalisé une étude bibliographique sur la restauration des terrains incendiés en se posant entre autres les questions suivantes : qu’est-ce qui se fait dans d’autres forêts déjà parcourues par le feu ? Existe-t-il des études en France et/ou à l’étranger sur le sujet ? Quels sont les différents travaux post-incendie envisageables ?

Après avoir analysé ces données, une réflexion a été menée pour orienter les choix d’implantation, de données à suivre et de temps nécessaire pour la mise en place et le suivi d’un observatoire.

Enfin, un travail d’enquête afin de connaître les besoins, les enjeux et attentes des acteurs du territoire a été réalisé. Des entretiens sous forme d’échanges avec les acteurs du territoire se sont déroulés le long de leur projet.

Réflexion
Prise en compte des différents gradients d’intervention (de la non-intervention jusqu’à la reconstitution par plantations) et les différents enjeux de la forêt de façon intégrée : sylviculture, biodiversité, paysage, risques naturels, risques incendie, sécurisation des biens et des personnes, effets induits par les changements climatiques en cours...
Localisation et suivi
Détermination des paramètres clés, données à prendre en compte en fonction des moyens actuels et à venir, technologies utilisables, protocoles, échantillonnage pour réaliser des statistiques, pas de temps nécessaires…
Retours d’expérience sylviculture
Comparaison des modalités de gestion, dans le cadre d’une réflexion prospective préventive qui pourra inclure des dispositifs innovants.

Une action poursuivie en 2022

Plusieurs méthodes à suivre dans le temps ont été retenues. Ce projet étudiant s’apparente à une pré-étude pour la mise en place d’un observatoire post-incendie, qui aura pour objectif de bâtir un réel suivi des méthodes de restauration, crucial pour les appliquer au mieux dans d’autres zones incendiées et acquérir de la connaissance sur leurs effets.

Cela s’inscrit dans une logique d’anticipation, de prévention et de restauration adaptée aux enjeux liés à l’augmentation de la fréquence des incendies, voire des méga-feux, tout en tenant compte de la résilience des forêts face au changement climatique.

Cette action sera poursuivie en 2022 par les différents acteurs pour donner suite à des réflexions sur la gouvernance de ce projet et après un travail plus fin sur le rendu des étudiants pour le rendre opérationnel.

Planche 6 de bande-dessinée : Que se passe-t-il après un incendie ? - ©Cire Illustrateur (collaboration avec l'ONF et le CNPF délégation PACA)

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