Plus de 120 hectares replantés cet hiver par les forestiers dans l’ouest francilien

L’hiver 2021-2022 a été exceptionnel pour les forestiers de l’Office national des forêts (ONF), avec plus de 170 000 plants mis en terre pour reconstituer les zones forestières sinistrées. Retour sur cette saison hors norme.

La plantation est une action toute particulière. En effet, dans leur gestion des forêts publiques, les forestiers de l'Office national des forêts (ONF) s’emploient à favoriser au maximum la régénération naturelle. C’est-à-dire de laisser les arbres assurer eux-mêmes leur renouvellement, en travaillant en faveur de l’implantation naturelle des semis.

La plantation est comme un constat d’échec aussi bien pour le forestier que pour la nature. Impactés par le réchauffement climatique qui favorise les stress hydriques, le développement de maladies et la prolifération d’insectes ravageurs, mais aussi par les incendies en lien avec les activités humaines, certains peuplements ne sont plus en capacité de se régénérer naturellement. Il faut alors aider la nature, en recourant à des plantations.

Afin d’aider les massifs à se reconstituer et ainsi assurer l’avenir des forêts franciliennes, les forestiers ont ainsi replantés plus de 120 hectares cet hiver représentant plus de 170 000 plants mis en terre.

Pour assurer l'avenir des forêts franciliennes, l'ONF replante et diversifie les essences. Le réchauffement climatique accélère les changements globaux et met à mal la capacité de résilience des forêts françaises en favorisant les parasites, maladies, sécheresse… Depuis plusieurs années les forestiers constatent avec impuissance des hécatombes dans certains peuplements.  

En quelques mois, on voit des peuplements entiers dépérir, nous obligeant à procéder à des coupes à blanc pour retirer les arbres morts. C’est très émouvant pour le public mais aussi pour nous. On exerce notre métier par passion, on travaille pour la forêt parce qu’avant tout on l’aime. Quand les maladies s’intensifient et que la forêt meure, on est très affecté et on se sent désarmé...

©ONF

Les forêts d'Ile-de-France impactées et replantées

L’accélération du changement climatique génère des épisodes répétés de sécheresse, la multiplication des épisodes extrêmes tels que les pluies intenses, les épisodes de gel précoce ou tardif, un débourrage précoce des arbres (au printemps, les arbres sortent leurs feuilles) et amplifie ainsi les crises sanitaires partout en France.

Les massifs franciliens connaissent ainsi une mortalité forte des arbres en lien avec les périodes de sécheresse consécutives et les attaques d’insectes xylophages ou de maladies qui ne sont plus freinées par les gelées hivernales de plus en plus rares dans la région.

En Ile-de-France, le châtaignier est particulièrement touché par la maladie de l’encre, un pathogène microscopique présent dans le sol et provoquant le dépérissement estimé de 38% des peuplements de châtaignier représentant 7% de la surface des forêts publiques franciliennes.

En réponse à ces problématiques et pour permettre à la forêt de se renouveler, les forestiers de l’ONF s’emploient ainsi à replanter les zones sinistrées avec des essences forestières adaptées au sol et au climat futur, en mélangeant les essences pour garantir une diversité et une résilience des peuplements en cas de nouveau phénomène sanitaire.

 

Peuplement de châtaigniers atteints par la maladie de l’encre - Forêt domaniale de Montmorency (95) à gauche - Peuplements d’épicéas touchés par une attaque de scolytes (insecte ravageur qui se nourrit de bois vivant) Forêt domaniale de Saint-Germain (78) à droite - ©ONF

Des essences sélectionnées et adaptées

Les essences ont été choisies en fonction des sols et du climat de chaque forêt. Si le chêne sessile y est adapté et privilégié, l’ONF mise aussi sur la diversité des espèces qui sauront s’adapter au changement climatique et auxquelles on connaît des capacités de résilience telles que le : merisier, cormier, l'alisier torminal, le tilleul à petites feuilles, charme, chêne pubescent, pin laricio ou encore le pin maritime.

Pour ce choix, les forestiers s’aident d’un outil collaboratif appelé ClimEssences qui a pour objectif d'accompagner les forestiers dans l'adaptation des forêts aux changements climatiques tout en renforçant leur capacité d'atténuation. Cet outil d’aide à la décision liste ainsi les essences forestières et propose des conseils d’implantation au regard des caractéristiques de ces essences, de leurs exigences climatiques et des climats attendus dans les régions en fonction des différents scénarios climatiques étudiés par les scientifiques s’appuyant notamment sur les résultats du GIEC*.

Les forestiers accompagnent également la nature et utilisent les cadeaux qu’elle nous fait en favorisant les essences "pionnières" qui s’installent naturellement grâce aux graines des arbres voisins comme le bouleau, le saule, le frêne ou encore l'érable…

*GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade.

Exemple de projection de l’outil ClimEssence sur l’adaptation de l’essence chêne sessile en région Ile-de-France en 2070, avec deux scénarios un tempéré (+4,5°) et un plus pessimiste (+8,5°).

Des résineux dans les nouveaux peuplements ?

Les forêts franciliennes sont historiquement des forêts de feuillus. Dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques, l’introduction de résineux est une carte incontournable garantissant une résilience des forêts dans la perspective des changements annoncés : le pin maritime, le cèdre de l’Atlas, les sapins méditerranéens. Cette implantation sera néanmoins réalisée par petite touches, afin de ne pas modifier le paysage et la dynamique forestière de la région dans leur global.

Ainsi, sur certaines parcelles propices à leur implantation, un renouvellement des peuplements sera réalisé avec une partie de résineux. Néanmoins cette introduction reste bien inférieure à celle des feuillus (17% de résineux contre 83% de feuillus).

Le plan de boisement est réalisé au cas par cas pour chaque parcelle en fonction de leur typologie et de leur problématique. Cet hiver, dans l'ouest franciliens, les forestiers ont ainsi planté en mélange 20 essences forestières différentes dont 15 essences de feuillus et 5 de résineux.

Quelques essences sélectionnées pour le plan de boisement francilien de cet hiver 2021-2022 - ©ONF

Les chantiers de plantation et travaux programmés

Les forestiers programment les plantations à partir de la fin novembre jusqu'au début du mois de mars. Cette période est la plus favorable pour la plantation de jeunes arbres. En effet, les plants sont en repos végétatif et la fraîcheur climatique leur permet de prendre racine dans de bonnes conditions, permettant de leur garantir une meilleure reprise dans leur nouveau contexte d'évolution.

Les zones replantées sont des zones où les arbres ont été prélevés environ un an avant la plantation. Pour maintenir un bon équilibre dans les sols, les forestiers laissent le sol se reposer. Après ce laps de temps, ils programment des travaux de préparation des sols qui facilitent par la suite le travail des planteurs et favorisent la reprise des plants.

Après la plantation, des protections contre la dent des grands herbivores sont installées. Enfin et durant la vingtaine d'années qui suivra la plantation, les forestiers mèneront de nombreuses opérations pour assurer le bon développement des arbres plantés tels que des travaux de dégagement et de broyage de la végétation concurrente.

Schéma du processus de renouvellement dans le cadre d’une problématique sanitaire - ©Créatis / ONF

La saison de plantation dans l'ouest francilien en chiffres

Et aussi :