“Le clan des irréductibles” : quand Paul Newman et Henry Fonda coupent du bois

En partant d'un ouvrage brillant sur la vie difficile d'un clan de bûcherons de l'Oregon, le film réalisé par Paul Newman en 1971 met en scène un métier rude et passionnant. Un classique à revoir à l'occasion de la Journée internationale des forêts.

C’est l’acteur Paul Newman qui est à l’initiative, en 1970, de l’adaptation cinématographique de "Sometimes a great notion" (en français "Et quelquefois j’ai comme une grande idée"), second roman de Ken Kesey. Son premier roman a été également adapté au cinéma : c’est le célèbre "Vol au-dessus d’un nid de coucou" mis en scène par Milos Forman. La réalisation est confiée à un jeune réalisateur venu de la télévision, Richard A. Colla qui est rapidement remercié au début du tournage. Il sera remplacé au pied levé par Paul Newman qui réalise ainsi son deuxième film.

Le film se déroule au cœur des immenses forêts de l'Oregon où la famille Stamper, bûcherons accrochés à leurs certitudes et soudés face à un mouvement de grève, voit se former autour d'elle une coalition de haines grandissantes. Henry Fonda y incarne le patriarche intransigeant d’un clan de forestiers briseurs de grève. Paul Newman se réserve le rôle de Hank, le frère aîné de la famille.

Le film montre l’univers rarement évoqué au cinéma de bûcherons de l’Oregon dont les auteurs décrivent avec minutie et réalisme le travail, les coutumes et la vie quotidienne.

Les scènes d’abattage d’immenses séquoias et les descentes de grumes de bois sur la rivière explorent sous un prisme quasi-documentaire le travail dur, âpre et dangereux du métier. Certaines affiches du film en 1971 mentionnent la marque des tronçonneuses utilisées par les acteurs. Pour l'anecdote, Paul Newman utilise une des premières tronçonneuses thermiques au monde mises sur le marché en 1968 par la société américaine McCulloch.

D’autres films qui envoient du bois

Les films évoquant l’univers des bûcherons ne sont pas légions dans l’histoire du cinéma, et "Le clan des irréductibles" s'inscrit parmi les grands. Nous citerons le très beau film de Felix E. Feist avec Kirk Douglas "La Vallée des géants" (The Big Trees) réalisé en 1952 : une âpre lutte entre bûcherons et Quakers dans un décor de forêts de séquoias.

Et dans la même veine "Tonnerre sur Timberland" (Guns Of The Timberland) de Robert D. Webb réalisé en 1960. Un film qui présente des scènes "documentaires" mettant en avant le spectaculaire travail d’abattage des arbres dans le nord-ouest des États-Unis.

Paul Newman, acteur et réalisateur

Paul Newman est connu comme un des grands acteurs hollywoodiens des années 1960-70. Sa filmographie est des plus éclectiques : de "La Chatte sur un toit brûlant" où il donne la réplique à Elizabeth Taylor en 1958 au "Gaucher" d’Arthur Penn où il incarne Billy the Kid, joueur de billard dans "l’Arnaqueur" de Robert Rossen de 1961, pilleur de banques dans le western "Butch Cassidy et le Kid" avec Robert Redford en 1969…

Paul Newman réalisera quatre films : "Rachel, Rachel" en 1968, "De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites" en 1972, "L'Affrontement" en 1984 et "La ménagerie de verre" en 1986.

Le roman à l'origine du film...

©Editions Monsieur Toussaint Louverture, en France

"Et quelque fois j’ai comme une grande idée", dont est tiré "Le clan des irréductibles", est un roman magistral qui décrit minutieusement le travail des bucherons de l’Oregon. Le roman n’est cependant pas une étude sociologique sur ce milieu, ses difficultés économiques, même si c’est parfois le moteur de l’histoire. C’est avant tout le récit d’une relation d’amour et de haine entre les deux frères, d’une lutte qui affectera et emportera tous les membres du clan.

Ken Kesey, qui signait là son deuxième ouvrage qu’il considérait comme son meilleur livre, rédige dans un style étourdissant. Il ne se lit pas sans effort : le récit est choral, l’auteur passe d’un personnage à l’autre, d’une narration indirecte à une voix intérieure. C’est brillant, âpre, c’est une tragédie grecque dont on aurait équipé les héros de tronçonneuses !

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