Revivez la sortie en forêt domaniale de Dreux

"Faire rêver en forêt", tel était l’objectif partagé par Bruno Huchet (Office national des forêts), Laurence Plaige (Centre national de la propriété forestière) et Bruno Landier (Office français de la biodiversité) pour cette promenade ludique et éducative organisée en forêt domaniale de Dreux le mercredi 08 juin 2022. Objectif atteint pour les 35 participants, heureux d’en apprendre plus sur la forêt, son histoire, sa gestion et les richesses qu’elle abrite. Revivez cette sortie en images et téléchargez le plan en fin d'article pour refaire ce parcours vous-même !

Etape 1 : S’inscrire dans l’Histoire

Se réunir dans le pavillon octogonal, construit en 1756 sur ordre de Louis-Charles de Bourbon, c’est déjà plonger dans l’histoire de la forêt de Dreux. Jusqu’au XVIe siècle cette forêt releva tantôt du domaine royal tantôt de la maison de Dreux, puis passa entre les mains de diverses grandes familles y pratiquant la chasse à courre.

Elle fut incorporée au domaine de l’état en 1917 puis affectée à l’Administration des eaux et forêts en 1919, à laquelle succéda l’Office national des forêts (ONF) en 1966. La grande tempête de 1999 marqua aussi son paysage avec plus de 10 000 arbres touchés, soit 82% de sa surface plus ou moins impactée et 2% de superficie à replanter.

Les forestiers et acteurs de la forêt d’aujourd’hui héritent donc d’un territoire marqué par l’histoire. Ensemble, l’Office national des forêts, le Centre national de la propriété forestière (CNPF) et l’Office français de la biodiversité (OFB) collaborent pour gérer, préserver et valoriser ce patrimoine aussi précieux que fragile, tant en forêt publique que privée.

Un patrimoine que les participants à cette belle sortie printanière sont ravis de (re)découvrir : habitants des communes voisines, randonneurs, mairie d’Abondant, association des petits propriétaires forestiers privés de la Coudrée d’Abondant, amis de la forêt de Dreux, etc.

Le groupe se rassemble au pavillon octogonal. - ©Alexandra Mathy / ONF
Les participants et leurs guides se mettent en marche - ©Alexandra Mathy / ONF

Etape 2 : Perpétuer une tradition sylvicole

Ce territoire de plus de 3400 hectares, divisé en 203 parcelles, dispose d’un sol principalement riche, parfaitement adapté aux feuillus (93% des arbres présents, principalement des chênes). Plusieurs modes de gestion sont utilisés : la futaie régulière, technique de sylviculture pratiquée en France depuis des siècles qui permet d'obtenir des bois de très bonne qualité, et la futaie irrégulière fondée sur un mode de sylviculture plus doux permettant de limiter les impacts paysagers.

Si la régénération naturelle est largement privilégiée, des plantations sont aussi réalisées sur certaines parcelles. Les graines utilisées dans ce cas viennent de peuplements classés, avec des critères de qualité et une traçabilité.

Les forestiers protègent les pousses, font les débroussaillages nécessaires et accompagnent les arbres tout au long de leur croissance. Un plan de gestion définit les travaux à réaliser et les coupes à prévoir pour leur apporter la lumière nécessaire et leur permettre de s’épanouir.

Le saviez-vous ?

Premier arrêt sous le grand hêtre. - ©Alexandra Mathy / ONF

Cet arbre haut et droit, à l’écorce mince et lisse, a accueilli le groupe pour son premier arrêt. Comment différencier le hêtre du charme ? En observant leurs feuilles ! Bien qu’elles se ressemblent, celles du hêtre sont frangées de poils tandis que celles du charme sont dentées. "Le charme d'Adam (à dents), c'est d'être (hêtre) à poil", lance l'un des participants, un moyen mnémotechnique qui n’aura pas manqué d’amuser le groupe et de marquer les mémoires.

Etape 3 : S’adapter face au dérèglement climatique

Bien que le sol de la forêt de Dreux soit majoritairement riche, les forestiers ont conscience que le dérèglement climatique va dégrader ces conditions favorables. Le manque d’eau impacte déjà certains arbres qui réduisent leur hauteur et risquent l’embolie, cause de mortalité importante due à des entrées d’air dans la circulation d’eau des arbres.

Ces évolutions rapides ne laissent pas le temps à la forêt de s’adapter, ce sont donc les forestiers qui doivent ajuster leur gestion dès maintenant. Pour limiter l'impact de ce phénomène, des "îlots d’avenir" sont mis en place en forêt publique et en forêt privée. En s’appuyant sur des outils de diagnostique des sols, sur les projections du GIEC et sur des analyses des capacités de résistance des différents bois, les forestiers sélectionnent et plantent les nouvelles essences d’arbres qui constitueront la forêt de demain.

Le saviez-vous ?

Un magnifique chêne bicentenaire attise la curiosité des petits et des grands. - ©Alexandra Mathy / ONF

C’est au pied de ce magnifique chêne sessile de 200 ans que notre groupe marque son deuxième arrêt, admirant ses 30 mètres de hauteur et ses 2,25 mètres de circonférence. Avec leur large palette d’espèces disponibles et leur capacité à s’hybrider naturellement entre ces espèces, les forestiers espèrent que les chênes auront la force d’aborder le changement climatique.

Etape 4 : Préserver la biodiversité

Là encore le changement climatique a des conséquences visibles avec des migrations d’espèces déjà constatées. C’est ainsi que 12 couples de busards cendrés se sont installés dans le département alors qu’ils ne vivaient que dans le sud de la France jusque-là, nous apprend Bruno Landier.

La forêt de Dreux est un habitat précieux pour de nombreuses espèces : insectes, pics, pigeons colombins, grives musiciennes, grands rapaces, écureuils, chauves-souris, etc. Les promeneurs ont d’ailleurs pu profiter du chant de la grive pour accompagner une partie de leur visite.

Pour assurer la préservation de leurs abris, l’ONF veille à maintenir des arbres morts et des arbres à cavités sur chaque hectare de forêt. Ces arbres secs, creux ou hébergeant des nids sont dits "arbres bios" et sont protégés par les forestiers.

Les zones humides et mares forestières constituent un autre habitat protégé, riche en biodiversité. De nombreux acteurs de la région se mobilisent pour les préserver, les restaurer au besoin et inventorier les espèces qu’elles abritent (Conservatoire d’espaces naturels, Conseil départemental d’Eure-et-Loir, OFB, ONF).

Le groupe a eu le plaisir de terminer sa promenade en assistant à l’un de ces inventaires des espèces. Les personnels habilités ont relevé les pièges posés à cet effet et ont délicatement versé le contenu dans une bassine, sous les yeux émerveillés des promeneurs qui ont ainsi découvert 3 espèces de tritons sur les 4 présentes dans la région. 

Les spécialistes ont expliqué que ces espèces terrestres s’installent dans les mares forestières pour la reproduction et sont très sensibles aux pollutions. Un message de prévention auquel on ne peut être que sensible après une expérience privilégiée comme celle-ci !

L'ONF remercie chaleureusement Monsieur Dulac pour nous avoir ouvert l'accès à la salle du pavillon octogonal. Une sortie labellisée "naturellement dehors", en partenariat avec l'Agence régionale de la biodiversité, qui aura marqué les esprits et donné envie d'en apprendre encore plus sur la forêt et sa biodiversité !

Merci d'avoir organisé cette sortie en forêt de Dreux, si riche, si instructive et passionnante. Vous avez su nous communiquer votre passion et nous sensibiliser au rôle essentiel que jouent les services publics de l'ONF, du CNPF et de l'OFB dans la préservation de ces patrimoines si essentiels que constituent pour aujourd'hui et surtout pour demain, les Forêts Françaises.

Olivier Carré, membre de l'Association syndicale des propriétaires de la Coudrée d'Abondant

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