Pâturage des savarts (pelouses calcaires) de Vauhalaise – ©Jean-Baptiste Richard / ONF

Réserve biologique mixte de Vauhalaise

La réserve biologique mixte de Vauhalaise se trouve en forêt domaniale de Vauhalaise (51).

Localisation

  • forêt : forêt domaniale de Vauhalaise
  • communes : Maisons-en-Champagne, Sompuis
  • département : Marne (51)
  • région : Grand Est

Identité

  • date de création : 09/10/1981
  • date de dernière extension : 10/11/2010
  • surface : 188,25 ha (RBI : 117,76 ha - RBD : 70,49 ha)
  • catégorie UICN d'aire protégée : 1a (RBI)  et 4 (RBD)
  • code national INPN : FR2400023 (RBI) et FR2300023 (RBD)
  • code international Protected planet : 391969 (RBI) et 62745 (RBD)

Gestion

  • direction territoriale ONF : Grand Est
  • agence territoriale : Aube - Marne

Située à l’ouest de Vitry-le-François, au sud du département de la Marne, la réserve biologique de Vauhalaise représente un rare îlot de biodiversité au milieu des grandes cultures intensives de la Champagne crayeuse.

Établie initialement (1981) sur 2,6 ha en tant que réserve biologique dirigée (RBD) pour protéger un échantillon de savarts (pelouses sèches typiques de la Champagne crayeuse mais devenues rares avec le développement des cultures), la réserve a été agrandie en 2010 et associe dorénavant deux statuts : réserve biologique intégrale (RBI) sur 117 ha de milieux forestiers en voie de reconstitution et renaturation spontanée après la tempête de décembre 1999, RBD sur 70 ha pour la restauration de milieux ouverts suite à ce même évènement.

Le site est concerné par une ZNIEFF de type 1 "Savart et pinède de la Forêt domaniale de Vauhalaise".

Histoire

La forêt domaniale de Vauhalaise a un historique très particulier. Le site a été été acquis par l'État en 1928 dans le but de le boiser et d'y créer une station d'essais pour les essences de reboisement en Champagne crayeuse. Il s'agissait du domaine d'une ancienne ferme dont le bâtiment fut incendié en 1914 lors de la bataille de la Marne (un puits en est le seul vestige).

Après développement de la forêt, principalement grâce à des plantations de Pin sylvestre et de Pin noir d'Autriche (essences très rustiques qui s'étaient avérées les mieux adaptées pour la création de boisements sur ce type de terrain calcaire), la première RBD a été créée en 1981 sur une petite surface résiduelle de savart.

En 1999, les peuplements de la forêt domaniale ont été détruits à 95 % par l'ouragan Lothar. À partir de terrains dégagés par l'exploitation des chablis, la RBD a été étendue à 70 ha, où 10 ha de pelouses supplémentaires ont déjà été restaurés, tandis que la partie nouvellement classée en RBI était placée en libre évolution.

Géologie - Pédologie

À l’image de toute la Champagne crayeuse, la réserve de Vauhalaise repose sur une importante épaisseur de craie du Crétacé supérieur (Coniacien).

Roche calcaire sensible à la gélifraction, friable et poreuse, la craie forme des sols peu fertiles, allant des rendzines aux sols bruns.

Milieux naturels

Avant la tempête de 1999, le site de la réserve était majoritairement couvert de plantations de pins datant de la création de la forêt domaniale. En détruisant la pineraie, la tempête a profité aux pelouses mésophiles (savarts) plus ou moins embroussaillés, d’un grand intérêt écologique (CB : 34.32 – N2000 : 6230*) et aux ourlets et fruticées calcicoles (31.81).

La tempête a également délivré de la concurrence des pins le riche sous-étage d'essences feuillues indigènes venues spontanément sous la plantation : bouleaux, chênes, érables, frêne, fruitiers, et déjà quelques hêtres. C'est cette partie de la réserve qui a été classée en RBI pour y laisser revenir la forêt feuillue qui constitue le milieu originel de la Champagne crayeuse. On pense - et l’on espère - que ces formations encore jeunes évolueront à terme vers une hêtraie calcicole, habitat disparu depuis des siècles de la Champagne crayeuse sous la pression agricole et pastorale.

Flore

On rencontre dans la réserve des espèces de milieux ouverts typiques des milieux pionniers sur calcaire, avec notamment le Sisymbre couché (PN) et d'autres espèces remarquables des pelouses : Chondrille à tige de jonc, Orobanche du Thym, Gaillet de Fleurot.

Un nombre important d'espèces de la flore commune trouvent dans la réserve un refuge précieux dans le contexte de la pression agricole de la Champagne crayeuse. Cas particulier : la Gentiane croisette et la Gentiane d'Allemagne, abondantes à Vauhalaise mais devenues rares dans cette région naturelle, sont surtout importantes en tant qu'hôtes indispensables d'un papillon devenu lui aussi très rare, l'Azuré de la Croisette.

Héritage historique original venu avec les plantations de pins, on trouve la Pyrole à une fleur (PR) et la Pyrole unilatérale. La flore de la partie RBI de la réserve, au demeurant, est à la fois diversifiée mais composée d'espèces forestières communes.

Faune

Les milieux ouverts de la réserve et leur végétation sont très favorables à une entomofaune riche, notamment en papillons et en orthoptères. Le fleuron en est l'Azuré de la croisette (PN) dont le cycle de reproduction dépend non seulement de la présence de sa plante hôte, mais aussi d'une espèce de fourmi dont dépend l'élevage des chenilles. Six autres insectes remarquables sont présents dans la RBD : Criquet italien, Oedipode turquoise, Criquet glauque, Ephipigère des vignes, Platycléis à tête blanche et Mélittée des scabieuses.

Le Lézard des souches (PN) fréquente la réserve.

L'oiseau qui caractérise le mieux la réserve biologique de Vauhalaise est l'Engoulevent d'Europe (DO1), dont la réserve accueille plusieurs couples grâce à l'importance des milieux ouverts. Autres espèces rares présentes sur le site, le Busard Saint-Martin et la Pie-Grièche écorcheur (DO1), le Bruant zizi.

Gestion

Dans la RBD, la priorité est à l'augmentation de la surface de pelouses grâce aux zones libérées par l'élimination des pins. La gestion des milieux ouverts consiste encore principalement en actions de restauration, avec broyage du recrû, avant que la végétation herbacée puisse être entretenue par pâturage. Sans cela, les savarts seraient reconquis par les espèces ligneuses, dont la dynamique est très forte et qui imposent encore des actions de débroussaillement en complément du pâturage.

La RBI, par définition, est laissée en libre évolution. La dynamique naturelle y sera régulièrement suivie.

La flore, l'entomofaune et l'avifaune de la réserve sont également l'objet de suivis.

Les populations d'ongulés sauvages, sanglier principalement, sont régulées par la chasse en l'absence de prédateurs naturels. L'objectif est d'éviter un déséquilibre faune-flore compromettant la dynamique naturelle au sein de la RBI, ainsi que les dégâts aux cultures alentour.

Isolée au milieu des cultures, la réserve de Vauhalaise est éloignée des villes et peu accessible. L'accès des véhicules est interdit pour garder sa quiétude au site.

Ressources