©Jacklyn Durrenberger / ONF

La recherche scientifique et le développement en Guyane

L’ONF Guyane a identifié plusieurs axes de recherche et de progrès techniques prioritaires pour les années à venir. Ils font appel à des domaines de compétences élargis et nécessitent de développer des partenariats avec des organismes répondants aux différentes compétences mises en œuvre.

La sylviculture en Guyane

Un grand travail est réalisé autour de la définition d'une sylviculture s'appuyant sur la dynamique naturelle des peuplements forestiers guyanais et le développement des outils facilitant sa mise en œuvre et son contrôle.

L'objectif poursuivi est de garantir la durabilité de la production de bois en préservant la valeur environnementale :

  • les critères d'exploitabilité sont ajustés en fonction des potentialités du peuplement et des zones biogéographiques ;
  • les règles sylvicoles sont définies en assurant la préservation de la biodiversité et intégrant les exigences écologiques des espèces les plus sensibles ;
  • des essais permettent de suivre la dynamique des peuplements après exploitation notamment au niveau de la croissance et de la biodiversité des espèces.

Le développement de méthodes d’exploitation plus respectueuses des peuplements en place

Des méthodes d'exploitation sont mises au point, moins impactantes sur la structure des peuplements en place et économiquement plus supportables. Elles sont réalisées en partenariat avec deux importantes entreprises d'exploitation forestière guyanaises.

Elles sont réalisées avec le recours à une mécanisation adaptée aux contraintes locales (débardage par treuillage, utilisation de bras articulés pour la manipulation des arbres, emploi de la géomatique et de la télédétection (outils informatiques liés à la cartographie et à l'imagerie satellitaire) pour minimiser les impacts des machines d'exploitation dans les peuplements).

Débuscage par câble - ©ONF

Le développement de la récolte de bois énergie

Bois impropre au sciage et valorisable en bois énergie. - ©ONF

Le développement du bois énergie répond à un enjeu fort de la production d'électricité de la Guyane dans la prochaine décennie.

Des itinéraires techniques de récolte de bois énergie, orientés notamment sur la valorisation des sous-produits de l'exploitation forestière de bois d'œuvre (partie des arbres impropres aux sciages; bois issus de la création de pistes forestières) sont développés à la fois dans le souci de limiter l'empreinte carbone de ces exploitations et d'utiliser cette ressource fatale actuellement non valorisée.

Ce développement porte à la fois sur les méthodes de récoltes, sur les mécanisations à adapter au contexte guyanais (porteurs, outils de façonnage du bois énergie) et sur la minimisation des impacts sur le milieu.

Le développement de la télédétection et de la géomatique

Les outils de télédétection et de géomatique sont appelés à jouer un rôle croissant dans la gestion forestière, à la fois pour l'analyse cartographique des peuplements existants et des facteurs environnementaux, de l'évaluation des stocks de carbone, des conditions de terrain pour la réalisation des coupes, et des contrôles des impacts des exploitations.

Ces outils emploient des techniques en plein essor et permettent d'apporter une information spatialisée de plus en plus pertinente pour la connaissance du milieu et la conduite de la gestion forestière.

Le développement de ces outils fait appel à un partenariat élargi, avec les organismes de recherche et à une coopération avec les sociétés d'exploitation forestières qui contribuent à les mettre en œuvre dans la réalisation des coupes de bois.

Plusieurs actions de recherche sur ce thème ont été financées par le programme opérationnel européen FEADER.

L'étude de la biodiversité en forêt tropicale guyanaise pour sa préservation

Tous les étages de végétation se chevauchent en forêt tropicale humide. - ©Jacklyn Durrenberger / ONF

Le gestionnaire a besoin d'adopter une approche globale de la biodiversité et d'analyser sa logique de répartition à l'échelle régionale, dans une optique d'aménagement durable de l'espace forestier et de préservation de la diversité régionale.

Cet axe vise donc à :

  • comprendre la structuration spatiale de la biodiversité ;
  • établir des typologies des habitats et des paysages, forestiers permettant une caractérisation et une spatialisation de la biodiversité ;
  • comprendre les mécanismes de régénération de la forêt en condition naturelle ou après exploitation.

Deux importants programmes de recherche, Habitat et Dygepop, ont été entrepris pour contribuer à ces recherches, avec l'aide financière de l'Europe, à travers un programme opérationnel FEDER.

Le changement climatique et le carbone

C'est un axe transversal qui s'impose aux quatre autres sur la base de trois questionnements principaux :

  • quels seront les impacts des changements climatiques sur la dynamique naturelle et la biodiversité ?
  • quel rôle joue la forêt guyanaise dans le cycle du carbone et comment valoriser cette fonction pour un développement local ?
  • comment anticiper ces changements par une adaptation de la sylviculture et de la gestion forestière ?

Plusieurs projets ont été développés en Guyane pour contribuer à renforcer les connaissances sur cette thématique qui constitue un des axes forts des politiques mondiales sur le développement durable (Guyasim, Guyafor...).

ForesTreeCulture : Etude du développement et des propriétés du bois de plantation d’espèces forestières guyanaises

Suivi d'un peuplement post-exploitation sur le secteur de Risquetout. - ©Jacklyn Durrenberger / ONF

Les plantations sont au cœur d'importants enjeux et soulèvent de nombreuses questions. Elles sont vues par la filière comme un moyen alternatif à l'exploitation forestière de la forêt naturelle permettant de mieux répondre à leur demande.

Entre 2014 et 2016, le CIRAD, en partenariat avec l'ONF a mené une étude sur le développement et les propriétés du bois de plantation d'espèces guyanaises.

Cette étude a été menée à partir des suivis des plantations, réalisées depuis les années 70 (période de plantation), par l'ONF et le centre technique forestier tropicale (CTFT, CIRAD actuel) selon des protocoles divers afin d'étudier le comportement de chacune de ces espèces et de définir les meilleures conditions de conduites.

Les objectifs du projet étaient les suivants :

  • décrire l'état actuel des arbres plantés il y a 30 ans pour identifier les espèces à croissance rapide ayant eu un bon comportement en plantation (forme des arbres et volumes de bois) ;
  • étudier les propriétés du bois produit chez les espèces les plus intéressantes de manière à vérifier que ces propriétés ne sont pas altérées en situation de plantation (vitesse de croissance, arbre jeune) ;
  • quantifier les volumes de bois produits par les différentes parties de l'arbre de manière à établir les volumes dédiés au bois énergie et au bois matériau.

Cette étude a été financée par le Fonds européen de développement économique et régional (FEDER).

Et aussi :