Dans la vie d'un service bois

Découvrez le travail d'un service bois à l'Office national des forêts (ONF) en compagnie de Julien Ribière, technico-commercial entre Val de Loire et Poitou-Charentes. Récit à la premières personne.

J’ai intégré la "famille" de l'ONF il y a maintenant 26 ans. Adolescent, j’étais un grand passionné de nature. M’engager dans des études forestières était plutôt une évidence ! Après mon BTS, j’ai passé les concours de l'Office et me voilà aujourd’hui au service du bois Val de Loire Poitou-Charentes.

J’ai fait mes premiers pas dans la forêt en tant que technicien forestier territorial (TFT). Après quoi, j’ai pris une disponibilité. Ce qui permet à un fonctionnaire de cesser l'exercice de son activité pendant un temps donné, sans démissionner. J'ai pris huit ans pour réaliser un projet professionnel qui me tenait à cœur : ouvrir un restaurant avec ma femme !

Ce fut une expérience très enrichissante qui m’a permis de développer des compétences en relation clients, bien utiles dans mon métier actuel. Après cette parenthèse professionnelle, de retour à l’Office, j’ai décidé d’enfiler la casquette de technico-commercial bois.

Julien Ribière explique le fonctionnement des ventes de bois. - ©Nathalie Petrel / ONF

Mes principales missions ? Organiser l’exploitation et la commercialisation des bois façonnés (à distinguer de la vente de bois sur pied). Je prospecte également de nouveaux clients et je conclus ce qu’on appelle des contrats d’approvisionnement.

Il s’agit d’un contrat établi entre l’Office et un client qui transforme les bois que nous lui vendons (scierie, entreprise de bois de chauffage...). Ce type de contrat fixe deux contreparties : d’un côté, la scierie s’engage à acheter une quantité donnée de bois par année ; de l’autre, l’ONF s’engage à fournir les volumes définis.

En parallèle, je recherche aussi des entreprises de travaux forestiers pour les abattages et débardages qui ne sont pas réalisés en interne. Tout cela demande une gestion administrative rigoureuse, de la souplesse et naturellement une certaine fibre commerciale !

Julien et son équipe de techiniciens forestiers vérifient la qualité du bois avant de le classer. - ©Nathalie Petrel / ONF

J'interviens entre le travail de sylviculture et celui de la commercialisation. J’aime me situer à la charnière du cycle du bois. Pour faire honneur au travail de forestiers, je me dois de valoriser ce patrimoine de la meilleure des façons.

Julien Ribière, technico-commercial bois à l'ONF

Entre les ventes, les contrats à rédiger et les rendez-vous clients, je passe le plus clair de mon temps au bureau ou dans ma voiture, pendu au téléphone. Pourtant, ce que je préfère, c’est bien le terrain ! J’aime me rendre sur les sites, constater la qualité des bois et réfléchir à comment les valoriser au mieux. Je mets toujours un point d’honneur à savoir ce que je vends.

Sur les unités territoriales de mon secteur, les ventes concernent autant les résineux que les pins, les douglas ou les chênes. Ce dernier, considéré comme noble, est très prisé en tonnellerie. Sur un même chêne, on peut d’ailleurs dénombrer jusqu’à six qualités de bois différentes, qui ont chacune leur utilisation :

  • les parties de qualité supérieure sont utilisées pour les merrains, le parquet ou les meubles d’artisanat ;
  • celles de qualité moins importante servent, par exemple, à fabriquer des pièces pour les chemins de fer SNCF ou des traverses (poutres) paysagères ;
  • le reste est principalement vendu en bois de chauffage.

Sur les coupes de chênes, une fois les grumes destinées à la merranderie classées, je dois réfléchir aux bois que je vais regrouper afin de proposer des "lots". Pourquoi ? C’est une question d’attractivité ! Si chacun venait choisir tel ou tel arbre qu’il considère le plus "beau", il ne resterait que des grumes de moindre qualité. Il en faut pour tout le monde. Pour autant, chaque arbre proposé répond à un cahier des charges établi au préalable.

Je n’interfère jamais dans l’étape de martelage des arbres. Ce sont mes collègues techniciens forestiers territoriaux qui s’en chargent, en prenant toujours en compte la gestion durable des forêts. J'interviens entre le travail de sylviculture et celui de la commercialisation. J’aime me situer à la charnière du cycle du bois, un peu comme le dernier maillon de la chaîne.

C’est une grosse responsabilité car si je ne place pas chaque arbre dans le meilleur lot pour une utilisation optimale, ce sont des années de sylviculture gâchées. Pour faire honneur au travail de plusieurs générations de forestiers, je me dois de valoriser ce patrimoine de la meilleure des façons pour la filière bois.

Le bois répond à un besoin réel de la société. Ce qui est cocasse, c’est que la plupart des gens n’ont même pas conscience d’avoir du bois chez eux ! C’est un matériau à la fois vieux comme le monde et plus que jamais essentiel pour l’avenir.

Julien Ribière, technico-commercial bois

Les mots à connaître

  • Bois sur pied : lorsque le bois est vendu sur pied, le client fait exploiter lui-même les arbres qu’il a préa-lablement achetés. Le technicien forestier territorial s’assurera que l’ensemble des tiges achetées a été ex-ploité dans le respect de l’environnement et de la vie du peuplement.
    Bois façonné : l’ONF intervient à chaque étape de l’exploitation, de l’encadrement des bûcherons jusqu’à la présentation des bois pour leur commercia-lisation.
  • Tonnellerie : activité de fabrication des tonneaux.
  • Merrains : lattes de bois servant à la fabrication des tonneaux.
  • Merranderie : activité qui consiste à produire des merrains.
  • Martelage : action de marquage des arbres destinés à être coupés.

Envie de connaître plus de définitions forestières ? Rendez-vous sur "La langue des bois", le petit dico de l'ONF ! 

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