Immersion sur un chantier d’arrachage de plantes exotiques envahissantes

Lundi 15 janvier 2024, une opération d’éradication d’espèces exotiques envahissantes a eu lieu au col des Baumettes en forêt domaniale des Calanques en présence des agents de l’Office national des forêts, du Parc national des Calanques et des élèves de première année du BTS « Gestion et Protection de la Nature » du lycée agricole de Valabre.

Qu'est-ce qu'une espèce exotique envahissante ?

Une espèce exotique envahissante (EEE) est une espèce introduite par l’homme volontairement ou involontairement sur un territoire hors de son aire de répartition naturelle et qui menace les écosystèmes, les habitats naturels, les espèces locales et les paysages.

Traiter la luzerne arborescente pour préserver la garrigue

Le chantier, initié par le Parc national des Calanques, a permis de traiter une parcelle colonisée par la luzerne arborescente (Medicago arborea) en contrebas du sentier pédestre dans le massif de Sormiou.

Cette plante arbustive aux fleurs jaunes prolifère de manière rapide et en grande quantité, notamment parce que ses graines se conservent au sol en attendant la bonne saison. Elle s’est parfaitement adaptée et a envahi le milieu, devenant une menace pour les espèces locales comme le ciste, le romarin ou le pistachier. En effet, la luzerne arborescente atteint plus de 1 m de hauteur et son feuillage dense crée une épaisse couverture obstruant le passage des rayons du soleil, ce qui empêche les graines de germer et les jeunes pousses de se développer.

 

La luzerne arborescente (Medicago arborea) - ©Jade Solere / ONF

L’intervention de l’homme est nécessaire pour rééquilibrer le milieu. Les chantiers d’éradication d’espèces envahissantes visent à réguler la propagation d’une espèce qui pourrait coloniser et modifier la biodiversité d’un écosystème. Les forestiers veillent pour que les espèces protégées prospèrent et que le patrimoine naturel local demeure.

La luzerne a été introduite par l'homme pour des raisons ornementales et pour revégétaliser les talus routiers. Elle est à l’origine d’une dégradation biologique et paysagère du milieu, comme on peut le constater sur cette zone qui risque d’être un foyer d’expansion plus large à l’intérieur du massif.

Patrice D'Onofrio, garde moniteur du Parc national des Calanques

Gestion des plantes invasives

La gestion des plantes invasives dans les Calanques fait l’objet de campagnes d’arrachage depuis les années 90 par l’ONF. Le Parc national des Calanques est également investi de cette mission. Il pilote le projet LIFE Habitat Calanques et s’est entouré de partenaires pour accroître les actions contre les espèces exotiques envahissantes avec des résultats positifs. L’archipel du Frioul notamment a fait l’objet d’une éradication complète des espèces envahissantes.

En tant que gestionnaire de la forêt domaniale des Calanques, notre objectif est de surveiller la dynamique de colonisation de la luzerne. Il faudra repasser sur ce secteur l’année prochaine car il y a encore pas mal de travail jusqu’à la réinstallation de la garrigue.

Pierre Vidal, technicien forestier de l'ONF dans le secteur des Calanques

Transmettre aux jeunes générations

Lors du chantier du 15 janvier, les agents de l’ONF et du Parc national des Calanques ont encadré et prêté main-forte aux étudiants du BTS « Gestion et protection de la nature » du lycée agricole de Valabre. Sur les 20 élèves présents, une dizaine d'« élèves encadrant » étaient examinés par leur professeur Monsieur Samuel Perichon sur leur capacité à gérer un chantier. Les autres étaient répartis en deux groupes : un premier était chargé du dessouchage des luzernes à l’aide de pioches et de pelles, le deuxième récupérait les rémanents et les répartissait en fagots pour les transporter jusqu’à la piste forestière la plus proche.

Le chantier en images

Mon rôle est de veiller à la sécurité de mes camarades, faire attention à leurs postures pour qu’ils ne se blessent pas en arrachant la luzerne. Quand on est encadrant, on a un rôle important de prévention et de sécurité. Je dois aussi faire en sorte que le chantier avance bien et que mes camarades restent motivés, car c’est un travail physique et fatigant. Mais également très stimulant quand on aime le terrain et être en lien avec la nature !

Fabio Anghinolfi, étudiant en BTS "Gestion et protection de la nature" au lycée agricole de Valabre