Plan France Relance : l'ONF récolte des cônes de pins d'Alep, plus résistants au changement climatique

En forêt communale de Lorgues, l'Office national des forêts (ONF) a récolté des cônes sur un peuplement classé de pins d'Alep. Une opération réalisée dans le cadre du plan France Relance de l'Etat visant à reboiser les forêts françaises avec des essences plus résilientes.

A la mi-janvier 2021, en forêt communale de Lorgues (Var), les équipes de l’Office national des forêts (ONF) dans les Alpes-Maritimes et le Var ont finalisé la récolte de matériel forestier de reproduction (MFR) sur un peuplement classé de pins d’Alep. Une opération répondant à l’augmentation de la demande en jeunes plants en lien avec le plan France Relance de l’Etat visant à reboiser 45 000 hectares de forêts.

Dans ce contexte, le service Graines et Plants de l’ONF avait lancé fin 2020 une enquête pour évaluer les potentialités de récoltes en graines des deux essences présentes au sein de la direction territoriale Midi-Méditerranée (qui réunit l'Occitanie et la région Sud - Provence-Alpes-Côte d'Azur) : le pin pignon et le pin d’Alep. Par ailleurs, ce dernier supporte mieux la sécheresse et le changement climatique que d’autres essences. Les résultats de l'enquête ont révélé un fort potentiel de récolte en 2021 dû à une fructification importante.

Cônes, pin d'Alep. - ©Alexandre Girardot / ONF

Comment se déroule cette récolte ?

Après déclaration de la récolte auprès de la DRAAF et accord de la mairie de Lorgues, le service Graines et Plants de l’ONF a dépêché une équipe de quatre grimpeurs afin de récupérer les cônes, ou pommes de pin, arrivés à maturité à la cime de ce peuplement classé. Une mission délicate où ils se sont hissés à la cime des arbres, souvent à une hauteur de plus de vingt mètres. Cette opération s’inscrit dans un cadre très réglementé. En plus du suivi du chantier, il a été nécessaire de procéder à la certification de la récolte par étiquetage et pose de scellés sur chacun des sacs de graines. 

Au total, cette campagne a permis de récolter quinze hectolitres de cônes de pin d’Alep fertiles, qui ont ensuite été pris en charge par la sécherie de la Joux en Franche-Comté. Les graines ont ensuite été extraites après séchage des cônes de pin.

Lorsque Xavier Ravaux, le forestier de l’ONF qui s’occupe de notre forêt, a sollicité la commune pour cette opération de récolte de graines, nous avons accepté sans hésiter. C’est un très beau projet ! Lorgues est fière de la qualité de ses pins d’Alep et de savoir qu’ils vont pouvoir contribuer au boisement et à la reconstruction des forêts d’autres régions, notamment dans l’Est et en Haute-Savoie.

Jean-François Humblot, adjoint à l’environnement de Lorgues.

La récolte en images...

Aucune crainte concernant la régénération naturelle de la forêt. La récolte hivernale représente une faible proportion de la production annuelle. Les arbres possèdent donc encore un stock de graines suffisant pour permettre un ensemencement naturel, mais également pour nourrir les écureuils friands de pommes de pin.

Après séchage des cônes et extraction des graines, la mise en culture de ce matériel forestier de reproduction permettra d’obtenir de jeunes plants de pin d’Alep. Ceux-ci seront utilisés en plantations pour des reboisements dans toute la région méditerranéenne dans le cadre du plan France Relance.

Le fait d'avoir pu être choisi et de pouvoir récolter des graines de pin d'Alep nous rend très enthousiastes. C'est un atout supplémentaire pour le renom de Lorgues qui, en plus, a été élue "Petite Ville de Demain" avec un projet de développement durable ambitieux.

Jean-François Humblot, adjoint à l’environnement de Lorgues.

Le bois du pin d’Alep revalorisé

Le bois d’œuvre du pin d’Alep trouve une nouvelle vocation avec son intégration dans la norme sur les règles d’utilisation du bois dans la construction. Sa prise en compte dans la NF B52-001, actualisée le 14 avril 2018, lui ouvre un potentiel pour une mise en œuvre dans la structure des bâtiments, s’agissant de charpente ou d’ossature bois. La reconnaissance normative du pin d’Alep est le fruit de travaux initiés en 2014 à la suite de la collaboration Forestiers publics et privés et Région Sud PACA. Cette essence typique des forêts méditerranéennes retrouve ainsi une voie de valorisation digne de son rang. Ainsi, cette ressource locale peut être transformée localement pour divers usages indispensables à une transition écologique créatrice d’emplois locaux.

Le pin d'Alep, une essence autochtone

Le pin d’Alep, contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, est une essence d’arbre autochtone. La pinède à pin d’Alep est bien souvent un élément constitutif du paysage provençal. À Lorgues, cette essence occupe la majeure partie des 44 hectares de la forêt communale, recouvrant la colline de Saint Ferréol. Les qualités génétiques de cette pinède ont motivé le classement de la forêt communale de Lorgues par le ministère de l’Agriculture et de l'alimentation au titre de la réglementation sur le matériel forestier de reproduction.

Depuis 2002, la pinède de Saint Ferréol a donc intégré le cercle restreint des peuplements sélectionnés pour la récolte de graines. En France, seulement cinq forêts communales renferment un peuplement sélectionné de pin d’Alep. Trois dans les Bouches-du-Rhône, une dans le Vaucluse et enfin la forêt communale de Lorgues dans le Var.

Les Lorguaises et Lorguais ainsi que les vacanciers sont très attachés à ce massif forestier d'autant plus qu'il est riche en patrimoine rural (chapelle du XIII-XIXe s. avec musée d'art sacré et ex-voto, ermitage, chemin de croix du XVIIIe s., four à chaux, parcours de santé, cabanon provençal, chemin de découverte, corniche, etc.).

Jean-François Humblot, adjoint à l’environnement de Lorgues.

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