Forestiers, naturalistes et élus réunis dans le massif du Semnoz pour parler dépérissement forestier

Le 11 juin dernier, une trentaine d’acteurs de la forêt se sont réunis dans le massif du Semnoz en Haute-Savoie pour échanger autour du dépérissement des forêts. Coorganisée par les communes forestières de Haute-Savoie, France Nature Environnement (FNE), la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et l’ONF, cette journée avait pour but de comprendre les enjeux de chacun et de construire ensemble des pistes d’action.

S’unir pour les forêts de demain. Forestiers de l’ONF, associations naturalistes (LPO, FNE), Parc naturel régional des Bauges, groupements sylvicoles et représentants des communes forestières (Cofor) se sont donnés rendez-vous en juin dernier pour croiser leurs regards sur le dépérissement forestier.

Tous avaient les mêmes objectifs : enrichir les pratiques grâce à la diversité des approches, partager des pistes d’action et instaurer un dialogue constructif autour de l’exploitation forestière dans un contexte de changement climatique.

C’est important de réunir les associations de protection de la nature et les gestionnaires forestiers pour que chacun puisse s’écouter et comprendre les enjeux de l’autre.

Jessica Masson, directrice des communes forestières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Le terrain pour se projeter ensemble

La matinée a débuté par une tournée sur le terrain dans les forêts communales d’Annecy et de Sevrier, guidée par Pierre Paccard (responsable ONF de l’unité territoriale d’Annecy), Julien Masse-Navette (technicien forestier ONF) et Laura Appay (technicienne forestière ONF).

Tous les trois se sont succédé, accompagnés d’Olivier Baubet (chef du pôle santé des forêts à la Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF)) pour aborder des thématiques allant de la production de bois à l’accueil du public en passant par préservation de la biodiversité.

Le premier arrêt a permis d’aborder les coupes sanitaires liées aux attaques de scolytes, la gestion des épicéas dépérissants ainsi que la lassitude du grand public face aux restrictions d’accès liées aux exploitations.

La seconde pause, effectuée sur une plantation d’érables et de mélèzes, essences plus résilientes face au changement climatique, a été l’occasion d’aborder les protections des jeunes plants mises en place face à la pression du gibier ainsi que de parler de l’importance de diversifier les essences sur le massif.

Enfin, le dernier arrêt effectué à proximité d’une trouée récente d’épicéas dépérissants en bordure de sentier a permis d’expliquer les motivations de ce choix et les actions prévues dans le futur. Stopper l’épidémie et sécuriser le sentier emprunté par le grand public sont les arguments principaux évoqués lors des échanges. Tous les participants ont pu confronter leurs expériences, poser leurs questions et partager leurs points de vue.

Ces journées sont très importantes pour ne pas avoir une vision unique de la forêt qui cloisonnerait nos raisonnements et nos actions. Le terrain permet vraiment de se confronter aux réalités de chacun et de se projeter ensemble pour bâtir les forêts de demain.

Christophe Chauvin, France Nature Environnement

Réfléchir ensemble pour avancer

L’après-midi s’est poursuivie en salle. Olivier Baubet a d’abord présenté les missions du Département Santé des Forêts (DSF) fondées sur la surveillance et le diagnostic des forêts de l’Hexagone. Il a ensuite présenté l’état sanitaire des forêts de la région Auvergne-Rhône-Alpes avec un focus sur le massif du Semnoz en évoquant à la fois les dégâts des sécheresses passées mais aussi les plantations réussies.

Frédérique Zelmire, responsable aménagements forestiers et environnements à l’ONF Auvergne-Rhône-Alpes a ensuite présenté Forest EcoValue, un projet européen au service des forêts alpines.

Les participants ont ensuite été répartis en ateliers pour réfléchir sur les services écosystémiques – ces bénéfices souvent invisibles que la forêt rend à la société – rendus par six types de forêts dépérissantes (forêts périurbaines avec domaine skiable, zones de protection contre les risques naturels, habitats d’espèces sensibles comme le Grand Tétras…).

Chaque groupe a analysé l’impact de trois scénarios d’exploitation sur sa forêt en question :

  • Scénario léger : pas de coupes, uniquement du suivi ;
  • Scénario modéré : interventions ciblées avec maintien du couvert forestier ;
  • Scénario intensif : coupe systématique des arbres malades et récolte anticipée.

Après une restitution des conclusions de chaque groupe au reste des participants, le scénario intermédiaire semble être le meilleur compromis de récolte au regard des enjeux parfois contradictoires des différents acteurs dans la plupart des cas.

Cette journée s’inscrit dans la continuité d’une première rencontre organisée en octobre 2021. L’ensemble des participants étaient satisfaits : « On se rend compte que nous avons tous la volonté d’aller dans le bon sens pour la résilience des forêts de demain », conclut Jessica Masson des communes forestières.