Développement du réseau des réserves biologiques : le bilan 2022

En 2022, l'Office national des forêts (ONF) a présenté six dossiers de création ou d'extension importante de réserves biologiques au Conseil national de la protection de la nature (CNPN). Des Pyrénées à l'Oise, en passant par les Côtes-d'Armor, petit panorama de la richesse de ces sites.

La création de réserves biologiques représente une contribution qualitative et quantitative importante à la Stratégie nationale Aires protégées (SNAP) 2020-2030 et à son objectif particulier de développement d'espaces sous protection forte.

C'est dans le cadre du contrat État-ONF et plus précisément dans celui de la mission d'intérêt général Biodiversité, sous l'égide du ministère chargé de l'Ecologie, qu'ont lieu le développement et la valorisation du réseau des réserves biologiques. Sur la durée de la SNAP, il est ainsi prévu la création de cinq réserves biologiques par an, comme depuis l'initiation de la MIG Biodiversité en 2012. Actuellement, le nombre de réserves dépasse 250.

Ainsi, en 2022, ce sont six dossiers de création ou d'extension importante de réserves biologiques qui ont été présentés au Conseil national de la protection de la nature (CNPN), étape après laquelle la procédure doit être parachevée par la signature des arrêtés interministériels (Agriculture et Ecologie) d'approbation. Réserves biologiques dirigées (RBD), intégrales (RBI) ou encore RB mixtes, couvrant une large gamme d'enjeux de gestion conservatoire active ou de développement d'espaces en libre évolution, les projets aboutis en 2022 ont en corollaire une surface unitaire variant d'une trentaine à plus de 2 000 hectares.

En Pyrénées orientales, la plus grande réserve biologique dirigée de Métropole !

La RBD du Canigou (Pyrénées orientales), avec ses 2 448 ha, devient la plus grande RB dirigée de Métropole. Dans un prestigieux site naturel autant que culturel et touristique, (classé Grand Site de France), la réserve recouvre une diversité exceptionnelle d'habitats naturels et d'espèces remarquables de flore et de faune, depuis les chênaies vertes supra méditerranéennes jusqu'aux pelouses de l'étage alpin. La réserve est aux trois quarts concernée par une activité pastorale orientée en faveur de la conservation du patrimoine naturel, et pour un quart placée en libre évolution (principalement pour des parties boisées).

La réserve biologique du Canigou, entre montagne et Méditerranée - ©Nicolas Drapier / ONF

Protéger les milieux ouverts et landes humides en Gironde

La RB mixte d'Hostens et des lagunes du Gat Mort, d'une surface de 482 ha, en forêt départementale et espace naturel sensible (ENS) d'Hostens (Gironde) a pour objet principal la gestion conservatoire de milieux ouverts de landes humides et lagunes (sur 434 ha de RBD), et secondairement la libre évolution d'une échantillon de forêt à dominante feuillue typique des Landes de Gascogne (sur 48 ha de RBI). Quelques mois après l'avis favorable du CNPN, le site a été parcouru par le grand incendie de l'été 2022. Toutefois, ni la vocation conservatoire du projet ni la volonté du propriétaire (le département de la Gironde), n'ont été remis en cause.

RBM d'Hostens et des lagunes du Gat Mort (Gironde) - ©Nicolas Drapier / ONF

Protéger la chênaie monumentale de Compiègne

La RBD des Beaux Monts et des mares Saint-Louis (161 ha), en forêt domaniale de Compiègne (Oise), a pour objet principal une chênaie monumentale, plantée au XVIe siècle et qui est devenue un site majeur au niveau national pour l'entomofaune saproxylique (les insectes qui se nourrissent du bois mort) autant que le principal site culturel et touristique de la forêt. La réserve préserve aussi un ensemble de mares intraforestières. Dans la partie boisée, priorité est donnée à la libre évolution, à l'exception d'actions très ponctuelles d'assistance à la régénération naturelle du chêne sessile et de sécurisation des itinéraires ouverts au public.

RBD des Beaux Monts et des mares Saint-Louis (Oise) - ©Nicolas Drapier / ONF

Restaurer les milieux pastoraux dans le Tarn

La réserve biologique dirigée des Tourbières de Lacaune (53 ha) est issue de la fusion et extension des RBD de Jasse Martinou et de Piquotalen, créées dès 1991 en forêt domaniale de Lacaune (Tarn). Elle préserve un ensemble de sagnes (tourbières où poussent les mousses de marais), complexes de milieux ouverts humides issus d'une ancienne gestion pastorale. Le site bénéficie d'un important programme de restauration et d'entretien financé par l'Entente pour l'eau du bassin Adour-Garonne, avec travaux de limitation des ligneux, restauration hydraulique et pastoralisme dirigé.

RBD des Tourbières de Lacaune (Tarn) - ©Nicolas Drapier / ONF

Une forêt alluviale remarquable des Ardennes

La réserve biologique intégrale des Basses Molières, (108 ha) en forêt domaniale du Mont-Dieu (Ardennes), concerne une forêt alluviale remarquable par son étendue, contrastant avec la modestie du cours d'eau (la Bar) dont elle occupe le lit majeur. L'habitat principal de frênaie-ormaie à Cerisier à grappes y a souffert de la chalarose mais la richesse en Orme lisse est exceptionnelle.

RBI des Basses Molières (Ardennes) - ©Nicolas Drapier / ONF

En Bretagne, une tourbière sous surveillance

La RBD de Coat an Hay, (28 ha) en forêt domaniale de Coat an Noz - Coat an Hay (Côtes-d'Armor), comprend un petite tourbière gérée depuis les années 90 et un complexe de milieux forestiers humides qui, pour leur part, sont placés en libre évolution.

RBD de Coat an Hay (Côtes-d'Armor) - ©Nicolas Drapier / ONF

Les réserves biologiques en quelques mots

Les réserves biologiques sont un statut de protection spécifique aux espaces relevant du régime forestier. C’est-à-dire, les forêts de l'Etat (domaniales), les forêts des collectivités ou d'établissements publics (communes, départements, Conservatoire du littoral…). Ces réserves sont créées par arrêté conjoint des ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie. Les plus anciennes réserves biologiques datent des années 1950.

Et en 2023 ? Le programme de développement du réseau des réserves biologiques va se poursuivre, en métropole comme dans les départements d'Outre-mer, avec des projets qui vont encore être autant de contributions à la Stratégie nationale pour les aires protégées et à ses plans d'actions territoriaux.

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