Chaque année les tempêtes hivernales déplacent le sable, creursent et fragilisent les dunes – ©P. Barré

MIG Dunes : l'ONF dresse le bilan de l'année 2018

En application d'une mission d'intérêt général confiée par l’État, l'ONF gère plus de 378 km de dunes domaniales le long de la façade atlantique. En 2018, plusieurs épisodes tempétueux ont renforcé et amplifié l'érosion du cordon dunaire. Retour sur une année riche d'interventions sur le littoral.
Les dunes domaniales gérées par l'ONF

Dans le cadre de la convention-cadre du 13 avril 2016 établie pour la période 2016-2020, le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation a confié à l'ONF la Mission d'Intêret Général de stabilisation et de protection des dunes littorales du domaine forestier privé de l'Etat (MIG Dunes). Pour les équipes de l'ONF, il s'agit de contrôler l'érosion éolienne, et ainsi réduire la mobilité des dunes, qui risquerait de menacer les biens et les personnes.

Les évènements climatiques ont un impact non négligeable sur ces écosystèmes. Avec des températures au dessus des normales, l'année 2018 a été la plus chaude depuis le début du XXe siècle. Par ailleurs, la fin de l'année 2017 et le début de l'année 2018 ont été marquées par huit épisodes tempétueux.

Ces sucessions d'évènements sont sources d'évolution des systèmes côtiers, tant par leur fréquence que leur intensité. C'est pourquoi les forestiers de l'ONF sont intervenus sur le milieu dunaire afin de réguler la capacité érosive du vent.

Une érosion éolienne amplifiée et persistante

Les tempêtes successives enregistrées en France en 2018 ont altéré les systèmes sédimentaires côtiers, pas tant par leur intensité que par leur fréquence et leur répétition. Ces systèmes n'ont pas le temps de rétablir leurs profils protecteurs (formes aérodynamiques de la dune) qu'une nouvelle tempête vient à nouveau solliciter la stabilité des cordons dunaires. L’érosion éolienne a entamé de nombreux cordons et accentué les siffle-vents (vent qui fissure la dune et accèlère l’érosion).

Les érosions les plus marquées sont situées à Quiberon dans le Morbihan, à Longeville en Vendée, au nord de la forêt de La Coubre en Charente-Maritime, à la pointe du Cap Ferret ou encore à la Teste-de-Buch en Gironde. Les transferts de sable vers les dunes grises et boisées y ont été importants.

Une érosion marine limitée mais significative par endroit

Un deuxième phénomène peut provoquer la destabilisation des dunes : l'action du mouvement de la mer sur les reliefs littoraux, aussi appelé l'érosion marine. Des reculs significatifs du trait de côte ont été observés par les forestiers de l’ONF sur certains secteurs, notamment après le passage de la tempête Eleanor en janvier 2018. Comme les Sables-d'Olonne en Vendée ou l’Île d’Oléron, qui a subit une érosion marine chronique avec des reculs de plus de 20 mètres chaque année. Pareillement, les secteurs du Nord Médoc vers Soulac, la pointe du Cap Ferret et le nord de la Teste-de-Buch en Gironde ont été touchés, avec des entailles de 448 mètres de longueur identifiées en moyenne.

En parallèle, certains secteurs ont pu profiter du répit de l’érosion marine pour se recharger en sable au cours du second trimestre 2018. Le stock a été étoffé grâce aux dispositifs capteurs mis en place par l’ONF permettant d’amortir les évènements climatiques. Ces évolutions naturelles permanentes, dues aux processus météomarins, nécessitent une vigilance et un entretien constant. À l'ONF, 160 personnes (ingénieurs, techniciens et ouvriers) sont mobilisés pour ce travail.

Maintenir et favoriser la formation des dunes domaniales

L'entretien de la dune vise principalement à lutter contre l'érosion éolienne en réduisant la vitesse du vent au niveau du sol. Quatre grands types de travaux de génie écologique sont principalement effectués par les forestiers de l'ONF pour protéger les dunes et l'arrière-pays :

  1. Les brise-vents, de type ganivelle : ces clôtures typiques formées par l'assemblage de lattes de bois sont traditionnellement utilisées par l'ONF pour protéger les dunes et orienter les déplacements du public.
  2. Les couvertures de branchages : cette technique crée des conditions favorables à la végétalisation par piégeage des graines, augmentation de la rétention d'eau et apport d'éléments minéraux et organiques.
  3. Les plantations : la principale espèce utilisée est l'oyat, une plante très resistante à l'ensablement par émissions de rhizomes (tige souterraine) ou encore grâce à un long et dense réseau racinaire.
  4. Le remodelage mécanique : cette intervention permet de redonner une forme arrondie et plus aérodynamique à la dune.

Ces techniques conservent et de recréent des conditions favorables au développement de la végétation naturelle. C’est ce qu’on appelle la « gestion souple » : utiliser les processus naturelles (vent, dynamique végétale) pour piéger le sable et accompagner la dune littorale dans son évolution, tout en maintenant une mosaïque d’habitats naturels. Chaque année, 1.6 million d'euros est investi dans les travaux de reconstitution dunaire.

En 2018, l’ONF a mis en place :

En plus de ces travaux de stabilisation, l’Etat demande à l’ONF de participer à la sensibilisation et l’information du public à la fragilité des dunes. Mais aussi, de coopérer avec les scientifiques pour améliorer la connaissance de la dynamique des cordons dunaires, tout en évaluant les risques littoraux. Les dunes sont un réservoir de biodiversité que l'ONF étudie régulièrement pour mieux comprendre et protéger sa richesse.

L'ONF et la gestion des dunes sur le littoral

©Observatoire de la côte Aquitaine