Renaturation de cours d’eau : quand services écosystémiques riment avec sécurité

En forêt domaniale de Rumilly (Aube), le Syndicat départemental des eaux de l’Aube, l’Agence de l’eau Seine-Normandie, l’Office national des forêts (ONF) et les élus locaux renaturent le ru Vérien. Objectif : rendre au cours d’eau le fonctionnement naturel dont on l’a privé il y a quelques décennies.

En octobre 2020, la première tranche de travaux de renaturation du ru Vérien en forêt domaniale de Rumilly a été achevée. Ce ruisseau a été rectifié dans les années 70-80, comme les autres ruisseaux forestiers du bassin versant, pour "drainer et assainir les peuplements forestiers". Cette simplification du tracé a entrainé des débordements du ruisseau lors des crues, inondant les zones habitées en aval, puisque plus rien ne venait freiner les écoulements (tracé droit, lit érodé…).

Un partenariat entre le Syndicat départemental des eaux de l’Aube, l’Agence de l’eau Seine-Normandie, l’ONF et les élus locaux a permis d’échafauder un plan global de renaturation du bassin versant. Ce projet vise à ralentir et retenir un temps les eaux dans le bassin forestier amont, afin de permettre le retour à un fonctionnement naturel du cours d’eau et ainsi, éviter l’inondation des secteurs urbanisés régulièrement endommagés par les crues. Le ru Vérien est le premier ruisseau en forêt domaniale de Rumilly à bénéficier de ces aménagements.

Au programme : redirection des eaux vers d’anciens méandres forestiers aujourd’hui déconnectés du ruisseau principal, et remontée du fond sédimentaire par création de dispositifs favorisant le dépôt des éléments minéraux charriés par le courant (seuils enrochés, systèmes de rétention d’embâcles). En résumé : rendre au cours d’eau le fonctionnement naturel dont on l’a privé il y a quelques décennies.

Déflexion des eaux de crues vers les anciens méandres forestiers par création volontaire d’embâcles. - ©Johan Leseurre / ONF

Après une phase de test en 2018 sur 200 mètres, un premier tronçon de 1,3 kilomètre a été aménagé en octobre 2020 pour un montant de 18 100 €, financé en intégralité par le SDDEA et l’Agence de l’eau. Les travaux sont divisés en trois phases (3,8 kilomètres au total), afin de laisser le temps au ruisseau de "réagir" avant le début de la phase suivante. La possibilité d’adapter le plan des travaux à venir est donc laissée en fonction de l’évolution du cours d’eau après exécution des tranches précédentes.

Au final, c’est bien la dynamique naturelle d’érosion-sédimentation du ruisseau qui, avec un petit coup de pouce, lui permettra de revenir vers un fonctionnement naturel. Côté forestier, on espère également que retenir l’eau en forêt (via une nappe souterraine circulante, connectée au cours d’eau, plus proche de la surface) sera bénéfique pour les peuplements arborés qui souffrent des sécheresses estivales qui se sont accentuées ces dernières années.

Rendre au cours d'eau son fonctionnement naturel

Ce travail est un volet du plan de renaturation de l’intégralité du bassin versant, et s’accompagne dans un avenir proche d’aménagements du bassin agricole (aménagement de haies brise-crues), et d’un autre ruisseau forestier à renaturer en forêt domaniale.

En intervenant sur les terrains domaniaux (où les enjeux sont modérés comparé à ceux de la préservation des zones habitées) et en mobilisant des moyens relativement modestes, l’ONF et le SDDEA souhaitent montrer que cette approche basée sur les services écosystémiques peut dans des situations similaires, être facile à mettre en place dans une optique de développement durable des territoires.

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