Alertes aux parasites en Bretagne et dans le Limousin

Un champignon particulièrement virulent a fait l’objet d’un rapport de l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et a entrainé la coupe rase de 50 hectares de mélèze dans le Finistère. Dans le Limousin, 80 foyers à scolytes sont placés sous surveillance avant l’arrivée du printemps.

Le Phytophthora ramorum : un champignon connu pour sa virulence

L’année débute avec deux alertes sanitaires en Bretagne et Limousin. Le Phytophthora ramorum - un champignon détécté pour la première fois en mai 2017 dans la forêt des Monts d'Arrée (Finistère) - est redoutable et nécessite la mise en place d’une surveillance renforcée. Le danger est bien réel, comme l’atteste l’avis publié fin février par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur les risques que présente « cet agent phytopathogène de quarantaine». Il n’existe à l’heure actuelle aucun moyen de lutte, la coupe rase est la seule solution en cas d’attaque du champignon.

Détecter d'éventuels nouveaux foyers

Deux souches différentes existent : une américaine, qui s’est attaqué à des chênes dans les années 90, et une européenne (identifiée en Angleterre et en France). La souche européenne ne touche actuellement que les mélèzes du japon y compris en Angleterre. Depuis la détection de ce premier foyer, les autorités sanitaires multiplient les surveillances afin de détecter d’éventuels nouveaux foyers. En Bretagne bien sûr mais aussi en Normandie, des régions avec un climat tempéré particulièrement favorable au développement de ce champignon, mais aussi dans le Limousin ou dans les Cévennes, régions à fortes proportions de mélèzes ou de châtaigniers.

Les experts se sont également interrogés sur la vulnérabilité de certaines autres espèces. Pour l’instant, aucun autre foyer n’a été signalé. En Angleterre, où le pathogène est présent depuis 2009, il n’a fait des dégâts que sur les mélèzes du Japon et a potentiellement entrainé la mort de quelques châtaigniers qui étaient déjà fortement malades (encre, chancre) ; sur ces autres essences le Phytophtora ramorum apparait comme pathogène secondaire, c’est-à-dire qu’il permet une mort plus rapide par cumul de pathologies.

J’ai eu la désagréable surprise de découvrir des mélèzes du Japon frappés par la maladie sur une cinquantaine d’hectares. Les arbres dominants présentaient de fortes descentes de cimes et des rougissements brutaux.

Laurence Roche, technicienne forestière et correspondante observatrice pour le Département santé des forêts

4 000 ha de pessières attaquées par les scolytes dans le Limousin

Les scolytes creusent des galeries entre le bois et l'écorce. Ils empêchent ainsi la circulation de la sève ce qui finit par tuer l'arbre en quelques mois - ©T. Triballier / ONF

Cet automne, 80 foyers de bois scolytés ont été identifiés par les forestiers en forêt publique. L’hiver peu rigoureux, couplé à un printemps peu arrosé, peuvent fournir les conditions d’une explosion des populations. Il suffit de trois jours à 17 degrés pour réactiver les insectes et ces derniers peuvent parcourir jusqu'à 4 km en une journée.

Depuis ce début d'année, des premières coupes sanitaires ont déjà été réalisées sur 8 ha en forêts de Maupuy et Longeyroux. Une surveillance renforcée s’organise pour suivre de près la propagation des scolytes, en couplant le survol en drone des zones infectées avec des images du satellite « sentinel-2 ». Les images multi-spectral fournies par le satellite devraient permettre de suivre l’évolution des attaques scolytes sur une grande échelle. C’est un premier test de valorisation de ces images dans le cadre sanitaire. 

La multiplication des échanges internationaux et les évolutions climatiques offrent des conditions de plus en plus favorables au développement d’attaques parasitaires. Les forestiers sont les premiers lanceurs d’alerte sur l’état de santé de la forêt.

Xavier Mandret, coordinateur santé des forêts pour l’ONF en Centre-Ouest-Aquitaine