Immersion au cœur des forêts pyrénéennes en mutation
Le mercredi 23 juillet, l’Office national des forêts a convié plusieurs médias à une journée d’immersion dans les forêts pyrénéennes, confrontées à des bouleversements majeurs. Objectif : sensibiliser aux enjeux du renouvellement de la sapinière pyrénéenne, fragilisée par le changement climatique et la pression de la faune sauvage.
Immersion au cœur des forêts pyrénéennes en mutation
Une rencontre au sommet, au cœur du massif de Gar-Cagir-le-Mourtis
C’est à la cabane de chasse du Col de Menté, en forêt communale de Boutx, qu’a débuté la journée. Autour d’un café, forestiers, élus locaux et représentants des chasseurs ont accueilli les journalistes venus de l’AFP, du Parisien, de La Dépêche du Midi, de France 3 Occitanie et d’ICI Occitanie.
Parmi les intervenants : Hervé Houin, directeur territorial ONF Midi-Méditerranée, Jean-Lou Meunier, directeur de l’agence Pyrénées-Gascogne, Denis Feuillerat responsable aménagement et Damien Laisne, technicien forestier.
Etaient invités Denis Martin, président des Communes forestières de Haute-Garonne, et Jean-Bernard Portet, président de la Fédération des chasseurs du département.
Un phénomène silencieux mais bien réel
Hervé Houin a introduit la journée par un état des lieux préoccupant des forêts pyrénéennes.
Les signes de dépérissements ne sont peut-être pas encore très visibles ici, mais le processus est bien là. Nous assistons à une “tempête silencieuse” et nous devons anticiper si nous voulons que la forêt continue à remplir ses multiples fonctions.
Sur les 90 000 ha de sapinières dans les Pyrénées (y compris les peuplements mixtes avec le hêtre), plus de 10 000 ha sont menacés à court terme. Le phénomène s’intensifie d’ouest en est, avec des zones particulièrement touchées dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales.
Denis Martin, président des Communes forestière de Haute-Garonne a rappelé que ce phénomène dépasse les frontières françaises. L’Espagne, le Portugal et Andorre sont également touchés. Ensemble, ils ont lancé le projet Interreg SUDOE COOPTREE, visant à développer une expertise commune sur l’adaptation des forêts au changement climatique. Il a souligné l’engagement des Communes forestières dans ce projet de coopération transnationale pour la préservation et la résilience des forêts du sud-ouest européen.
Sur le terrain : entre dépérissement et expérimentations
La matinée s’est poursuivie par une tournée de terrain, sur plusieurs sites.
Premier arrêt : la forêt domaniale des Arguts, où les participants ont pu observer un chantier d’exploitation d’épicéas dépérissants. Un peu plus loin, des tests de plantation de cèdres ont été présentés, protégés par des enclos grillagés pour éviter les dégâts causés par les ongulés.
Dans la forêt communale de Boutx, un autre dispositif d’enclos a illustré les enjeux de cohabitation entre la forêt et la faune sauvage. Ces installations visent à favoriser la régénération des peuplements forestiers, mise à mal par une pression animale excessive.
Quelques illustrations
Signes de dépérissement sur ces rameaux de sapin
Le dépérissement se manifeste par le rougissement des extrémités des rameaux.
A l'intérieur de l'enclos à droite de la clôture, de nombreux jeunes sapins se sont installés alors qu'aucune régénération n'est présente à l'extérieur de l'enclos.
Faune sauvage et régénération forestière : un équilibre à trouver
Les forêts abritent une faune diversifiée, incluant notamment cerfs, chevreuils et sangliers qui jouent un rôle dans l'écosystème. Cependant un déséquilibre entre les populations d'ongulés et les forêts affecte leur biodiversité et la capacité des forêts à se renouveler, que ce soit naturellement ou par le biais de plantations.
Le cerf, disparu au XVIIe siècle, a été réintroduit dans les années 1960, d’un commun accord entre chasseurs et forestiers. Aujourd’hui, les populations ont tellement augmenté qu’il faut réguler pour préserver la forêt. Nous y travaillons activement, et nos efforts porteront bientôt leurs fruits.
Jean-Bernard Portet,
président de la fédération des chasseurs de Haute-Garonne
Une presse attentive et concernée
La matinée s’est conclue par un buffet déjeunatoire convivial à la cabane de chasse. Les nombreuses questions posées par les journalistes ont témoigné d’un réel intérêt pour ces problématiques complexes. Tous ont salué la clarté et la pédagogie des intervenants de l’ONF.
