Forêt de Fontainebleau : l’ONF interdit la pratique de l’escalade sur le site du Restant du long rocher nord pour protéger des espèces végétales sensibles

En concertation avec les représentants locaux de l’escalade, l’Office national des forêts a décidé de fermer, à compter du 16 octobre 2023, le versant nord du Restant du long rocher à la pratique de l’escalade.

Situé dans la forêt de Fontainebleau, il héberge une biodiversité remarquable directement menacée par la fréquentation du public. Sa situation géologique et son orientation offrent des conditions propices au développement d’une remarquable bryoflore. De nombreuses espèces de mousses et lichens rares recouvrent les blocs de grès. Pour certaines, cette station est l’unique zone de présence en Ile-de-France.

En tant que gestionnaire, l’ONF a la responsabilité de les protéger et faire en sorte de maintenir le bon état de conservation du site. Le démoussage des rochers et l’usage de magnésie menacent de faire disparaître ces végétaux. Pour les protéger, il a été décidé d’interdire la pratique de l’escalade dans cette zone. Le circuit orange qui s’y trouve sera dorénavant débalisé.

Zone d'escalade du Restant du Long Rocher Nord - ©ONF

 Les services de l’ONF vont installer des panneaux informatifs signalant cette interdiction et demandent aux grimpeurs de la respecter.

Le comité de défense des sites et des rochers d’escalade (Cosiroc) et les grimpeurs entretenant les circuits du secteur, créeront un nouveau circuit orange sur l’autre versant qui ne présente pas la même sensibilité écologique.

Espèces remarquables à protéger présentes sur le site

La pratique de l’escalade avec l’usage de la magnésie et le brossage des rochers sur le versant nord du Restant du long rocher présente un risque de destruction d’espèces patrimoniales. Celle-ci sont essentiellement présentes sur les blocs rocheux car elles profitent très ponctuellement de la condensation de l’humidité ambiante, au contact de la pierre :

Distichium capillaceum

Espèce montagnarde, exceptionnelle en plaine, en coussinets lâches de moins de 5 cm de haut, constitués de feuilles réfléchies, orientées d’un côté, se développant sur les parois siliceuses suintantes et surtout les fissures à la faveur d’un enrichissement local en calcaire.

Distichium capillaceum - ©Olivier ROSE

Nowellia curvifolia

Espèce ouest européenne et montagnarde, recouvrant d’un tapis rougeâtre, souvent très étendu, les gros troncs de pins décortiqués et plus anecdotiquement les rochers. Elle pourrait être en expansion sur Fontainebleau.

Nowellia curvifolia - ©Olivier ROSE

Ptilidium ciliare

Espèce boréale, formant des colonies relativement lâches de touffes de tiges entremêlées, de couleur brun cuivré à pourpre dont les feuilles frangées sont caractéristiques, se développant principalement à Fontainebleau sur les rochers siliceux.

Ptilidium ciliare - ©Olivier ROSE

Porella arboris-vitae

Espèce ouest méditerranéenne à montagnarde, à feuilles fortement imbriquées en écailles vertes à violettes, lui conférant un aspect lisse et brillant, à saveur poivrée intense, qui se développe sur rochers siliceux.

Porella arboris-vitae - ©Pierre QUENTIN

Plasteurhynchium meridionale

Espèce d’affinité méridionale, rare dans le nord de la France, à tige ramifiée constituée de rameaux secondaires couchés et agglomérés un peu en queue d’écureuil, couvrant localement plusieurs décimètres carrés de parois siliceuses.

Plasteurhynchium meridionale - ©Olivier ROSE

Amphidium mougeotii

Espèce montagnarde, en coussinets arrondis ne dépassant pas 10 cm de haut, se développant sur les parois siliceuses suintantes et les fissures à la faveur d’un léger enrichissement en calcaire

Amphidium mougeotii - ©Pierre QUENTIN