Sphaignes dans la tourbière – ©Caroline Samyn / ONF

Réserve biologique dirigée de la Tourbière des Froux

La réserve biologique dirigée (RBD) de la Tourbière des Froux se trouve en forêt communale de Manou (28).

Localisation

  • forêt : forêt communale de Manou
  • commune : Manou
  • département : Eure-et-Loir (28)
  • région : Centre-Val de Loire

Identité

  • date de création : 10/12/1998
  • surface : 8,52 ha
  • catégorie UICN d'aire protégée : 4
  • code national INPN : FR2300159
  • code international Protected planet : 181682

Gestion

  • direction territoriale ONF : Centre-Ouest-Aquitaine
  • agence territoriale : Val de Loire

Située au nord-ouest du département de l’Eure-et-Loir, dans le Perche, la réserve biologique dirigée de la Tourbière des Froux est constituée par la totalité de la forêt communale de Manou (contiguë à la grande forêt domaniale de Senonches). Il s’agit d’une tourbière de fond de vallon, en grande partie boisée. Le complexe de milieux humides est en bon état de conservation, car il a échappé aux opérations de drainage, qui ont souvent été le sort de ce type de milieu par le passé. La tourbière des Froux représente un milieu humide typique du Perche.

Le site a été inventorié au titre d’une ZNIEFF de type 1 "Zone tourbeuse, étangs de la Haute-Brosse et Vallée Biquet" et de la ZICO "Forêts du Perche". La réserve biologique est incluse dans le site Natura 2000 "Arc forestier du Perche d’Eure-et-Loir", désigné à la fois en tant que ZSC et ZPS.  Elle fait également partie du Parc naturel régional du Perche.

Géologie - Pédologie

La vallée Biquet, où se trouve la réserve, entaille les sables du Perche jusqu'à un niveau de craie argileuse, l'ensemble datant du Crétacé supérieur (Cénomanien). Au contact du niveau argileux imperméable, l'eau circulant dans les sables produit de nombreux suintements, en bas de versant. Cette configuration est à l'origine de la zone humide qui a donné la tourbière. L’eau en surplus dans la tourbière sourd et s’écoule par l’intermédiaire d’un chevelu de rus ou gouttiers vers le ruisseau l'Orème, qui longe la réserve et se jette dans l'Eure à moins de 2 kilomètres en aval.

Une étude pédologique a été réalisée par l’INRA d’Orléans avec le soutien du PNR du CEN. Trois types de sols ont été individualisés : des sols micropodzoliques sur les sables et argiles à silex du versant, des sols hydromorphes à gley et des sols tourbeux. L'épaisseur de tourbe varie de 20 à 150 cm d’épaisseur.

Milieux naturels

A l'exception du versant dominant la tourbière, qui porte des peuplements relevant des chênaies-hêtraies acidiphiles atlantiques (CB : 41.12 – N2000 : 9120), les habitats forestiers de la RBD sont marqués par l'influence déterminante de l'eau sur le milieu naturel. Les boisements sont majoritairement composés de boulaie pubescente, sur la tourbe la plus épaisse (44.A1 - 91D0*) et d'aulnaie ou saulaie marécageuse à sphaignes et Osmonde royale (44.91 et 92). La zone bordant l'Orème porte un liseré d’aulnaie-frênaie (44.3 - 91E0*).

Les milieux ouverts sont minoritaires mais tout aussi intéressants. Ils forment une mosaïque d’habitats tourbière de transition à Trèfle d'eau (54.5 - 7140), de tourbière haute à Molinie (51.2 -  7120) et de lande humide à Bruyère à quatre angles (31.11 - 4010).

Flore

Les communautés végétales de la réserve, très originales, sont également riches de nombreuses espèces rares. Parmi la liste des végétaux établie par le Muséum des sciences naturelles et de préhistoire de Chartres, quatre espèces sont protégées dans la région Centre : deux espèces typiques des tourbières, la Linaigrette à feuilles étroites et le Ményanthe ou Trèfle d'eau ; une grande fougère des boisements marécageux, l'Osmonde royale ; une discrète hépatique, la Céphalozie connivante. Une dizaine d’espèces de sphaignes ont été identifiées, dont 5 rares au niveau régional.

Gestion

L’objectif principal de la gestion de la RBD est le maintien de la diversité de milieux, et la restauration des milieux ouverts les plus menacés. L’abandon des pratiques agropastorales vers les années 1940 et la dynamique naturelle conduisent en effet le milieu vers un état boisé généralisé. Des plantes héliophiles rares signalées au début du XXe siècle ont disparu.

L’extraction de ligneux envahissant la lande tourbeuse a été réalisée avec un débardage par cheval et incinération des rémanents. L'entretien de ces milieux rouverts est réalisé grâce à un pastoralisme extensif. Deux petites placettes (25 m2) ont été décapées sur quelques centimètres de profondeur dans la tourbière dégradée à Molinie, pour supprimer la couche supérieure minéralisée et favoriser un développement des communautés végétales de tourbière active. 

La partie boisée, représentant plus des 9/10 de la surface de la réserve et un intérêt patrimonial à part entière (surtout les aulnaies et boulaies marécageuses), a été placée en libre évolution.

Pour l'accueil et l'information du public, un point de vue, un parking, des panneaux explicatifs et un sentier de découverte constitué de pontons ont été aménagés, complétés par un dépliant de présentation de la réserve. Des visites guidées sont organisées régulièrement.

Ressources