L’éco-pâturage, pratique ancestrale refait son apparition en forêt de Rambouillet
L’éco-pâturage, une vieille méthode au goût du jour
Après avoir fait leurs preuves sur le massif domanial de Fontainebleau, nos amis à laine posent désormais leurs sabots en forêt domaniale de Rambouillet !
L’éco-pâturage, c’est cette méthode douce et naturelle qui consiste à faire pâturer des animaux dans des milieux ouverts, pour les entretenir sans machines ni produits chimiques. Inspirée des anciens modes d’entretien naturel par les animaux, cette pratique ravit autant les moutons que les promeneurs, tout en participant activement à la préservation de la biodiversité.
Et si on faisait un petit saut dans le temps ?
Car avant d’arriver dans nos forêts domaniales, l’éco-pâturage a longtemps fait partie du quotidien des forêts. Dans les siècles passés, troupeaux et pâturages se partageaient l’espace avec les Hommes et les forêts. Les landes, pelouses et clairières étaient entretenues naturellement par les animaux au fil des saisons et de la transhumance.
Peu à peu abandonnée, cette pratique renaît aujourd’hui portée par les enjeux actuels de gestion, la politique de 0 produit phytosanitaire en forêt publique, de protection des espèces et de préservation de la biodiversité.
Pourquoi l’eco-paturage à toute sa place en forêt domaniale
Au-delà de l’image bucolique qu’elle renvoie, l’implantation de l’éco-pâturage en forêt domaniale de Rambouillet répond à des objectifs bien précis. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie de gestion écologique des milieux ouverts.
Certaines zones de la forêt, comme les landes, les pelouses ou les clairières, ont tendance à se refermer naturellement sous l’effet de la dynamique végétale. Cela peut entraîner la disparition progressive de ces milieux spécifiques, riches en biodiversité, mais aussi modifier les paysages et favoriser l’apparition d’espèces concurrentes ou envahissantes.
C’est dans ce contexte que l’éco-pâturage devient un outil précieux pour la gestion forestière. En remplaçant certaines interventions mécaniques par le passage régulier d’animaux, il permet d’entretenir les milieux de manière plus douce, plus continue et plus respectueuse du sol et des espèces.
L’éco-pâturage entre en scène à Rambouillet
À partir de l’été 2025, l’éco-pâturage va officiellement refaire son entrée en forêt domaniale de Rambouillet. Une première expérimentation est prévue entre juillet et août, sur les parcelles 11 et 12, situées à proximité de la piste cyclable longeant la route des Huttes du Bocquet. Ces secteurs ont été choisis pour leur richesse écologique, mais aussi pour leur tendance à se refermer, menaçant certains milieux ouverts d’intérêt.
Sur place, ce sont environ 250 brebis qui prendront leurs quartiers pour une quinzaine de jours, sur un périmètre tournant d’environ 10 hectares. Il ne s’agit pas de n’importe quel troupeau : les animaux appartiennent à un cheptel croisé Limousine-Suffolk, une sélection qui met en valeur leur rusticité et leurs qualités maternelles. En clair, des brebis capables de résister aux conditions forestières, tout en étant relativement autonomes.
Pour assurer leur bien-être, un enclos électrique temporaire sera installé, avec un bac d’eau alimenté en continu car à 250, les brebis consomment près de 200 litres d’eau par jour !
L’expérience est menée en collaboration avec un éleveur local.
Un geste pour la biodiversité locale
L’objectif principal ? Maintenir les milieux ouverts, essentiels à certaines espèces comme l’alouette lulu, petit oiseau forestier discret mais emblématique, ou l’engoulevent d'Europe qui nichent au sol. On y trouve également une flore remarquable comme des orchidées sauvages ou la Rossolis intermédiaire, Drosera intermedia, petite plante carnivore qu’on retrouve également dans cette forêt.
Ces milieux font d’ailleurs partie des enjeux identifiés dans le site Natura 2000 auquel appartient une partie de la forêt de Rambouillet. L’éco-pâturage y trouve donc toute sa place, en complément des méthodes traditionnelles.
L’alouette lulu, une discrète à protéger
Petite alouette au chant flûté, l’alouette lulu niche au sol, dans des milieux ouverts comme les landes ou les pelouses sèches.
Problème : ces espaces se referment peu à peu sous l’effet de la végétation, menaçant directement son habitat.
Grâce à l’éco-pâturage, ces milieux sont entretenus en douceur, sans machines lourdes ni bruit, permettant à cette espèce protégée et sensible de continuer à chanter sur le territoire.
Préserver l’alouette lulu, c’est aussi entretenir la richesse de nos forêts autrement.
Natura 2000, un réseau pour la nature
Le site Natura 2000 de la forêt de Rambouillet fait partie d’un réseau européen visant à protéger les espèces et les habitats naturels les plus fragiles.
L’objectif ? Concilier activités humaines et préservation de la biodiversité, sans figer le territoire.
À Rambouillet, cela passe notamment par le maintien des milieux ouverts, indispensables à des espèces sensibles comme l’alouette lulu.
L’éco-pâturage s’inscrit donc pleinement dans cette logique de gestion douce et durable.
Et ce retour des brebis en forêt n’est pas anodin
La forêt de Rambouillet fut autrefois une vaste lande, où le pâturage était monnaie courante. Un clin d’œil à l’histoire, qui représente aujourd’hui une solution d’avenir.