En forêt de Chaux, un plan de chasse renforcé pour assurer la régénération de la forêt

Pour assurer le renouvellement de la forêt menacée par l’accélération du changement climatique, les forestiers prennent de nouvelles mesures en faveur de la régulation des cerfs sur le massif.

En forêt de Chaux, comme dans les autres forêts françaises, les forestiers sont inquiets. En raison de l’accélération du changement climatique, les arbres dépérissent. A la pauvreté des sols, chimiquement très pauvres, s’ajoute une autre problématique qui entrave la bonne régénération de la forêt : celle d’une surpopulation de cerfs très consommateurs de semis. Car si le cerf élaphe a bien évidemment toute sa place dans l’écosystème forestier, sa trop forte présence compromet l’avenir de la forêt et de toute sa biodiversité (insectes, oiseaux, flore, faune). « Chaque jour, dans cette forêt faible en biomasse et donc peu nourricière pour les animaux, jusqu’à 12 kg de jeunes arbres peuvent être mangés par les jeunes cervidés », précise Florent Dubosclard, directeur de l’agence territoriale du Jura à l’ONF.

Dans différents secteurs, des grillages ont dû être installés pour protéger les plantations. « On voit bien que les arbres qui ont été protégés derrière le grillage font 3m de haut alors que ceux qui ont été mangés font 50 cm », poursuit le forestier. Au total, 700 hectares sont clôturés, soit l’équivalent de 1 000 terrains de football. Une mesure d’urgence coûteuse et non satisfaisante à terme car ces parcelles engrillagées altèrent provisoirement les paysages, contraignent la circulation de la grande faune et la concentrent sur les zones non engrillagées.

Plan de chasse

En l’absence de grands prédateurs, seule la chasse peut réguler la surpopulation constatée. En complément des engrillagements effectués, les forestiers ont donc décidé de ré-évaluer, avec l’accord de la préfecture, les objectifs du plan de chasse pour rétablir l’équilibre et sauver ainsi la régénération de la forêt domaniale de Chaux. De 266 cerfs chassés sur la saison 2022-2023, le plan de chasse prévoit désormais un quota de 400 grands cervidés. Ces chiffres seront ajustés chaque année sur la base des indicateurs de suivi de populations, en concertation avec les spécialistes du monde cynégétique. Dès lors que la population de cervidés sera revenue à un niveau soutenable pour la forêt, les plans de chasse seront abaissés pour garantir durablement l’équilibre sylvo-cynégétique.

La forêt de Chaux fournit peu de biomasse, et donc peu de nourriture pour la grande faune. La densité de cervidés qui pourra être acceptée sur cette forêt est beaucoup plus faible que celle qu’on pourrait constater ou espérer sur des massifs plus riches.

Florent Dubosclard, directeur de l’agence territoriale du Jura à l’ONF

Au-delà de ce levier d’action, 5 à 10 hectares de bordures forestières seront transformés en pâture dès cette année. Cette action, qui fait consensus auprès des chasseurs et des défenseurs du cerf, consiste à créer des espaces de gagnage en forêt, sur les accotements des routes forestières fermées à la circulation. L’objectif : détourner le cerf de la forêt en le réorientant vers ces espaces ouverts dans lequel il trouvera une nourriture de prédilection (choix de graminées correspondant à son régime alimentaire).

Comment mesurer la surpopulation des cervidés ? Les forestiers répondent

500, 1 000, 2 000… Combien de cerfs vivent en forêt de Chaux ? Sur le massif, les forestiers, en concertation avec les acteurs du monde de la chasse, utilisent l’Indice Nocturne d’abondance (méthode reconnue et publiée par la communauté scientifique). Il s’agit de circuits voiture réalisés la nuit avec une ou deux sources lumineuses permettant de repérer les yeux des animaux et donc de dénombrer les contacts. Ces circuits sont répétés 4 fois, à la fin de la saison de chasse. Cela permet de déduire un nombre de contacts moyen au kilomètre parcouru avec une précision attachée. La corrélation de cet indice avec l’abondance de la population a été démontrée sur des territoires d’étude où les populations sont connues par ailleurs (en forêt domaniale de la Petite Pierre par exemple).

A propos de la gestion durable et du rôle des forestiers

Accompagner le renouvellement de la forêt, protéger la biodiversité, prévenir et gérer les risques naturels, accueillir le public et produire du bois, matériau renouvelable plébiscité pour ses atouts écologiques : telle est la mission des forestiers de l’ONF, située à la croisée des enjeux écologiques, environnementaux et sociétaux.

La récolte de bois résulte de l’application du document de gestion durable spécifique à cette forêt et validé par l’administration forestière. En forêt de Chaux, cette récolte annuelle de bois est comprise entre 30 et 35 000 m3, dont la moitié est utilisée pour du bois d’œuvre (menuiserie, charpente, tonnellerie…). 80% de ces bois sont écoulés sous forme de contrat d’approvisionnement en circuit court, au bénéfice d’industriels du territoire.