©Tamara Delloue / ONF

La Guadeloupe, un archipel de forêts à fort attrait touristique

Au carrefour de la mer des Caraïbes et de l’océan Atlantique, l’archipel guadeloupéen abrite une variété d’écosystèmes qui font de lui un haut lieu de la biodiversité mondiale et une destination de choix pour les touristes, attirés par la richesse de ses paysages naturels. La structuration d'une filière bois de niche reste toutefois à consolider, alors même que la demande en bois d’œuvre y est forte.
Cascade sur la commune de Petit-Bourg
©Sandrine Malecot / ONF

Des îles avec des formations forestières variées

En Guadeloupe, la surface du couvert forestier est de 71 500 hectares (44% du territoire). L’île principale est composée de deux entités :

  • la Grande-Terre, au sol calcaire, de faible altitude et plutôt sèche, à vocation agricole ;
  • la Basse-Terre, avec un sol d’origine volcanique, plus arrosée et très boisée.

La gestion de l’ONF, qui concerne la forêt publique (52% du couvert forestier, soit 37 000 hectares), se décompose de la façon suivante :

  • pour 75% : la forêt départementalo-domaniale (FDD) ;
  • pour 13% : les forêts du Domaine public lacustre et maritime (DPML) ;
  • pour 4% : la forêt domaniale du littoral (FDL) ;
  • pour 4% : la forêt départementale ;
  • pour 4% également : les terrains boisés du Conservatoire du littoral.

L’ONF intervient aussi dans les îles voisines : Marie-Galante, Les Saintes, La Désirade, Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

La carte des différentes îles. - ©ONF

Le cœur forestier du Parc national (16 000 hectares) se superpose en grande partie avec la forêt départementalo-domaniale (FDD) située en Basse-Terre. Le Conservatoire du littoral a par ailleurs confié à l’ONF la gestion d’une partie des espaces naturels des "50 pas géométriques".

Cette zone côtière d’environ 80 mètres devait permettre au roi de débarquer à n’importe quel endroit de ses possessions. Elle abrite aujourd’hui la "forêt domaniale du littoral" (FDL) ou des terrains affectés au Conservatoire du littoral.

©ONF

A chaque type de forêt ses essences dominantes

  • Forêt xérophile : Raisinier bord de mer, Mancenillier, Catalpa, Poirier pays ;
  • Forêt mésophile : Acajou rouge, Galba, Mahogany ;
  • Forêt hygrophile : Châtaignier, l'Acomat boucan, Gommier blanc, Mapou baril, Palétuvier jaune ;
  • Forêt d’altitude : Mangle montagne, Laurier rose ;
  • Mangrove : palétuvier rouge et noir.
Forêt de mahogany, Nord Grande Terre
©Caroline Cremades / ONF

Une filière bois à développer

La filière bois est actuellement à construire en Guadeloupe en partenariat avec des opérateurs privés. La ressource disponible et mobilisable pour le bois d’œuvre est de 3 à 4 000 m3 par an (essentiellement du Mahogany grandes feuilles, aussi appelé Acajou des Antilles) et autant pour le bois énergie.

Le travail du bois par les artisans est un vecteur de l'identité et de l'image culturelle guadeloupéenne. Bâtiments et constructions sont ainsi marquées par des styles créoles. Ces volumes relativement faibles ne permettent pas d’amortir les investissements qui seraient nécessaires pour structurer la filière, tels que l’achat d’engins forestiers (débardeurs) ou la construction de scieries.

©ONF

L’exploitation y est en outre compliquée par certains facteurs : relief accidenté, voirie inadaptée, sol argileux très humides, zones avec statut de protection... Quelques centaines de m3 sont prélevées par an de manière artisanale dans les forêts publiques, pour un usage local en ébénisterie.

L’importation de bois (32 000 m3 par an) nourrit une filière bois orientée vers la construction. La filière charbon de bois (avec le bois de campêche) reste pour sa part plutôt méconnue car issue de la forêt privée.

Le programme régional de la forêt et du bois (PRFB) sera officiellement effectif en 2021

Ce programme visera à :

  • faire émerger la filière forêt/bois avec des chantiers tests et l’organisation des acteurs ;
  • caractériser techniquement les essences potentiellement valorisables. Actuellement, seules deux essences bénéficient d'une sylviculture dans un objectif de production de bois d'œuvre : le Mahogany planté sur 4 000 ha, et le Laurier rose, beaucoup plus rare (100 ha) une essence à croissance lente et fournissant du bois de grande qualité ;
  • valoriser le bois et les déchets ligneux sous forme d’énergie.
©ONF / Charlie Leclerot

Encadrer le tourisme dans un hotspot de biodiversité

La Guadeloupe doit en grande partie son succès touristique à ses plages et aux sports nautiques. Les activités terrestres ne sont pas en reste, toutefois. La demande liée au canyoning et à la randonnée (à pied ou en VTT) se développe également. L’archipel compte ainsi 326 kilomètres de traces inscrites au Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR). L’ONF en entretient 270, soutenu par le Conseil départemental dans le cadre d’une convention pluriannuelle.

De manière générale, les sites gérés par l’ONF sont très fréquentés. Ils font l’objet d’aménagements concertés avec les collectivités afin d’assurer l’accueil du public dans les meilleures conditions (sentiers multimédia) et en toute sécurité. Certains sites sont aménagés spécifiquement pour les personnes à mobilité réduite (Porte d’Enfer à Anse-Bertrand et Le Souffleur à Port-Louis) ainsi que pour les malvoyants (chute de Moreau).

Entretien d’un chemin d’accès au littoral par des ouvriers forestiers de l’ONF. - ©Tamara Delloue / ONF

On trouve en Guadeloupe 2 138 espèces de plantes dont 358 espèces arborescentes, ainsi qu’une diversité de fougères (308) et mousses (575) unique au monde. L’endémisme est particulièrement élevé avec 214 espèces endémiques des petites Antilles, parmi lesquelles 24 sont strictement spécifiques à la Guadeloupe. Ces caractéristiques font de l’archipel un des 34 "hotspots" de biodiversité du monde.

La forêt est aussi le support de nombreux habitats remarquables, en cours de recensement via la démarche REDOM (Réseau écologique des DOM). Plus de 50% de la surface des forêts publiques abritent des zones naturelles d’intérêt écologique floristique et faunistique (ZNIEFF). Les espaces de protection réglementée (réserves nationales, réserves biologiques dirigées et Arrêtés de protection du biotope) occupent quant à eux environ 2% de cette surface.

L’ONF gère plusieurs réserves pour la protection des espèces et des milieux de l’archipel guadeloupéen :

  • la Réserve naturelle nationale de Petite Terre (148 hectares en terrestre et 842 hectares en mer) ;
  • la Réserve nationale géologique de la Désirade (62 hectares) - en partenariat avec l’association Ti-Té - ;
  • la Réserve biologique du Nord Grande-Terre (730 hectares).

Des plans de restauration spécifiques animés par l’ONF

L’ONF a repris en 2017 l’animation des Plans nationaux d’actions (PNA) iguane des petites Antilles et tortues marines. En l’absence du dispositif Natura 2000, ces plans renforcent la capacité de suivi et de protection des espèces et des habitats.

Volcan la Soufrière
©Tamara Delloue / ONF

Des collaborations étroites face aux nombreux risques

Outre la pression humaine et l’essor d’espèces invasives, les risques naturels – ouragans, séismes, éruptions, inondations, érosion marine - menacent la biodiversité. Nombreux et potentiellement destructeurs, ces risques sont accrus par le réchauffement climatique. Les actions de l’ONF intègrent ces facteurs, en tirant parti de la protection naturelle qu’offre la forêt dans les zones littorales et sur les terrains en pente, par exemple.

Dans le cadre de ses missions d’intérêt général, l’ONF intervient à plusieurs niveaux :

  • aménagement du territoire : contrôle des défrichements, structuration de la filière bois et appui technique pour la gestion des sites du conservatoire du littoral ;
  • biodiversité : gestions des réserves nationales et biologiques, et des Plan Nationaux d'Action (PNA) ; tortues marines et iguanes des petites Antilles ;
  • prévention des risques naturels : suivi de l’état des rivières et réalisation de travaux d'enlèvement d'embâcles.

Les relations sont constantes avec les collectivités (région, département, communautés de communes et communes), ainsi qu’avec les autres opérateurs de l’Etat : DDAF, Deal, Parc national (convention de partenariat en cours de finalisation), Conservatoire du littoral, Bureau de recherches géologiques et minières, Service mixte de Police de l’environnement.

Jean-Louis Pestour, directeur régional de l'ONF en Guadeloupe.

©ONF/ Delloue Tamara

L'ONF en Guadeloupe

En Guadeloupe, la direction régionale emploie 70 personnes répartis sur 2 sites (Basse Terre et Petit-Bourg). De la conception à la réalisation, l’ONF Guadeloupe comprend : un service travaux (avec un atelier bois intégré) pour répondre à la demande d’intervention dans les milieux naturels gérés par l’ONF et pour le compte de tiers.

De même, un service biodiversité et développement durable est en capacité de fournir des études et des expertises dans des domaines variés (accueil du public, éducation à l’environnement, biodiversité, formation, Arbre Conseil…). Et le service Forêts et territoires, assure les missions de surveillance, de police, et autres missions d’intérêts général pour le compte de l’Etat sur le domaine géré notamment.

Basse-Terre (Saint-Phy)
Direction régionale de l'ONF

Route de Saint-Phy - BP 648
97109 Basse-Terre cedex

Tél. 05 90 99 28 99

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Petit-Bourg (Arboretum de Montebello)

Arboretum de Montebello
97170 Petit-Bourg

Tél. 05 90 41 61 58

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