Une étude du hanneton forestier en forêt indivise de Haguenau
Pour mener cette étude sur les hannetons, des pièges à attractif ont été installés à divers endroits en forêt indivise de Haguenau. Deux dispositifs (ChaferTrap en jaune et MasTrap en gris) et deux types d’attractifs différents (kairomones) sont testés durant toute la période de ce grand vol.
Les pièges ont été disposés suivant une cartographie d’aire de présence potentielle, réalisée au préalable. L’objectif de cette étude test est de voir si cette méthode peut être généralisée au territoire national. Le suivi actuel des populations de hanneton est chronophage car il prévoit le creusement de fosses sur les secteurs étudiés.
Le saviez-vous ? Les hannetons...
Les hannetons (forestiers et communs) sont des coléoptères connus pour les dommages infligés aux écosystèmes forestiers européens. Les adultes provoquent des défoliations spectaculaires ; les larves, en se nourrissant des racines des arbres, occasionnent des dégâts importants dans les parcelles en régénération et entraînent probablement un dépérissement chez les arbres adultes, en combinaison d’autres facteurs (sécheresse, changements climatiques, etc.).
Alors que les pays d’Europe de l’Est sont confrontés à des infestations récurrentes depuis les années 1960, en France la situation semble être passée d’endémique à épidémique dans les 15 dernières années. Des impacts sévères ont été signalés dans les forêts publiques de Picardie (25 000 ha), des Vosges du Nord (26 000 ha) et de Haguenau (13 400 ha).
En milieu forestier, on rencontre deux espèces : le hanneton forestier (Melolontha hippocastani), plutôt en cœur de massif et le hanneton commun (Melolontha melolontha), plutôt en lisière.
Le cycle biologique du hanneton forestier s’étend sur 4 ans et celui du hanneton commun sur 3 ans. Ils comportent classiquement deux phases distinctes : une phase adulte aérienne très courte (3 à 6 semaines) et une phase larvaire souterraine beaucoup plus longue (3 à 4 ans). Autrement dit, l’essentiel de la vie des deux espèces se déroule sous terre. De ce fait, certains dégâts en forêt, sur la régénération des peuplements, par exemple ne sont pas associés immédiatement à la présence du hanneton.
L’installation des pièges a été permise grâce à l’évaluation de la zone de présence du hanneton selon trois gradients d’infestation (fort/ moyen/ faible), à dire d’expert, selon les techniciens forestiers locaux. Ce sont les dégâts causés à la végétation qui permettent de classifier une zone dans l’un des trois gradients. Ils peuvent être :
- des défoliations causées par les insectes adultes volants au niveau des peuplements de feuillus (généralement le chêne, plus appétent pour le hanneton) ;
- des consommations racinaires par les larves. Ces dégâts sont évalués soit par "road sampling" (détection de zones dépérissantes lors de passages véhiculés), soit par creusement de fosses selon un maillage bien quadrillé (année précédant le vol, lorsque les larves sont au stade L3, avant la nymphose).
Les objectifs de l'étude
- Créer une méthodologie de surveillance de population des insectes.
- Permettre une répétition de la méthode pour les vols à venir sur le territoire nationale.
- Obtenir un outils supplémentaire dans la gestion de la crise des hannetons.
Réalisation de la cartographie d’aire de présence potentielle
Ce travail d’enquête a été réalisé par Alexis MOCHEL, stagiaire en Master 2 « Agroscience Environnement Territoire Paysage et Forêt » (AgroParisTech, Nancy), missionné pendant six mois sur le sujet, assisté des personnels de l’Unité Territoriale de Haguenau, Irène BEE (Cheffe du Service Forêt – Agence Nord-Alsace) et supervisé par Hubert SCHMUCK (Correspondant Santé des forêts ONF), Stéphane BRAULT (RDI ONF) en lien avec Hervé JACTEL (Directeur de recherche à l’INRAe Bordeaux) ainsi que le réseau Santé des forêts durant le mois d’avril 2022.