Culture F : un chêne de 28 mètres se transforme en œuvre d’art

Un houppier de chêne, tombé lors d'une tempête, a quitté la forêt domaniale de Seillon (Ain) pour la Biennale d’art contemporain de Lyon 2022. Pour son œuvre, l’artiste Nadia Kaabi-Linke a privilégié une matière première et une main-d’œuvre locale, en collaboration avec l’Office national des forêts (ONF).

La Biennale d’art contemporain de Lyon a ouvert ses portes mercredi 14 septembre 2022 aux anciennes usines Fagor, ainsi que dans d’autres lieux emblématiques de la ville. Plus de 200 artistes se partagent l’affiche de l'évènement qui a pour thématique cette année "manifesto of fragility" (manifeste de la fragilité).

Nadia Kaabi-Linke, artiste-plasticienne d’origine tunisienne et ukrainienne, attire l’attention avec son œuvre "Le chuchotement du chêne". En entrant dans la pièce, le volume de cette installation surprend et intimide. Un houppier de chêne domine l’espace, se fondant parfaitement dans les décors des usines Fagor. Parsemé de feuilles squelettes blanchies, cette œuvre offre un nouveau vent de fraicheur à l'arbre tombé à la suite d’une tempête.

Nadia Kaabi-Linke, artiste-plasticienne, a collaboré avec l’Office national des forêts afin de créer une œuvre pour la Biennale d’art contemporain de Lyon. L’artiste explique sa démarche de création. Découvrez en vidéo son œuvre 'Le chuchotement des chênes'.
©16 Prod / ONF

En images, l'inauguration de l'œuvre en avant-première...

"Ma volonté à travers cette œuvre était de marier l’âme de l’arbre à l’âme de l’humain", confie l’artiste. Cette installation très visuelle accorde également une place prépondérante aux sons. En effet, on peut y percevoir des vibrations émises par le corps humain comme la respiration, le flux sanguin ou encore les battements du cœur.

Pour cette réalisation, Nadia est allée à la rencontre d’habitants de l’Ouest Rhodanien afin de collaborer et de recueillir leur témoignage à propos d’un proche disparu. Ce ne sont pas leurs récits qui intéressent l’artiste mais bien le récit de leur corps.

Du bois et une main d’œuvre locale

Pour cette installation in situ, Nadia Kabi-Linke souhaitait une matière première en provenance de la région lyonnaise. C’est en forêt domaniale de Seillon, non loin de Bourg-en-Bresse, que le houppier de chêne a été sélectionné sur les conseils de l’ONF. David Pivot, technicien forestier territorial depuis 15 ans dans cette forêt publique, a accueilli cette demande avec joie, mais aussi surprise. "Ce n’est pas tous les jours que ce genre de partenariat nous est proposé", s’amuse-t-il.

Je me réjouis de cette collaboration avec la Biennale de Lyon. C’est pour moi une façon de faire rayonner notre travail en dehors de la forêt et de se rapprocher d’un public plus urbain.

David Pivot, forestier à l'ONF

L’organisation et la logistique ne furent cependant pas de tout repos. D’abord, il a fallu identifier un chêne correspondant aux attentes de l’artiste et en bon état, l’objectif étant de ne pas couper un arbre en bonne santé. Ce fut le cas avec le chêne sélectionné, âgé de près de 200 ans, renversé par un évènement climatique (tempête).

Une fois le houppier validé par l'artiste, toute une équipe de l’agence travaux Auvergne-Rhône-Alpes de l’ONF s’est mise à pied d’œuvre pour le préparer et le transporter jusqu’à Lyon, dans de bonnes conditions. Il sera visible lors de la biennale jusqu'au 31 décembre 2022 ! 

La forêt domaniale de Seillon, c'est :

  • Superficie : 613 hectares. 
  • Essences : chênes indigènes 70%, charme 15%, hêtre 10%, chêne rouge d’Amérique 3% et d'autres feuillus 2%.
  • Climat : semi continental humide.
  • Altitude : 260 m.

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