Trois exemples de génie biologique pour sécuriser les routes en Savoie

Missionnées par le conseil départemental de la Savoie, les équipes ONF interviennent depuis 2016 sur différentes zones à risques du réseau routier. Installation de trépieds à neige pour stabiliser les zones de départ d'avalanches, végétalisation du talus pour lutter contre l'érosion... Découvrez ces techniques respectueuses de l’environnement et du paysage, issues du savoir-faire de la restauration des terrains en montagne.

La nature à la rescousse des routes... En Savoie, l’Office national des forêts mène un chantier de restauration des terrains en montagne (RTM) pour le conseil départemental. Depuis 2016, les équipes techniques de l’ONF ont en ce sens sécurisé dix zones à risques. Les différents ouvrages installés pour prévenir les risques naturels ont tous un point commun : le recours au génie biologique.

À travers l'utilisation de la matière bois ou de la croissance de végétaux bien choisis, le génie biologique permet de lutter contre l'érosion des sols, stabiliser un talus, ralentir des blocs, parer des avalanches, ou même corriger des torrents. Contrairement aux solutions traditionnelles en béton, le génie biologique avec les ouvrages bois évite la dépense carbone ou encore réduit l'impact environnemental et paysager. Une aubaine pour les collectivités et les entreprises souhaitant sécuriser leurs infrastructures tout en étant respectueux de l'environnement. De plus, les systèmes sont évolutifs : la protection augmente dans le temps au fil de la croissance des arbres et de leurs racines.

Au niveau local, ces chantiers ont mobilisé l'expertise de près de quinze professionnelsONF : responsables d'opérations, conducteurs de travaux, ouvriers forestiers… Ces collaborateurs représentent un panel de compétences variées pour répondre aux besoins locaux. En effet, de la pose de l'ouvrage bois jusqu'à la plantation d'arbres, ce chantier de grande ampleur a impliqué une grande diversité de savoir-faire coordonnés sur un même projet. Zoom sur trois ouvrages de protection installés lors de ce chantier.

Les trépieds à neige

Trépied « Type Savoie » (2 pieds verticaux + 1 pied horizontal) situé sur la route départementale 90 aux Allues. - ©Hervé Sampite / ONF

Les trépieds sont des protections temporaires pour les plantations. L'objectif est de protéger les plants forestiers durant la période où ils sont vulnérables au déplacement de la neige sur la pente. Le boisement ainsi mis en place doit stabiliser les zones de départ d’avalanche.

Tout autour de ces trépieds en bois, différents arbres sont plantés. Les essences utilisées doivent résister à une relative sécheresse, supporter le plein soleil ou encore ne pas craindre le froid. Il est possible de retrouver ainsi des épicéas, des mélèzes, des érables sycomores... Le trépied en bois a une durée de vie d'une vingtaine d'années. Une fois adulte, les arbres des îlots de boisement sont alors suffisamment robustes pour résister au déplacement de la neige et participent à la stabilisation du manteau neigeux.

Végétalisation du talus en amont de la route

Vue de l’ouvrage après un an de végétation sur la route départementale 215 à Valmeinier. - ©Hervé Sampite / ONF

Cette technique consiste à planter des végétaux dans un talus afin que le développement des racines fixe le sol et évite l’érosion et la chute de matériaux sur les chaussées. Pour cela, il faut réaliser une petite palissade en pieux de saules, entre lesquels du rameau de saule est tressé. Cette essence a la propriété de bouturer facilement. L'ensemble de la palissade va donc émettre de nouvelles racines et chaque élément raciné va se développer comme un individu autonome.

D'autres arbres tels que l'argousier, le cytise et l'olivier de Bohême sont plantés. Ces trois espèces, outre l'effet physique de maintien des talus par le volume racinaire, ont la particularité de fixer l'azote atmosphérique dans le sol, participant ainsi à l'enrichissement du talus en azote et rendant les conditions de croissance des végétaux beaucoup plus favorables. La végétalisation du talus est lancée et le temps n'a plus qu'à faire son œuvre, protégeant ainsi les chaussées des éboulements de manière naturelle.

Claies paravalanches

Ecran paravalanche rigide de type claie mono-ancrage situé à Bonneval Tarentaise. - ©Hervé Sampite / ONF

Les claies paravalanches sont des ouvrages qui assurent une protection contre les avalanches en s’opposant aux mouvements lents du manteau neigeux. Ils sont implantés dans les zones de départ des avalanches. Comme pour les trépieds, l'installation de claies a été accompagnée de plantations. L'objectif est que le boisement adulte prenne le relais de l'ouvrage artificiel dont l’entretien et la maintenance sont complexes. La durée de vie d'une claie est d’au moins 25 ans. Durant cette période, le suivi et l’entretien d'une claie paravalanche implique au moins une opération de maintenance avec le changement des traverses bois.

Le chantier en quelques chiffres

160
mètres de banquettes tressées en Saule
10
zones d'intervention
2 500
plants mis en place

L'ONF bénéficie de dizaines d'années de recul sur ces techniques grâce à son service de Restauration des terrains en montagne. Une expertise qui lui permet de s'investir sur l'aspect recherche et développement via des projets européens sur les forêts de protection ou le génie biologique. En effet, à l'heure des nouveaux enjeux climatiques, les ouvrages bois offrent des alternatives fiables et écologiques.

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