L’ONF mène un inventaire complet pour recenser les oiseaux de la forêt de Fontainebleau

Pour protéger les oiseaux encore faut-il bien les connaître. Depuis 2018, l’Office national des forêts (ONF) mène un inventaire ornithologique complet sur le massif de Fontainebleau. Depuis 4 ans, 8 campagnes hebdomadaires sont réalisées, mobilisant sur le terrain les forestiers naturalistes du réseau avifaune. Au total, ils étudieront 360 points d’écoute.

Le massif forestier de Fontainebleau abrite une biodiversité remarquable, du fait notamment de ses paysages variés qui offrent refuges et nourriture à de nombreux oiseaux. Chaque printemps depuis 2018, les ornithologues du réseau Avifaune de l’ONF le parcourent et y recensent tous les oiseaux. Cet inventaire ne se veut pas sélectif : de la Fauvette pitchou au Gobemouche noir en passant par la Mésange charbonnière ou encore le Pouillot de Bonelli, toutes les espèces font l’objet d’une attention particulière.

C’est un suivi complet et reproductible à l’échelle du massif. Cette étude étalée sur 4 ans vise à améliorer les connaissances sur les populations d’oiseaux : espèces présentes, abondance et répartition. En 2021, l’ONF programme deux campagnes hebdomadaires durant la période de reproduction : la première en avril et la seconde en mai. Effectuées à la même saison, au moment où les oiseaux sont les plus actifs, elles s’appuient sur un protocole précis et effectué à l’identique.

Avec son cahier et son stylo, le forestier-naturaliste écoute et relève la présence d'oiseaux dans la forêt. - ©ONF

Comment se déroule l’inventaire

L’inventaire ornithologique suit la méthode dite Indice ponctuel d’abondance. Les équipes placent des points d’écoute sur une cartographie GPS, espacés de 300 à 500 mètres les uns des autres. Sur le massif de Fontainebleau, 360 points d’écoute ont été choisis afin de représenter au mieux les différents habitats naturels : landes et pelouses sèches, peuplements forestiers jeunes ou matures, réserves biologiques, chaos rocheux. Les comptages débutent une demi-heure après le lever du soleil, puis se terminent vers 10 heures.

Sur chaque point, les ornithologues relèvent pendant 20 minutes tous contacts avec les oiseaux, qu’ils soient visuels ou auditifs : chants, accouplements, parades nuptiales, tambourinages, construction de nid… Leur chant reste l’indice le plus précis pour détecter la présence d’oiseaux. Chaque espèce a le sien : excepté pour le Rouge-gorge, c’est le mâle qui chante, célibataire et disponible. Des cris et piaillements que l’oreille aiguisée des naturalistes reconnaît grâce à plusieurs années d’entraînement.

Une fois l’animal identifié, l’espèce et le nombre sont retranscrits sur des tableaux en vue d’établir l’évaluation statistique et géographique. Une analyse de la patrimonialité (espèces protégées ou en danger) des cortèges d’oiseaux en fonction des milieux peut alors être établie.

Rougequeue à front blanc. - ©DR./ONF

A quoi vont servir les résultats

Attendus à la fin de l’année, les résultats de cette campagne nourriront les bases de données naturalistes de l’ONF et celle de l’Inventaire national du patrimoine naturel porté par le Museum national d’Histoire naturelle.

Transcrits dans un rapport détaillé, ces indicateurs aideront l’ONF à mettre en place les prescriptions environnementales et les mesures conservatoires qui s’appliqueront dans la gestion forestière courante. En effet, les données fournies permettent d’adapter la sylviculture en fonction des espèces présentes.

Autrement dit, si telle ou telle espèce présente est considérée comme menacée, les travaux sylvicoles qui seraient planifiés intégreront toutes ces données pour les protéger. Certaines actions spécifiques peuvent également être mises en œuvre en faveur de ces espèces : entretien de landes à callune pour la Fauvette pitchou* par exemple.

La Fauvette pitchou : un oiseau menacé en Île-de-France

La Fauvette Pitchou - ©Julien Thurel / ONF

Ce petit oiseau se reproduit uniquement en milieu non boisé (landes, pelouses) ; sa reproduction devient alors impossible si le milieu se boise. D’après une étude réalisée en 2019 par les équipes de l’ONF et de l’association des naturalistes de la vallée du Loing et du massif de Fontainebleau (ANVL), il ne reste aujourd’hui qu’une trentaine de couples sur le massif de Fontainebleau ce qui représente plus de 90% de la population francilienne. La conservation des landes constitue donc une priorité forte pour la survie de cette espèce.

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