Le retour du printemps est synonyme de réveil et de renouveau de la nature. C'est la saison du redémarrage de la végétation ! L'arbre est soumis à de véritables changements durant la saison printanière : avec l'apparition de températures plus douces, un ensoleillement et une luminosité plus importants qu'en hiver, la sève de l'arbre remonte.
Quelle est l'influence du printemps sur l'arbre ?
5/7/20
Contrairement aux idées reçues, le printemps n'est pas le seul à permettre aux "bois dormants" de se réveiller, le froid y joue également un rôle. Un hiver doux, s'il va souvent de pair avec un printemps plus précoce, ne favorise pas un retour dynamique de la végétation. Pourtant, les arbres ont besoin d'une quantité suffisante de chaleur pour démarrer.
Au printemps, les bourgeons apparaissent, gonflent, puis s'ouvrent, laissant apparaître feuilles et fleurs. C'est également la période de la germination. L'arbre recommence, à cette saison, à puiser des nutriments et des minéraux dans le sol par ses racines. Chez certaines espèces, cet apport provoque une mise sous pression des vaisseaux des racines, pression se propageant vers le haut de l'arbre. Celle-ci est à l'origine du phénomène de montée de sève.
À Pâques, beaucoup de Suédois décorent leurs maisons avec des rameaux de Pâques appelés “påskris". Il s’agit normalement de petites branches de bouleau ornées de plumes de toutes les couleurs. Exposées à la chaleur de la maison et trempées dans l’eau, ces branchettes débourrent (éclosent) et les petites feuilles vertes et tendres apparaissent. En Suède, ainsi est célébrée l’arrivée du printemps.
Manuel Fulchiron,
directeur de l’agence territoriale Alpes-Maritimes/Var de l'ONF.
Des exigences physiologiques propres à chaque espèce
Chaque espèce d'arbre a sa propre stratégie. En forêt, certains arbres veulent être les premiers à déployer leurs feuilles pour gagner de la place. C'est par exemple le cas du chêne pubescent en région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les espèces choisissant cette stratégie prennent alors le risque de subir un coup de gel, d'être "grillés", et donc d'y laisser des feuilles ! D'autres espèces sont plus patientes et prennent le temps de se développer, notamment le frêne en région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur. Quelques espèces sont également plus sensibles que d'autres à la photopériode (succession régulière et définie de l'alternance d'une période de lumière et d'une période d'obscurité).
La sève, liquide nutritif, est le sang des végétaux. Elle véhicule à la fois l'eau, les substances nutritives et les déchets que les différentes parties de l'arbre doivent recevoir ou éliminer. La circulation se fait à travers des vaisseaux, jouant le même rôle que les vaisseaux sanguins d'un animal.
La montée de sève marque la fin de l'état de dormance des arbres. L'aspect le plus surprenant de la circulation de la sève dans les végétaux est la hauteur à laquelle ce liquide peut s'élever : 25 mètres pour les pins de Tourrettes, et plus de 100 mètres pour les arbres les plus grands du monde : les séquoias. Dans le cadre de la circulation de la sève, un chêne adulte remonte plus de 200 litres d'eau par jour, et ceci à une hauteur allant de 30 à 40 mètres.
La sève permet le "débourrement" des bourgeons, qui vont alors s'ouvrir (éclore). La montée de sève et le débourrement sont déterminés par les températures des mois de mars et d'avril. Aussi appelé "débourrage", c'est le moment de l'année où les bourgeons végétatifs et floraux des arbres se développent pour laisser apparaître leur bourre. Une fois apparues, les jeunes feuilles et fleurs se développent.
Trois phénomènes permettent à la sève de monter dans les arbres :
L'évaporation se produit au niveau des feuilles des arbres. Sous l'effet de la chaleur, une partie de l'eau contenue dans la sève se transforme en vapeur, créant une légère dépression dans les vaisseaux de l'écorce. Celle-ci agit comme une pompe en aspirant la sève vers le haut.
La capillarité. C’est-à-dire la propension des liquides à progresser spontanément dans les milieux poreux, plus particulièrement dans les tissus, ainsi que dans les tubes de moins d’un millimètre de diamètre. C’est le cas des vaisseaux de l’écorce conduisant la sève.
La pression racinaire. Cette dernière pousse l’eau à se déplacer du milieu le moins concentré en sels, vers le milieu le plus concentré en sels. Les racines étant fortement concentrées en sels minéraux, attirent l’eau du sol environnant, créant une pression interne qui pousse la sève vers le haut de l’arbre.
Pour les conifères et autres espèces sempervirentes, telles que le chêne vert, le lentiste ou le houx, on peut penser que l’évapotranspiration induit un flux de sève. Le phénomène de montée de sève reste toutefois mystérieux pour les espèces à feuilles caduques, chercheurs et scientifiques travaillent à répondre à ce questionnement !
Petites histoires de l'arbre au printemps...
Au printemps, les arbres développent tout leur feuillage et allongent leurs rameaux. C'est à cette période-là qu'ils ont le plus besoin d'eau ! Les feuilles se développent à partir des ébauches foliaires contenues dans les bourgeons. L'arbre devient alors plus sensible au froid qu'en hiver. Cette sensibilité est en partie liée à la réhydratation de tous les organes avant le débourrement.
Les conséquences du gel sur les jeunes organes en croissance peuvent être importantes car les feuilles et les fleurs ne sont pas adaptées au froid. Pour la survie de l’arbre, les gels d’automne sont plus problématiques que les gels tardifs. En effet, la répétition des gels tardifs au printemps ou sur plusieurs années peut être fatal à l’arbre. Le changement climatique, induisant un débourrement plus précoce, pourrait aggraver ce phénomène.
Ensuite, a lieu la floraison. La plupart des arbres fruitiers ont une floraison printanière. Sauf accident météorologique, les fruits se forment au printemps, succédant aux fleurs. Les fleurs des arbres forestiers (chênes, pins, etc.) sont souvent discrètes, vertes et petites, beaucoup moins colorées et visibles que celles des arbres fruitiers. Leur pollen est disséminé par le vent : ce sont des espèces anémophiles.