La charte forestière de Sénart entame une nouvelle ère

Après un long travail de concertation, les partenaires de la forêt domaniale de Sénart se sont réunis lundi 27 novembre, au centre pédagogique forestier, pour signer la nouvelle charte forestière. La première avait été initiée en 2003 sur le même territoire.

A cheval sur les départements de Seine-et-Marne et de l’Essonne, le massif forestier de Sénart (3 200 ha) fait l’objet d’une attention constante de la part de l’ONF mais également de ses nombreux partenaires réunis au sein d’une charte forestière. Présidée par le Conseil départemental de l’Essonne, cette instance associe l’ONF, les conseils départementaux (Essonne et Seine-et-Marne), les agglomérations Val d’Yerres Val de Seine (CAVYVS) et Grand Paris Sud (GPS), les douze communes limitrophes, Ile-de-France Nature ainsi que de nombreux partenaires institutionnels et associations locales.

Sénart se dote d’une nouvelle charte forestière

La 2e charte forestière de territoire, couvrant la période 2022-2031, a été signée lundi 27 novembre 2023, en présence notamment de Virginie Veau, directrice de l’agence Île-de-France Est à l’ONF et de François Durovray, président du Conseil départemental de l’Essonne et de la CAVYVS. Après 3 années de concertation, de débats, parfois nourris voire divergents, une vision partagée se dégage pour le massif forestier et son avenir. « C’est un honneur d’être là après trois ans de travail. Attendue, cette nouvelle charte naît d’une volonté de travailler ensemble et d’échanger. Nous avons la charge de préserver ce patrimoine naturel, en prenant en compte toutes les composantes : économiques, environnementales, sociales et climatiques » affirme Virginie Veau.

Bâtir ensemble un projet de territoire, c’est l’esprit dans lequel le Département souhaitait travailler : « Malgré des dissensions au départ, chacun a exprimé ses points de vue. Des diagnostics ont pu être posés de manière collégiale. Je salue cet investissement qui a permis de fixer des actions pour répondre aux enjeux de demain. Aujourd’hui, la signature marque l’entrée dans une phase opérationnelle » complète François Durovray.  

La feuille de route compte 3 axes stratégiques comprenant 39 actions. En grande partie pilotées par l’ONF, certaines d’entre elles s’intègrent dans le cadre des conventions de partenariat avec le département de l’Essonne et Île-de-France Nature, ainsi que d’autres financements publics.

©Conseil départemental de l'Essonne

3 axes stratégiques

  • Connecter Sénart et son territoire ;
  • Protéger et mettre en valeur la diversité des milieux naturels de Sénart ;
  • Conduire une gestion sylvicole et paysagère adaptée aux changements climatiques et au contexte périurbain.

Connecter Sénart et son territoire

Avec plus de 3 millions de visites par an, la forêt de Sénart est l’un des endroits les plus visités de l’Essonne. Ses 145 kilomètres de chemins font le bonheur des joggers, cyclistes et autres adeptes du roller. Des habitués attachés à ce poumon vert qui viennent en majorité des communes limitrophes. Au regard de cette situation, le premier axe entend renforcer les liens entre la forêt et son territoire avec la mise en place de liaisons douces.

Améliorer l’accueil du public fait partie des projets phares. Et pour cause, certains supports vétustes méritent d’être restaurés : « Dès 2024, nous lancerons un travail sur les entrées de forêt. Après un état des lieux, l’idée est d’installer de nouveaux équipements, tout en renouvelant la carte touristique, la signalétique et les informations. Nous sensibiliserons davantage à la préservation de la forêt et aux bonnes pratiques pour limiter les nuisances » note Sarah Charre, responsable du service accueil et environnement à l’agence Île-de-France Est de l’ONF.

Une attention particulière va être également donnée à l’accessibilité aux personnes handicapées.

Action de sensibilisation et d'éducation à l'environnement

Protéger et mettre en valeur la diversité des milieux naturels de Sénart

Réservoir de biodiversité de premier plan, la forêt de Sénart joue un rôle important dans la conservation d’écosystèmes riches mais fragilisés par le voisinage urbain. Sa valeur écologique et paysagère tient en particulier à la diversité des milieux naturels, tels que les landes et les pelouses issues d’anciens pâturages, ou encore les tourbières et les mares. La protection de ces espaces écologiquement riches représente un enjeu fort.

Mais avant d’y parvenir, encore faut-il mieux les connaître. « La réalisation de suivis naturalistes sur les milieux remarquables aide à planifier les préconisations de gestion favorables à leur conservation. C’est un outil nécessaire pour définir les travaux d’entretien » poursuit Sarah Charre.

L’intérêt patrimonial s’explique par la présence de vieux arbres. Fort de ce constat, la mise en place d’îlots de vieillissement - où les arbres sont laissés au-delà de leur période de maturité – fait partie des actions envisagées.

Enfin, cet axe prévoit aussi d’identifier les continuités écologiques avec les communes limitrophes de la forêt, parfois mises à mal par l’urbanisation et les routes.

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Conduire une gestion sylvicole et paysagère adaptée aux changements climatiques

Sur les questions sylvicoles, les grandes orientations fixées par la charte font écho au document d’aménagement forestier mis en œuvre par l’ONF. Le maintien d’une gestion adaptée au contexte périurbain se poursuivra. A l’image de la futaie irrégulière qui a été mise en place il y a 10 ans. Cette modalité n’est pas remise en question mais l’ONF portera une attention particulière au traitement paysager des lisières : routes, chemins et habitations. Un travail est déjà engagé dans ce sens.

A cela s’ajoute la prise en compte du changement climatique. Pour Nicolas Méary, vice-président en charge de l’environnement du CD 91 et président de la charte forestière : « Cette question majeure soulève des vives inquiétudes de la part du public. De plus en plus de personnes s’interrogent sur les conséquences de l’évolution des températures sur la forêt et sur la capacité qu’elle aura à s’adapter. »

Si l’évolution climatique reste encore incertaine, elle amène dès maintenant à envisager différentes actions. Suivre la santé des arbres, diversifier les essences, lutter contre les feux en renforcement la coopération avec le service d’incendie et de secours de l’Essonne (SDIS91), informer sur les actions sylvicoles... figurent parmi les grandes orientations fixées par la nouvelle charte forestière.

©Miléna Vasconcelos / ONF

Qu’est-ce qu’une charte forestière de territoire ?

Les chartes forestières de territoire ont été créées par la loi d’orientation forestière du 9 juillet 2001. Engagée à l’initiative des collectivités territoriales, des propriétaires forestiers, des opérateurs économiques ou des associations, la charte forestière est un outil d’aménagement et de gestion durable des territoires.

Elle a pour objectif premier la prise en compte des forêts dans leur environnement économique, écologique, social et culturel. Véritable projet collectif basé sur la concertation, la charte est un document souple qui n’est pas opposable aux tiers. Élaborés en concertation avec les acteurs concernés et la société civile, les grands enjeux définis dans une charte sont déclinés sous forme d’actions. Leur réalisation donne ensuite lieu à des conventions particulières d’application entre propriétaires, gestionnaires ou usagers de la forêt.

Le périmètre d’intervention de la charte forestière de Sénart recouvre les forêts publiques propriété de l’État et de la Région Ile-de-France (forêt domaniale de Sénart et forêt régionale du bois Chardon) ainsi que les 12 communes limitrophes de ces forêts situées dans les communautés d’agglomérations Val d’Yerres Val de Seine (CAVYVS) et Grand Paris Sud (GPS).

Périmètre de la charte forestière de Sénart - ©ONF

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