L'ONF ouvre la voie d'une escalade durable à Fontainebleau

A Fontainebleau, nulle montagne ni falaise à grimper, mais 30 000 blocs de grès dépassant rarement les sept mètres de haut, essaimés sur le sable, à l’abri des pins et des chênes. Ici, l’escalade de « bloc » attire des émules toujours plus nombreux en forêt. A la veille des JO, où l’escalade sera mise à l’honneur, l’ONF entend sensibiliser sur les bons réflexes à connaître. Objectif : promouvoir une pratique responsable et durable à travers la campagne « En forêt, soyez chouette et pas, pas chouette ».

Lorsque les beaux jours reviennent, les grimpeurs prennent d’assaut les lieux les plus accessibles. Français mais aussi Anglais, Allemands ou Néerlandais viennent pratiquer l'escalade « de bloc », sans autre sécurité qu'un matelas, ou crashpad, posé à même le sol. Très en vogue, l’escalade « de bloc » attire un public toujours plus nombreux qui se concentre sur quelques sites emblématiques : Cuvier, Apremont, Franchard, Cul de Chien…

©Claire Tenu

Un sport en plein essor

Selon l’étude de la fréquentation du public réalisée par l’ONF en 2023, les grimpeurs représentent environ 4 millions de visites annuelles dans le massif de Fontainebleau, le plus fréquenté de France avec ses 15 millions de visites. Une tendance en augmentation puisqu’au lors de la dernière enquête de 2016, on comptabilisait 3 millions de visites destinées à l’escalade.

Loin du temps où la pratique était confidentielle, confinée à l'entraînement en vue des ascensions montagneuses. L’engouement s’est intensifié avec le développement des salles et gymnases comportant des murs d’escalade. A cela s’ajoute, l’entrée de la pratique dans le giron des disciplines olympiques qui renforce sa visibilité. Nul doute que cela sera encore le cas pendant les JO de Paris.

Revers de la médaille, cette hausse entraîne des nuisances sur l’environnement : érosion du sol, dégradation de rochers, déstabilisation de blocs, déchets, surfréquentation, dérangement de la faune… Loin des belles images de la forêt, des blocs parfois « bondés » à la belle saison en souffrent malheureusement.

Face à cette demande croissante de sports de nature et aux conséquences qu’elle engendre, une pratique durable et responsable passe par l’adoption de bons comportements.

Erosion engendrée par le piétinement et les passages répétés autour des blocs d'escalade - ©Claire Tenu

Sensibiliser aux bons réflexes

On ne peut pas faire tout ce que l’on veut en forêt… Y aller engage notre responsabilité collective, en tant que citoyen soucieux de la préserver. Comme partout, il y a des précautions d'usages et des règles à respecter. Bien que les acteurs de l’escalade mènent régulièrement des actions de sensibilisation, certains conseils méritent d’être à la fois mieux connus et diffusés.

A cette occasion, l’ONF lance une campagne d’information intitulée « En forêt soyez chouette et pas, pas chouette » destinée aux usagers habituels comme aux touristes. Visant toutes les pratiques sportives en forêt, celle-ci vise à faire connaître les bons gestes à adopter en vue de limiter nos impacts sur l’environnement.

De mars à juillet, l'ONF mettra à la disposition des clubs d’escalade d’Île-de-France, des offices du tourisme, des associations d’usagers et représentants sportifs mais aussi des collectivités locales et de la presse, différents outils de communication : affiches, chartes des bonnes pratiques, vidéos, panneaux informatifs.

En diffusant ces conseils au plus grand nombre, nul doute qu'ils permettront de faire changer les habitudes.

©Office national des forêts et Nautile Production

Kit de communication à destination des grimpeurs

Afin de diffuser au plus grand nombre les informations à connaître, notamment les réflexes pour une pratique sportive durable et responsable, un kit est à disposition de tous. Vidéos, affiches, flyers, cartes postales... avec ce kit de communication, contribuez à faire connaître les bons réflexes sur tous vos réseaux.

Grands principes qui régissent la pratique de l’escalade à Fontainebleau

  • Comme tous les usages, l'utilisation du domaine répond à une réglementation stricte issue du Code forestier. Toutes les activités sur le domaine privé de l’Etat s’exercent dans le respect des autres usages, ne portent pas atteintes à l’environnement et reçoivent l'autorisation du gestionnaire représentant de l’Etat.
  • Les ouvertures de blocs (brossage, peinture ou non, publication en ligne), voire les aménagements touristiques qui en découlent (mobilier, signalétique) sont encadrés par convention entre l’Office national des forêts et le Comité de défense des sites et rochers d’escalade (COSIROC). Dans les zones d’escalade officielles, cette commission s’attache à coordonner le balisage de nouveaux circuits, à les officialiser puis les entretenir.
  • L’accès aux réserves biologiques intégrales est interdit au public. Dans ces zones laissées en libre évolution et donc pas entretenues, les dangers liés aux chutes d’arbres et de branches sont grands.

Fontainebleau, berceau de l'escalade depuis 100 ans

En 1908, les premiers grimpeurs, surnommés les Bleausards, investissent les blocs rocheux, diablement « coriaces » de la forêt de Fontainebleau. Sa proximité avec Paris, la qualité du rocher, un grès unique par son adhérence, et leur diversité facilitent le développement de la pratique. Rapidement, la naissance du groupe des rochassiers conduit à la création des premiers circuits d’escalade. L’incroyable engouement du lieu s’étend peu à peu.

De nombreux grimpeurs de Fontainebleau, à partir des années 1920 ouvrent des voies d’escalade dans le monde entier. Le nom de Fontainebleau est vite connu et devient un peu le berceau de l’alpinisme. Certains viennent y peaufiner leur gestuelle avant de défier les sommets alpins. Formés sur les rochers de Fontainebleau, Pierre Allain, inventeur du chausson à varappe, Pierre Chevalier, créateur de la corde en nylon, ou encore Robert Paragot marqueront à jamais l’histoire de l’alpinisme.

Aujourd’hui encore, de drôles de silhouettes, matelas sur le dos, parcourent la forêt de Fontainebleau en quête de rocher à gravir. C’est en 1947 qu’apparaît le premier circuit d’escalade balisé. On compte officiellement 56 sites gréseux balisés comprenant 180 circuits (autorisés) qui s’étendent sur plus de 300 hectares dans le massif de Fontainebleau.