Réserve biologique dirigée des Tourbières de Lacaune

La réserve biologique dirigée des Tourbières de Lacaune protège un ensemble de "sagnes", complexes milieux humides (landes, prairies, tourbières) hérités d'une très ancienne activité pastorale.

Dès 1991, deux petites RBD avaient été créées, la réserve de la Jasse de Martinou et la réserve de Piquotalen. En 2022, deux autres sagnes ont été ajoutées, les Pansières et Gazardet, le tout étant dorénavant réuni en une seule RBD multi-sites et dite des Tourbières de Lacaune.

La réserve est concernée par les ZNIEFF de type 1 "Tourbière de Poutras ou sagne de Picotalen" et "Sagne de la Jasse de Martinou", incluses dans la ZNIEFF de type 2 "Forêts des Monts de Lacaune". La réserve est partiellement concernée (Gazardet) par la ZSC "Tourbières du Margnès". La forêt domaniale de Lacaune fait partie du PNR du Haut-Languedoc.

La forêt domaniale de Lacaune est issue principalement de l'achat d'anciens domaines agricoles par l'Etat dans les années 1920-30, complété par d'autres acquisitions jusque dans les années 90. Les terres agricoles en déprise ont été l'objet de plantations résineuses, qui restent majoritaires dans la forêt domaniale. La forêt comporte également des zones de hêtraie relictuelles.

Les plantations résineuses ont duré des années 1920 aux années 70. Les zones de sagnes les plus humides, épargnées par ces plantations, ont ensuite commencé à être préservées. Les premières RBD ont été créées en 1991.

Les Monts de Lacaune se trouvent au sud du Massif central. Les substrats de la forêt sont des roches magmatiques plutoniques (leucogranites, granodiorites) et des roches métamorphiques, toutes pauvres chimiquement. Le relief général est celui d’un plateau plus ou moins bosselé où les creux sont très souvent occupés par des sagnes plus ou moins bien conservées ou regagnées par la forêt.

Dans la réserve, la plupart des sols sont à engorgement temporaire ou permanent, voire tourbeux.

Les sagnes sont des complexes de milieux plus ou moins humides dans lesquels les véritables habitats de tourbière active sont extrêmement minoritaires voire absents. Les habitats dominants sont les landes humides à Molinie ou à Callune (31.13), les prairies humides acidiphiles à Jonc acutiflore, Molinie et Narthécie (37.31 - 6410), les aulnaies marécageuse à Saule cendré et Saule à oreillettes (44.92), les bas-marais acide subatlantique à Laîche noire et Laîche étoilée (54.42), les landes sèches (31.2 - 4030).

La réserve héberge des espèces caractéristiques des tourbières ou des prairies humides : Droséra à feuilles rondes (PN), Gentiane pneumonanthe, Narthécie, Scorsonère des près, Campanille à feuilles de Lierre.

La réserve accueille de nombreuses espèces d'odonates, d'orthoptères, d'aranéides et de lépidoptères, dont le Damier de la Succise (PN, DH2).

7 espèces de l'annexe 1 de la directive Oiseaux fréquentent la réserve : Engoulevent, Circaète Jean-le-Blanc, Busard Saint-Martin, Busard cendré, Milan noir, Milan royal, Bondrée apivore.

A signaler parmi les mammifères, le Campagnol amphibie.

Les Monts de Lacaune étaient autrefois peu boisés. L’abandon plus ou moins ancien des pratiques de pâturage, l'ample reboisement de presque tous les bassins versants et les travaux de drainage fréquemment associés, ont entrainé une modification des sagnes, une tendance à la banalisation de la flore (Molinie…) et à la fermeture par le boisement spontané.

Après des expérimentations remontant aux années 90 en partenariat avec le Conservatoire d'espaces naturels (pastoralisme, travaux ponctuels de décapages et de bouchage de fossés…), la gestion actuelle de la réserve repose sur trois grands types d'actions de restauration et d'entretien : restauration hydraulique (neutralisation de drains autrefois creusé dans les sagnes), limitation de la végétation ligneuse (coupe, broyage), entretien des milieux ouverts par pastoralisme dirigé en partenariat avec des agriculteurs locaux.

La forêt de Lacaune étant assez fréquentée, en toutes saisons, des sentiers de découverte ont été aménagés.