Replanter la forêt là où les arbres dépérissent !

Par une magnifique journée automnale d’octobre, 96 élèves de l’école primaire de Villard-Saint-Pancrace, dans les Hautes-Alpes, encadrés par des agents de l’Office national des forêts (ONF) ont pongé les mains dans la terre pour replanter la forêt de leur commune.

"Est-ce que les messieurs en vert sont les lutins du Père Noël ?" C’est par ces mots candides que les enfants des grandes sections de l’école maternelle de Villard-Saint-Pancrace ont fait leur entrée dans la forêt communale où les attendaient trois agents de l’ONF : Edouard Jeandon, Julien Michelas et Bastien Olivier.

Une fois expliqué que ces messieurs en vert devaient les aider à planter les arbres, les enfants n'ont pas été déçus mais au contraire très enthousiastes à l’idée "d’aider la forêt à pousser !"

C’est le Conseil municipal des Jeunes qui est à l’origine de cette action. Nous avons pu la monter grâce à l’ONF. La commune a voulu participer à ce programme car il permet d’implanter dans notre forêt communale de nouvelles espèces et regarder leur comportement en fonction des évolutions du climat.

Sébastien Fine, maire de Villard-Saint-Pancrace.

Remplacer les pins sylvestres dépérissants

C’est dans le quartier dit Saint-Jean que les petits vaillants ont planté les 300 arbres, pour moitié des cèdres de l’Atlas et pour moitié des pins noirs d’Autriche. Ces essences sont particulièrement adaptées aux grandes amplitudes thermiques qu’enregistrent les Hautes-Alpes et seront, on l’espère, dans 60 à 80 ans à venir, bien accommodées au changement climatique.

En effet, le pin sylvestre supporte mal ces bouleversements climatiques, ces plantations d'essences mieux adaptées permettront d'adapter la forêt.

Après avoir encadré les enfants pour ces plantations pédagogiques, les équipes de l'ONF assurent près des deux-tiers de la plantation, soit 500 arbres sur les 800 prévus.

Le technicien forestier distribue les plants aux enfants - ©Claudine Usclat

Edouard Jeandon attire l’attention des enfants sur un petit insecte, le scolyte, capable de ravager plusieurs hectares de pin sylvestre en quelques mois et qui s’est attaqué aux arbres de cette parcelle.

Pour leur faire comprendre, il compare le pin sylvestre à un boxeur recevant plusieurs coups de poing.

  • Le premier : le dérèglement climatique. Il supporte mal les sécheresses estivales de plus en plus fréquentes.
  • Deuxième coup : alors que pin est affaibli, le gui s’installe et lui pompe la sève.
  • Troisième coup : le scolyte, ce petit insecte qui attaque par nuée de plusieurs milliers d’individus, dont les larves creusent des galeries sous l'écorce et épuisent l'arbre. De plus, à cause du réchauffement climatique il se reproduit de plus en plus vite…

Dans plusieurs zones, les pins sylvestres morts ont été coupés. Ils serviront de bois de chauffage aux habitants de la commune.

Ce petit insecte, le scolyte, est capable de ravager plusieur hectares en quelques mois - ©Claudine Usclat

Des consignes précises pour mieux planter !

Les trois forestiers de l’ONF distribuent les plants et les pelles. Les trous dans le sol devant accueillir les petits arbres sont matérialisés par de petits drapeaux de couleur orangée. C’est l’association de Pierre Vaultier Tree2Forest qui a fourni les petits drapeaux et les pelles pour les enfants. La consigne est donnée aux enfants : on plante par groupe de deux, chacun un arbre en s'entraidant. L'un des enfants tient le plant bien droit tandis que l’autre recouvre de terre en faisant très attention à ne pas casser de branches. Ensuite, il faut bien tasser la terre puis enlever le drapeau et le donner à un adulte. Enfin, au fur et à mesure de la plantation, il faut être très précautionneux afin de ne pas marcher sur les jeunes plants devenus quasi invisibles ! Quand le binôme a terminé il peut revenir chercher deux nouveaux plants… jusqu’à épuisement des stocks !

Les enfants sont motivés!

Les enfants s'affairent, petits arbres à la main, à la recherche des trous. "J’aime bien aider la nature. Planter c’est marrant, j’avais jamais planté un arbre avant, c’est cool", sourit Zia, élève de CE2. "C’est une belle opération j’ai hâte de voir le résultat ! Dans 2 ans ils seront grands, près de 3 mètres !" s’enthousiasme Joachim en CE2 également. "Planter des arbres pour la forêt c’est important, ça nous permet de mieux respirer. Je suis content de participer", renchérit Tom en CM1.

Planter des arbres ça rend la forêt jolie. J’adore la nature et y passer du temps, ça sent trop bon.

Anaïs en CE2

Informer, rassurer, expliquer

Personne ne craint de mettre les mains dans la terre, de tasser, de pelleter, mais on s’inquiète et s'informe pour savoir ce qu’on plante : cèdre ou pin ? Des questions naissent : "Tu crois qu’il aura assez de soleil pour pousser parce que les autres arbres sont grands ?" "Est-ce qu'il ne risque pas de se faire manger par les chevreuils ?"

Edouard, Julien et Bastien rassurent, informent, expliquent et affirment : "les chevreuils ne mangeront pas les jeunes plants mais cela n’empêchera pas certains de dépérir car les chevreuils se frotteront à eux et trop fragiles, les petits arbres risquent de ne pas supporter".

Les professeurs des écoles, quelques parents parfois épaulés des grands frères, prêtent main forte, conseillent, et participent à l'organisation de l’action. En une heure trente à peine, les 300 arbres auront été plantés, ce qui a laissé le temps aux trois agents de l'ONF d’expliquer leur métier et leur action au sein de la forêt. Une belle journée pour l'avenir de la forêt et des enfants !

Le métier de forestier expliqué aux enfants...

Pour terminer, Julien raconte son métier aux enfants attentifs... Les enfants sont curieux de savoir "ce qui est le plus dur ?" Il témoigne : "le métier de forestier peut être physique, on doit parfois accéder à des endroits en hiver où on ne peut aller qu’en ski de randonnée ou en raquettes. Mais j’ai un "bureau" pas comme tout le monde non ?!" Julien explique aussi la nécessité de récolter les arbres pour avoir du bois qui est utilisé dans de nombreuses activités, principalement la construction et le chauffage.

"Mais comment couper un arbre alors qu’il y en a plein autour ?" C’est tout l’art du bûcheron ! "Le bûcheron c’est le destructeur de la forêt", lance un enfant revendicatif. "Non, répond Julien, les bûcherons ne coupent que le bois nécessaire aux scieries. Nous, les forestiers, marquons les arbres à couper en respectant des règles bien précises. On ne coupe pas tous les arbres et on en replante au fur et à mesure. Cela n’a rien à voir avec la déforestation subie dans d'autres pays du monde." Un échange riche pour expliquer ce qu’est réellement la déforestation et la gestion forestière durable.

©Claudine Usclat

Un partenariat Commune, Région et Office national des forêts

L’ONF a rempli le dossier de subvention auprès de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur qui a financé l'action à hauteur de 40% dans le cadre de l’opération "Un million d’arbres". Restent à la charge de la commune de Villard-Saint-Pancrace 60% du montant.

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