©IGN/ONF

Les forêts françaises sous monitoring

L’ONF recourt de plus en plus aux technologies de télédétection pour cartographier et surveiller les forêts. Devenues indispensables à la gestion durable des massifs, elles facilitent aussi le travail quotidien des équipes. Du projet à la concrétisation : autant de graines semées qu’il reste désormais à faire croître !

LiDAR, drone, satellite… Depuis quelques années, ces technologies ont intégré la boîte à outils du forestier. En permettant une observation des forêts à distance de plus en plus précise, elles sont devenues indispensables pour améliorer l’efficacité et la qualité du travail des équipes de terrain. « Chaque technologie a ses spécificités et ses avantages », explique Fabrice Coq, chargé de mission national aménagement et télédétection à l’ONF. « Nous croisons les données fournies en fonction de nos attentes et besoins ».

Forêt de Rambouillet capturée par la technologie du LiDAR - ©IGN / ONF

Le LiDAR, modéliser la forêt pour mieux la protéger

L’année 2022 aura été marquée par l’accélération d’un vaste chantier de modélisation des forêts publiques financé par le plan France Relance et mobilisant l’expertise de l’IGN. L’objectif : établir une cartographie « haute définition » et 3D de la forêt avec sa composition, sa structure, son évolution... Cet état des lieux, est permis par l’utilisation de la technologie LiDAR (Laser Imaging Detection and Ranging), un scanner embarqué dans un avion qui permet d’obtenir des données numériques en 3D, avec une description très précise du sol et de la végétation. Le LiDAR doit favoriser le développement d'une meilleure stratégie de gestion et d’adaptation en matière notamment d’aménagement forestier, de suivi des indicateurs de biodiversité, de mobilisation et de récolte de bois, de surveillance sanitaire et des risques naturels. Depuis fin 2022, 50 % des forêts métropolitaines ont fait l’objet d’un traitement de données LiDAR. L’ensemble des peuplements forestiers de métropole et Outre-mer (hors Guyane) sera couvert à horizon 2025.

S’il est essentiel en termes de finesse d’observation et d’analyse, le recours aux technologies ne remplace pas le travail de terrain.

Fabrice Coq, chargé de mission national aménagement et télédétection à l’ONF

Dès qu’elles auront été fournies par l’IGN puis traitées et modélisées par les experts de l’Office, ces données LiDAR seront ensuite enrichies par les forestiers, au travers du déploiement de placettes de calibration, afin de croiser les relevés humains et numériques avant de pouvoir envisager une extrapolation des informations à l’ensemble du massif forestier.

Drone et satellite aussi

Les satellites constituent un autre outil précieux pour les forestiers. « Ils fournissent des informations sur la qualité de la photosynthèse ou le taux d’humidité des feuilles, très utiles pour suivre les dépérissements », poursuit Fabrice Coq. Ils permettent aussi d’établir des cartes de combustibilité, de mesurer l’évolution des glaciers. Mixées au LiDAR, les images alimentent la cartographie de forêts très denses comme celle de Guyane.

Quant au drone, ses usages ont été formalisés en 2022 par l’ONF dans une stratégie dédiée. Aujourd’hui, 25 télépilotes ont été formés et chaque direction territoriale dispose désormais d’un référent. Il est notamment utilisé comme « oeil déporté » du forestier dans des endroits difficiles d’accès, en permettant d’observer les glissements de terrain, l’évolution du trait de côte ou les parcelles touchées par les dépérissements. « Auxiliaire » des travaux forestiers, il permet également de favoriser l’installation et l’optimisation des plantations.

Laurent Pioline, premier forestier télépilote de l'ONF, pendant le survol au drone d’une jeune plantation de chênes en forêt de Villecartier. - ©16 Prod / ONF

Des observatoires forestiers territoriaux

À l’échelle territoriale, le couple « données LiDAR/ placettes de calibration » a permis de constituer plusieurs observatoires forestiers associant scientifiques, forestiers et collectivités locales. Leur ambition : accroître les connaissances pour mieux optimiser la gestion durable des forêts et contribuer à l’adaptation des essences dans un contexte de bouleversement climatique. En Rhône-Alpes, trois observatoires existent déjà depuis 2020 (dans les départements de l’Ain, Savoie et Haute-Savoie). En 2022, deux nouveaux observatoires de ce type ont rejoint cette dynamique : l’un dans le bassin de la Loire et l’autre dans l’arc jurassien.

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