Île-de-France : le débardage par câble aérien testé en forêt de Villefermoy

Depuis mi-janvier 2024, l'Office national des forêts (ONF) teste le débardage par câble aérien dans la forêt domaniale de Villefermoy. Cette technique sylvicole rarement utilisée dans les forêts de plaine consiste à évacuer les bois coupés, tout en protégeant les sols forestiers gorgés d’eau en cette saison.

Une technique sylvicole alternative

Un chantier expérimental débute dans la forêt domaniale de Villefermoy sur la commune de Fontenailles (Seine-et-Marne). Depuis janvier, l'ONF y teste le débardage par câble aérien, habituellement utilisé dans les massifs montagneux, dont les terrains escarpés et pentus sont difficilement accessibles.

Déjà testée dans les chaos rocheux de la forêt de Fontainebleau, c'est la première fois que cette technique est réalisée dans une forêt briarde. Dans la Brie, les sols très profonds se composent de grosses épaisseurs de limon. « Cette année avec la météo pluvieuse de l'automne, ils sont très sensibles au tassement. Gorgés d'eau, ils seraient trop dégradés si l’on engageait les engins classiques » explique Sylvain Jannaire, technicien forestier à l’ONF.

Le débardage par câble aérien est une bonne alternative car son usage permet d’intervenir rapidement et d’éviter que les chênes coupés début janvier ne se détériorent, en restant trop longtemps dans des parcelles humides.

©Miléna Vasconcelos / ONF

Dans la forêt de Villefermoy, vu la faible portance du sol, nous ne faisons pas circuler les débardeurs dans les parcelles. Dans ces conditions, les chantiers s’arrêtent l’hiver et ne reprennent qu’au mois de mars. Avec cette méthode, les bois peuvent être évacués quel que soit l'état du sol.

Sylvain Jannaire, technicien forestier

Les bois transitent par les airs

Le câble aérien intervient au moment de sortir les bois de la parcelle. Le principe est simple. Un câble de 400 mètres de long, fixé à une machine équipée d’un mât vertical de 13 mètres de hauteur, est relié, en bout de ligne, à deux arbres. Un chariot circulant comme téléphérique récupère les bois et les soulève à l’aide d’une élingue (une chaîne avec un crochet). Suspendus au-dessus du sol, ils sont tirés du lieu de coupe jusqu’à la route forestière la plus proche. Là, un camion les réceptionne puis les trie en fonction de leur qualité.

Au total, environ 700 m³ de bois sont prélevés durant cette opération. « Les grumes de bonne qualité vont servir en bois d’œuvre pour l’industrie du sciage (construction, menuiserie...) et la tonnellerie. Les branches se destinent plutôt à être utilisée dans la fabrication de panneaux de particules ou à la production d’énergie : bûches, plaquettes » détaille Sylvain Jannaire, technicien forestier à l’ONF.

©Miléna Vasconcelos / ONF

Technique de débardage par câble-mât en vidéo

©Miléna Vasconcelos et Guillaume Larrière / ONF

Des compétences spécifiques

A terme, l’ONF souhaite pouvoir déployer cette technique plus régulièrement dans les forêts domaniales. Or, aujourd’hui, elle se limite à quelques zones particulières. « Le câble-mât nécessite un savoir-faire spécifique. Avant de commencer ce type de chantier, il faut d’abord réaliser le tracé de la ligne, la monter, puis placer les pylônes intermédiaires… C’est beaucoup d’efforts avant même de récolter le bois. Cela représente un coût supplémentaire par rapport à un débardage classique » rappelle Benoit Bocquet, responsable ONF du service bois en Île-de-France.

« C’est aussi une question de logistique. Nous ne disposons pas toujours du matériel adéquat. En France, peu de sociétés sont aptes à faire ce type d’intervention. En forêt de Villefermoy, l’entreprise vient du Sud. En hiver, elle ne travaille pas en montagne, à cause de la neige, nous en profitons pour lui proposer des chantiers dans les forêts de plaine » poursuit-il.

©Miléna Vasconcelos / ONF